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Récit "poélitique" et intime sur le métier de prof
Dans ce récit en vers libres sur l’école, l’autrice s’implique comme professeure, fonctionnaire de l’État et femme de cinquante-quatre ans. Elle mêle sa voix à celles d’élèves, de collègues et de parents, cherchant à faire advenir une parole juste et collective dans des scènes-clés, parfois drôles, parfois dramatiques, qui rendent compte de leur quotidien au fil d’une année scolaire. Les métamorphoses à l’oeuvre dans les corps – corps enseignant, corps de l’enseignante, corps des élèves – constituent l’axe central de ce texte qui met aussi en lumière les failles du système : surcharge de travail, manque de soutien, et des conditions qui ne cessent de se dégrader. Transparaît pourtant l’engagement qui demeure au coeur du métier de professeur et l’extraordinaire pulsion de vie de la jeunesse, celle des élèves qui continuent malgré tout d’apprendre, de grandir et de rêver.
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Ecrit en vers libres, « Miskine la prof » est un récit, celui de la vie quotidienne d’une professeure (Sandrine Elichalt enseigne les lettres et le cinéma, à Paris) : les joies (il y en a), les souffrances (il y en a beaucoup), la lutte des classes (surtout si l’on vient soi-même d’un milieu social défavorisé), l’absurdité de l’administration, la surdité hiérarchique, la difficulté grandissante à communiquer avec certains élèves… Pour passer une partie de mon temps dans des établissements scolaires et avoir de nombreux amis profs, tout ce que je lis ici me semble d’une terrible justesse (et j’ajoute tout de suite que ce n’est pas parce que l’on sait certaines choses qu’il ne faut pas pour autant les écrire). « Miskine la prof » est un récit sur ce que l’enseignement devrait être et sur ce que l’enseignement n’est pas vraiment (faute de moyens, de concertation, d’intelligence, d’empathie, de vision, d’anticipation et de volonté politique). Mais – et c’est là ce qui m’a le plus touché dans ce récit – c’est aussi le récit d’une femme de 54 ans confronté à la jeunesse des corps, d’une fatigue confronté à l’énergie brouillonne mais sans limite d’adolescents. Les réflexions sur la possibilité de faire du lien et sur le vieillissement qui parsèment ce témoignage lui confèrent une profondeur et une change personnelle qui l’ouvre et font de ce « Miskine la prof » bien plus qu’un énième témoignage sur la difficulté d’enseigner.