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Témoignages interculturels
Le livre J’habite ici… 2 fait suite à un premier volume paru en 2007, il rassemble plus de soixante-dix témoignages recueillis auprès de femmes immigrantes d’une quarantaine de nationalités d’origine, sur des sujets aussi divers que l’aménagement domestique, l’occupation du temps, les rapports avec la société et les administrations, et les rapports avec la langue française. C’est un véritable creuset sur le sujet de la double culture en mouvement, riche en réflexions, trouvailles, questionnements et révélations, le tout non dénué d’humour malgré des passages à haute tension dramatique.
Thématiques :
Qu’est-ce qui a changé dans votre manière d’habiter depuis que vous êtes en France et qu’est-ce qui est resté pareil ?
Zahra B. : Pour moi ça n’a pas changé, j’ai gardé la même façon dans ma maison, au Maroc comme ici. Au Maroc j’avais deux
pièces pour dormir, pour tous les gens qui veulent dormir, une chambre pour les enfants, une chambre pour moi, un grand salon et une cuisine, douche et toilettes. Et un balcon assez grand. Ici j’ai un salon, deux chambres, cuisine, douche, toilettes. J’ai une chambre pour moi et une chambre pour recevoir mes enfants quand ils viennent dormir chez moi Je cuisine tout pareil, la même sauce, la même salade, que je sois au Maroc ou en France.
Mina A. : On trouve tous les ustensiles à Saint-Michel.
LIRE PLUSSaïda A. : Même les grands ustensiles pour les mariages, on les trouve maintenant. Par contre au Maroc les maisons ne sont pas comme ici avec des petits couloirs. Parce que là-bas avant on n’était pas dans des appartements, on était dans des maisons. De grandes maisons avec de très grandes cuisines. Maintenant il commence à y avoir des appartements comme ici.
Anne C. : Autre chose qui est différent, c’est que là-bas c’est tout en carrelage et on fait le ménage au jet d’eau. Ici c’est plancher et moquette.
Saïda A. : Quand on entre dans les maisons au Maroc, il y a une cour au milieu, qui peut être couverte ou à ciel ouvert, qu’on appelle le mrah. Si c’est couvert ça devient un salon. Il y a des banquettes, les gens s’installent dedans et accueillent les invités. Si c’est à ciel ouvert on y met des meubles l’été, des choses pour dormir, pour s’allonger par terre. Tout autour il y a des chambres et la plus grande chambre on en fait un salon, bien décoré, c’est le salon des invités.
Ces maisons étaient sans salle de bain au départ, mais les toilettes y sont grandes donc on peut aménager une douche. Il y a toujours un hammam juste à côté, parfois il y en a deux ou trois dans le quartier. On y va une fois par semaine pour se détendre, se retrouver entre femmes, discuter, connaître les nouvelles, arranger les mariages. Quand l’eau arrive tout le monde se précipite et après il n’y en a plus pour les autres. Et quand il n’y a plus d’eau, c’est la guerre au hammam. On se bat à coups de seau.
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