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Comédie post-effondrement
Parution le 12 février 2026
En 2078, après l’Effondrement, une petite société basée sur l’entraide et la débrouille tente de se mettre en place dans les ruines d’un bourg du sud de la France. L’abondance d’acronymes et d’expressions trompeuses de la folie néolibéraliste du monde d’avant est jugée responsable du désastre. Pour ne pas reproduire les erreurs du passé, la communauté tente d’instaurer une langue de la simplicité qui interdit les sigles et remet en question les expressions imagées. Jusqu’au choix des prénoms, dorénavant piochés dans le registre des stars hollywoodiennes.
Antoine Rougemont, fringant survivant âgé de 125 ans, est interrogé pour une étude sur les dérives de l’ancien temps par Tracy, 27 ans, lors d’entretiens dont les résumés ponctuent la narration.
Non dénué de drôlerie, cette fiction d’anticipation constitue un plaidoyer pour les droits sociaux, et dépeint un futur possible tout en explorant les thèmes éternels du vieillissement, de l’amour et de la trahison.
Cary s’était à son tour enrôlée dans le Projet de recherche. Elle venait de commencer des entretiens avec une femme de cent-trente-deux ans qui avait été directrice des ressources humaines de grandes entreprises au tournant du XXIe siècle. Cary avait noté que cette dame parlait essentiellement de licenciements. Elle n’arrêtait pas de répéter « PSE », « PSE », « PSE ». Dès lors, Cary essayait de comprendre pourquoi un intitulé comme « PSE », soit « Plan de sauvegarde de l’emploi », indiquait des suppressions d’emplois. Elle en était au tout début, était assez perdue, et se permit de noter en Remarques de méthode de son deuxième entretien : « Ces énergumènes semblaient faire le contraire de leurs préceptes ou avoir des formules à l’exact opposé de leurs procédures ; on peut émettre l’hypothèse qu’il s’agissait d’une peuplade assez sournoise. » En outre, Cary trouvait que la chevelure de cette ancienne cadre, teinte en vert gazon de golf, ne lui allait pas du tout.
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