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Praxis

par Bruce Andrews

Poésie politique

Écrit dans les années 70, ce texte, traduit pour la première fois en français, étonne par sa singulière actualité. Le caractère bruyant et informel de cette écriture produit un certain «ton social», une «musique sémantique», à travers une construction à la fois drastique et émancipée. La dissonance élargit la gamme des interprétations dynamiques — au lieu d’information, ceci est déformation — attisant le chaos dans une articulation plus dense et plus libre.

Parution :
Extrait :

«obéissance / de quoi / et suivant l’indice / régime instinctif / anarchie / à fourrager pour / à être près de toi / tous apparentés à une fin commune / de droit / à notre obéissance / dans nos corps / d’un épitaphe gravé dans la cire / d’un épitaphe de papier / de surface admissible / un hasard étant injouable / contestateur / étant le meilleur de ces points litigieux / ironique, menant au / loin de ça / je suis descendu / durant les jours ouvrables / (c.-à-d. sans oublier les jours de repos à venir) / se précède de prière / pour gardes / aimant et filial / miroir / hante comme les corneilles roses / nécessite information préparatoire / comme contexte / un jeu de mots irrésistible»

À propos de l’auteur

Bruce Andrews, est né en 1948, à Chicago. Il enseigne la science politique à Fordham University, New York. Il a co-dirigé la revue L=A=N=G=U=A=G=E et publié une quarantaine de livres, dont Corona (Burning Deck), Sonnets (Memento Mori) (This Press), Give ‘Em Enough Rope (Sun & Moon), I Don’t Have Any Paper So Shut Up (Or, Social Romanticism) (Sun & Moon) et Lip Service (Coach House Press). Ses poèmes ont paru en français dans les anthologies 49 + 1 nouveaux poètes américains (Éditions Royaumont, 1991) et « Trad. MR », 25 poètes américains traduits par Martin Richet (Double Change n°4, 2005). Les fac-similés de ses ouvrages sont publiés sur la plateforme web Éclipse.
Voir aussi Electronic poetry center
Et un passage télé : Outrage of the Week, Fox News, 9 novembre 2006
 
Bibliographie, en français
Praxis, traduit de l'américain par Martin Richet éditions de l'Attente, 2009.


J’habite ici… 2

par Association Promofemmes, Françoise Valéry

Couverture d’ouvrage : J’habite ici… 2
Fiche technique :Prix : 14,00 € EUR
ISBN : 978-2-914688-88-8
Taille : 20,00 x 23,50 cm
Pages : 140

Témoignages interculturels

Le livre J’habite ici… 2 fait suite à un premier volume paru en 2007, il rassemble plus de soixante-dix témoignages recueillis auprès de femmes immigrantes d’une quarantaine de nationalités d’origine, sur des sujets aussi divers que l’aménagement domestique, l’occupation du temps, les rapports avec la société et les administrations, et les rapports avec la langue française. C’est un véritable creuset sur le sujet de la double culture en mouvement, riche en réflexions, trouvailles, questionnements et révélations, le tout non dénué d’humour malgré des passages à haute tension dramatique.

Parution :
Thématiques :
Extrait :

Qu’est-ce qui a changé dans votre manière d’habiter depuis que vous êtes en France et qu’est-ce qui est resté pareil ?

Zahra B. : Pour moi ça n’a pas changé, j’ai gardé la même façon dans ma maison, au Maroc comme ici. Au Maroc j’avais deux
pièces pour dormir, pour tous les gens qui veulent dormir, une chambre pour les enfants, une chambre pour moi, un grand salon et une cuisine, douche et toilettes. Et un balcon assez grand. Ici j’ai un salon, deux chambres, cuisine, douche, toilettes. J’ai une chambre pour moi et une chambre pour recevoir mes enfants quand ils viennent dormir chez moi Je cuisine tout pareil, la même sauce, la même salade, que je sois au Maroc ou en France.

Mina A. : On trouve tous les ustensiles à Saint-Michel.

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Saïda A. : Même les grands ustensiles pour les mariages, on les trouve maintenant. Par contre au Maroc les maisons ne sont pas comme ici avec des petits couloirs. Parce que là-bas avant on n’était pas dans des appartements, on était dans des maisons. De grandes maisons avec de très grandes cuisines. Maintenant il commence à y avoir des appartements comme ici.

Anne C. : Autre chose qui est différent, c’est que là-bas c’est tout en carrelage et on fait le ménage au jet d’eau. Ici c’est plancher et moquette.

Saïda A. : Quand on entre dans les maisons au Maroc, il y a une cour au milieu, qui peut être couverte ou à ciel ouvert, qu’on appelle le mrah. Si c’est couvert ça devient un salon. Il y a des banquettes, les gens s’installent dedans et accueillent les invités. Si c’est à ciel ouvert on y met des meubles l’été, des choses pour dormir, pour s’allonger par terre. Tout autour il y a des chambres et la plus grande chambre on en fait un salon, bien décoré, c’est le salon des invités.

Ces maisons étaient sans salle de bain au départ, mais les toilettes y sont grandes donc on peut aménager une douche. Il y a toujours un hammam juste à côté, parfois il y en a deux ou trois dans le quartier. On y va une fois par semaine pour se détendre, se retrouver entre femmes, discuter, connaître les nouvelles, arranger les mariages. Quand l’eau arrive tout le monde se précipite et après il n’y en a plus pour les autres. Et quand il n’y a plus d’eau, c’est la guerre au hammam. On se bat à coups de seau.

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À propos des auteurs

Association Promofemmes

Créée à Bordeaux en 1994, l’association Promofemmes a pour vocation l’insertion sociale des femmes immigrantes et, à travers elles, celle de leur famille. Les différentes problématiques de la vie quotidienne sont abordées dans un programme d’ateliers et de permanences : français et alphabétisation, accès aux droits et traitement des problèmes administratifs, prévention santé, insertion socioprofessionnelle, mobilité dans la ville, parentalité… L’association propose également des activités liées à la convivialité : cuisine, couture, après-midi "thé et jeux de société", sorties culturelles.
La culture étant un élément déterminant de l’insertion, les livres et CD élaborés à partir de collectes auprès des adhérentes expriment la diversité de leurs origines ainsi qu’une valorisation de leur double culture. Artiste et éditrice, Françoise Valéry recueille ainsi auprès d’adhérentes de plus de 65 nationalités des témoignages de leur mémoire, de leurs savoir-faire et de leur inventivité (récits, recettes, chants…) pour en faire des objets de transmission interculturelle et intergénérationnelle sous forme de livres et de supports audiovisuels.

Bibliographie

De bouche à oreille, témoignages interculturels sur la transmission, illustré, avec un CD d'histoires et de chansons en VO (traductions dans le livre), 2013 • À quoi on joue ?! - jeux d'ailleurs et d'ici, d'hier et d'aujourd'hui, avec un CD d'histoires et de comptines en VO (traductions dans le livre), 2011 • J’habite ici ~ la famille, volume 3, mémoire et témoignages, illustré, 2010 • J’habite ici, volume 2, mémoire et témoignages, illustré, 2009 • J’habite ici, volume 1 , mémoire et témoignages, illustré, 2007 • Almanach interculturel, calendrier perpétuel illustré, 2005 • Elles racontent, recettes du monde pour la santé et la beauté, illustré, 2004 • Elles cuisinent, recettes de cuisine du monde, illustré, 2003 • Elles racontent…, volume 3, contes et histoires du monde, illustré, 2002 • Elles racontent…, volume 2, contes et histoires du monde, illustré, 2001 • Elles racontent…, volume 1, contes et histoires du monde, illustré, 2000 • Prises multiples, mémoire et témoignages, illustré, 1998 • Elles disent, mémoire et témoignages, 1997


Françoise Valéry

Née en 1970, Françoise Valéry co-dirige avec Franck Pruja les Éditions de l’Attente depuis 1992. Diplômée de l'école des Beaux-Arts de Bordeaux en 1994, elle fait des mises en page et des relectures, des traductions et relectures de traductions (de l'anglais), écrit, anime des ateliers d'écriture…

Bibliographie

Vaisselier en coupe, Lnk #11 (Alain Cressan), 2010 • Portrait d’une jeune fille, Lnk #11 (Alain Cressan), 2010 • Trépigna la princesse, revue en ligne Ce qui secret, 2010 • "Clara 2009 - portrait d’une jeune fille", revue en ligne Ce qui secret, 2010 • Huit mains dans le panier, (avec Franck Pruja, Isabelle Jelen et Monsieur Gadou), cipM/Spectres Familiers, 2005 • Poêlon hallucinogène, coll. Livre-Poster, l’Attente, 2004 • Formula, coll. Vade-Mecum, l’Attente,  2004 (H.C.) • Victimes du genre, l’Attente, 2002 • 10 000 $ à la Chand'leur, coll. Week-end, éditions de l’Attente,  2000 • Fuzzy travel, (sous le pseudonyme de Claire Quenond), coll. Week-end, l’Attente, 1998 • Les victimes n'ont apparemment aucune relation entre elles, version spéciale dédiée à Jacques Siclier, éditions de l'Attente, 1994 • Les victimes n'ont apparemment aucune relation entre elles, éditions de l'Attente, 1993 • Les baisers de 13h30 à 18h45, flip-book photographique, livre d'artiste, 1993 • Traductions, une discussion à six voix (livre-partition), l’Attente, 1992

Elle a traduit des textes de Etel Adnan (Déplacer le silence, de Shifting the Silence ; Là-bas, de There, avec Marie Borel), de Lisa Asagi (Zuihitsu Labyrinthite, publié par Alain Cressan, Lnk #15 bis), de Damon Krukowski (Lisez-moi, extraits choisis du livre The Memory Theater Burned), de Kristin Prevallet (Je, au-delà – avec Sandra Moussempès), de Sarah Riggs (28 télégrammes ; 60 textos43 Post-it – avec Marie Borel), de Rosmarie Waldrop (La revanche de la pelouse, de The Lawn of Excluded Middle – avec Marie Borel), et de Rosmarie et Keith Waldrop (Un cas sans clef, de Flat with no Key – avec Marie Borel).

Bibliographie avec Promofemmes

Depuis 1996, Françoise Valéry intervient dans l’association Promofemmes à Bordeaux, qui accompagne l’insertion sociale de femmes immigrantes. Elle y recueille auprès d’adhérentes de plus de 65 nationalités des témoignages de leur mémoire, de leurs savoir-faire et de leur inventivité (récits, recettes, chants…) pour en faire des objets de transmission interculturelle et intergénérationnelle sous forme de livres et de supports audiovisuels. • À quoi rêvez-vous, avec l'artiste plasticienne Anne-Laure Boyer, portfolio, poèmes sur le modèle formel du tanka japonais & peintures à la tempera, à paraître début 2022 • De bouche à oreille, témoignages interculturels sur la transmission, illustré, avec un CD d'histoires et de chansons en VO (traductions dans le livre), 2013 • À quoi on joue ?! - jeux d'ailleurs et d'ici, d'hier et d'aujourd'hui, avec un CD d'histoires et de comptines en VO (traductions dans le livre), 2011 • J’habite ici ~ la famille, volume 3, mémoire et témoignages, illustré, 2010 • J’habite ici, volume 2, mémoire et témoignages, illustré, 2009 • J’habite ici, volume 1, mémoire et témoignages, illustré, 2007 • Almanach interculturel, calendrier perpétuel illustré, 2005 • Elles racontent, recettes du monde pour la santé et la beauté, illustré, 2004 • Elles cuisinent, recettes de cuisine du monde, illustré, 2003 • Elles racontent…, volume 3, contes et histoires du monde, illustré, 2002 • Elles racontent…, volume 2, contes et histoires du monde, illustré, 2001 • Elles racontent…, volume 1, contes et histoires du monde, illustré, 2000 • Prises multiples, mémoire et témoignages, illustré, 1998 • Elles disent, mémoire et témoignages, 1997


Passages du Nord-Ouest & Cauda

par André Paillaugue

Couverture d’ouvrage : Passages du Nord-Ouest & Cauda
Fiche technique :Prix : 5,00 € EUR
ISBN : 978-2-914688-82-6
Taille : 10,50 x 15,00 cm
Pages : 52

Sémiologie poétique

Plutôt que de proposer un carnet de voyage dans les parages du grand Nord canadien, l’auteur cherche des passages dans les détroits de l’Interlangue. Cet itinéraire poétique a à voir avec un lacis d’arabesques. Lequel ferait dialoguer Michel Serres, Umberto Eco, Woody Allen et Shakespeare sur un canapé cybernétique. Un tel dialogue donne lieu, fatalement, à bien des découvertes potentielles quant aux connexions entre la vieille langue latine et les anglicismes contemporains, ainsi qu’entre divers alphabets. Chemin faisant, et c’est une bonne nouvelle, Passages du Nord-Ouest & Cauda fait souffler les vents d’une voie inédite dans le paysage poétique.

Parution :
Extrait :

Le rejet du point de vue normatif
la part fonctionnelle du langage
prose vide
programmes d’improvisation
quand ne pas écrire équivaut
à ne pas vivre

mais que peut-on attendre des
improvisations programmées ?
des épiphanies féériques ?
quelles autres joyeuses métamorphoses
si rien ne peut avoir lieu
sans l’élégance fluide
sans la légèreté scintillante
des phrasés interconnectés
pour la palabre pétillante
et pour le pur plaisir des actes de parole ?
et que dire
qu’écrire
pour insuffler la paix et le rire
à qui a peur de parler
et à qui a peur du silence ?

À propos de l’auteur

Né en 1953, André Paillaugue a fait des études de Lettres à Bordeaux et Paris, puis a enseigné l'édition.Il travaille dans l’édition et la presse, a été critique littéraire et critique d’art pour le mensuel Spirit, devenu ensuite JunkPage,  de 2006 à 2013, et publie aux Cahiers de Critique de Poésie du Centre international de Poésie de Marseille depuis 1999.. Il a aussi publié dans La Lettre d’Atlantiques, mensuel du centre régional des Lettres d’Aquitaine, les revues Le Festin et Le Bord de l’Eau, les Cahiers Art & Science (éd. Confluences / université de Bordeaux 1).
Il est le co-fondateur de l’association et de la revue littéraire Le Pressoir, qui a publié de la littérature contemporaine de 1994 à 1996. Il a participé au site de création culturelle "Périclès", de 1993 à 1998, avec la rubrique Parlez-vous l’Œrmed ? Il a traduit de l’américain un texte poétique de Rosmarie Waldrop, Fenêtre d’accélération, dans le n°160-161 de la revue Action poétique, en octobre 2000.

Bibliographie

Passages du Nord-ouest & Cauda, coll. "Spoom", L'Attente, 2009 • Thierry Michelet, peintre – Deux moments, coll. "Vade-Mecum", L’Attente, 2008 (H.C.) • IJ 19/12/2000 à X, coll. "Vade-Mecum", L’Attente, 2003 (H.C.) • Lecture du 23 mars, coll. "Vade-Mecum", L’Attente,  2002 (H.C.) • Icare & les gratte-ciel, coll. "Week-end", L’Attente, 2000 • Cut-up Fitzgerald n° 1, amour et mal de mer, coll. "Week-end", L’Attente, 1999 • Le Jardin des tirages au sort suivi de La Machexfapapa, L’Attente, 1993 TraductionsFenêtre d’accélération, traduction de l'américain, 3ème partie du livre Lawn of excluded Middle de Rosmarie Waldrop (Duration Press, 1993), revue Action poétique n°160-161, octobre 2000


43 Post-it

par Sarah Riggs

Couverture d’ouvrage : 43 Post-it
Fiche technique :Prix : 6,50 € EUR
ISBN : 978-2-914688-87-1
Taille : 13,50 x 12,60 cm
Pages : 54

Fenêtres entrouvertes

Un Post-it  peut être «post-scriptum» lors d’un envoi postal, aide-mémoire, mot doux ou pas à son ami(e), indication précise sur le bureau de sa secrétaire. Les 43 Post-it de Sarah Riggs nous emmènent loin d’une matérialité liée au quotidien et sont malgré tout ancrés dans nos préoccupations philosophiques et politiques. Chaque page de ce livre fait réfléchir. Méditation, questionnement parfois violent de notre présence au monde et de son appréhension. 43 Post-it offre une lecture intime grâce à une traduction millimétrée.

Parution :
Traducteurs :
Thématiques :
Extrait :

3 -----------------------

Si nous sommes moins doués
dans d’autres langues ouvrons
ces cadeaux malgré tout

 

7 ----------------------

Elles furent tout à fait magiques
ces quelques heures de conversation.
Je voudrais faire la paix avec les murs
d’Europe pour apprendre comment
l’entrée de mon continent est
criblée de balles

Critiques :Bruno Fern dans 43 Post-it a écrit:

Sarah Riggs, traductrice américaine vivant en France, publie aussi bien en anglais qu’en français. Aux éditions de l’Attente, 43 Post-it est son troisième livre de «formes brèves», c’est-à-dire de textes qui nécessitent, en peu de mots, d’éviter tout autant la surcharge que l’inconsistance où peut parfois conduire un certain minimalisme – bref, de parvenir à condenser suffisamment la langue.

Pour cela, l’auteur varie les intensités en cherchant non pas tant à restituer un événement supposément originel qu’à le susciter par le poème lui-même où, dans une simplicité apparente, se mêlent souvent sensation et abstraction (…)
(remue.net, 7 avril 2009)


À propos de l’auteur

Sarah Riggs est une poète, cinéaste et artiste née à New York, où elle vit actuellement, après avoir passé plus de dix ans à Paris. Son livre Pomme & Granite a remporté aux États-Unis le prix de poésie 1913. Elle a traduit plusieurs livres de poésie contemporaine en anglais, dont, tout récemment, TIME, d’Etel Adnan, qui a reçu, en 2020, le prix international Griffin pour la poésie et celui de la meilleure traduction. Elle est liée au Maroc et à la langue arabe par le biais de son compagnon, le poète Omar Berrada, avec qui elle a fondé, en 2004, Tamaas (tamaas.org), une organisation artistique internationale impliquée dans l’environnement, l’art, la justice et le cinéma, qui organise un séminaire annuel de traduction poétique.

Bibliographie

Murmurations (traduit par Marie Borel et Jérémy Victor Robert), Apic éditions, 2021 • Pomme & Granite, 1913 Press, 2015 • Autobiography of envelopes, Burning Deck, 2012 • Chaîne de décisions minuscules dans La forme d'une sensation (traduit par Stéphane Bouquet, Virginie Lalucq, Jérôme Mauche, Eric Suchère, Bénédicte Vilgrain), Le bleu du ciel, 2010 • 43 post-it (traduit par Françoise Valéry et Marie Borel), L’Attente, 2009 • Chain of Miniscule Decisions in the Form of a Feeling, Reality Street, 2007 • Waterwork, Chax Press, 2007 • 60 textos (traduit par Françoise Valéry), L’Attente, 2007 • 28 télégrammes (traduit par Françoise Valéry), L'Attente, 2006


Lignes de dérivation

par Rémi Froger

Couverture d’ouvrage : Lignes de dérivation
Fiche technique :Prix : 10,50 € EUR
ISBN : 978-2-914688-86-4
Taille : 19,50 x 14,20 cm
Pages : 106

Poésie

lignes de dérivations sont des histoires à plusieurs fils dont l’intrication nous amène à une pensée plurielle, une sensibilité (au sens photographique du terme), une révélation de mouvements autour d’images, d’objets, de faits et de gestes... Rémi Froger joue de mécanismes (éparpillés sur son bureau) littéraires, tente des branchements, risque des pannes.. Imaginons que nous pourrions être sur le filmage économique d’un suspense, flottant et gazeux en quelque sorte. Le chef opérateur tourne des pages et nous l’entendons soudain prononcer des énoncés qui viennent d’ailleurs. Voici venu le temps de la téléportation littérale.

Parution :
Extrait :

16 –––––––––––––––––––
crois-moi – nous avons perdu beaucoup de temps à recycler ces pièces – nous posons des phrases génériques – passer devient un mot déserté – nous démontons des vieilles machines – certaines se cassent sans bruit – j’ai repris un piston – j’ai refait une bielle – le plancher est en bois – certaines paroles sont pleines d’huile – pleines de graisse – donne-moi les bonnes cotes – je nettoie à l’essence – le plancher reste noir – catalogue – le catalogue du temps à recycler – beaucoup de mots tombent en roulant

Critiques :Sébastien Smirou dans Blog a écrit:

Les Editions de l'Attente viennent de publier un très beau livre de Rémi Froger : lignes de dérivations. Très beau formellement, avec sa couverture rouge, à l'italienne, et ses 49 poèmes - tous situés en pages impaires (les autres restant blanches - je devrais dire crème). Mais aussi très beau sur le plan de l'écriture elle-même, bien sûr. Les vers sont longs, comme j'aime de mon côté : les phrases ont le temps et l'espace nécessaires pour s'y contorsionner, s'y reprendre, s'y déplier, s'y dérober aussi parfois (rarement).

Et puis il y a ce qu'on pourrait bien appeler une voix ou une marque Froger, qui passe beaucoup par le vocabulaire employé, chargé de matériaux, de mécanismes, de transports. Avec l'emploi systématique (systémique), cette fois-ci, de tirets. Il n'y a pas d'autres signes de ponctuation ("pour que [la] langue glisse") : ces tirets ne se substituent d'ailleurs à aucun autre signe. Il ne marquent ni la fin des phrases, ni la respiration elle-même. Ils impriment un rythme au poème, qui vient souvent en superposition mais souvent aussi en décalage avec celui de la syntaxe. C'est une scansion très particulière, pas brutale du tout (sur des vers courts, les tirets bloquent fort). Parce qu'il y a aussi chez Rémi Froger le souci permanent d'être attentif à la morphologie de la phrase, de la manipuler sans la casser, comme s'ils se guidaient l'un l'autre.

Je relève à ce sujet le poème 21 :

21 ----------------

quelque chose arrive toujours - oui naturellement - et ensuite

en soulignant les mots - ensuite nous n'avons plus qu'à obéir -

voix un peu basse n'est-ce pas qu'il faut le faire - ce que je dis là vit

de l'obscurité - d'une petite photographie sépia à côté des cartes -

dormir et y penser quitter soigneusement les lieux - il se dit pourtant

qu'est-ce qui lui prend à celui-là - des scabieuses l'allée et vers

des fleurs de l'été en taches rouges répétées indéfiniment sur les lieux

La fin du livre est magnifique, avec un poème (le 49ème) dont les vers s'engendrent presque d'eux-mêmes. Je vous laisse le soin d'y aller voir.
En quatrième de couverture, Rémi Froger précise :
"j'ai fait cet écart sans bien m'y prendre sans bien compter mes pas
et tout est tombé juste" (...).
Je suis bien d'accord quant au résultat. Pour le reste, je crois que ses pas comptaient pour lui. Du reste, ils comptent pour moi.


À propos de l’auteur

Né en 1956, Rémi Froger est un écrivain et poète français. Il a coordonné le numéro de la revue Fusées consacré à Bernard Noël, ainsi que celui consacré à Gherasim Luca.

Bibliographie

- Planches, P.O.L, 2016 - Regarde ça, P.O.L, 2011 - Lignes de dérivation, L'Attente, 2009 - Des prises de vues, P.O.L, 2008 - Transferts, Triages / Tarabuste, 2008 - Routes, repérages, publie.net, 2008 - Chutes, essais, trafics, P.O.L, 2003 - Échelles, Tarabuste, 2000 - Peintures et revêtements, Carte blanche, 1999 - Début de paysage, Nemo, 1988 - L'Intérieur des terres, Nemo, 1985 - Des fétus, des noms, Les Cahiers du Confluent, 1983 - Les Bruit qui meurent, Le Dé bleu, 1980