Isle de Jean Charles, Louisiane
par
Immersion
Avec le soutien du Centre National du Livre
Sélection Prix des découvreurs 2017
Isle de Jean Charles est une langue de terre située aux confins de la Louisiane. Elle est la première victime d’une érosion côtière qui ronge la région depuis des siècles, décuplée par les effets des tempêtes qui balaient régulièrement le golfe du Mexique. Avec elle, une communauté d’Indiens issus de trois tribus – Biloxi, Chitamacha et Choctaw – coule doucement. Pêcheurs de père en fils, les Indiens d’Isle de Jean Charles ont comme autre particularité de parler partiellement le français des Cajuns, descendants de Français chassés d’Acadie par les Anglais en 1755 et réfugiés en Louisiane. On y va. On y passe, un jour.
Thématiques :
Péripéties.
Une terre sans attaches, que tu arpentes, furibond et confus, dans les dérives de la brûlure interne. Est-ce que tu restes un étranger pour toujours ?
Il y a un rectangle de ciel et, fébriles, de menus accords entre vous. Tu ne désavoues jamais les traces qui te conduisent à Jean Charles.
« You know where you are ? » te demande la vendeuse du Nez coupé, une boutique d’artisanat local sur la route de Cocodrie – bijoux, instruments de musique, tenues de peau, pierres rares…
Des fois, tu ne comprends plus.
On est celui qui navigue et qui marche, celui qui grimpe des échafaudages, celui qui est une personne à elle seule. On est Tzvetan Todorov qui écrit La conquête de l’Amérique. On est à l’écoute des proverbes indiens quand ils disent : « On n’est pas un miroir, on est la vérité de toujours. »
C’est quoi une île ?
La question stagne, elle ne se pose déjà plus.
Laisser dire et faire. C’est une vocation.
REGROUPER
Yann Perreau dans Les InRockuptibles a écrit:« Un livre indissociablement éthique, poétique et politique »
Christien Désagullier dans Sitaudis a écrit:« Un grand livre sur la disparition d’une communauté »
Jean-Max Méjean dans L'Obs a écrit:« Poésie circonstancielle de temps (présent) et de lieu (ici) »
Alain Nicolas dans L'Humanité a écrit:« Ce livre vous marquera à jamais »
Librairie Charybde dans Charybde 27 a écrit:S’en tenir aux faits, explorer et fracturer le langage...
Heike Fiedler dans CCP#31-4 a écrit:Témoignage presque silencieux, poignant et poétique, de confins de Louisiane où la nature et l’appât du gain s’unirent pour détruire une communauté.
Georges Guillain dans Les découvreurs a écrit:Katrina retrace le vécu d’une communauté d’Amérindiens sur l’Isle de Jean Charles aux confins de Louisiane, terre menacée par l’effet d’érosion côtière.
Frédérique Cosnier-Lafage dans Résonance générale a écrit:Me retiennent pourtant et fortement dans ce livre, non seulement le tableau déprimant de notre monde de plus en plus abandonné aux puissances technologiques, matérielles et financières qui le défigurent et en réduisent toujours davantage la belle et giboyeuse diversité humaine et naturelle.
Jean-Philippe Cazier dans DIACRITIK a écrit:Le mouvement du texte est fait de cette tension entre arriver et repartir, de ce frôlement comme une rencontre toujours à rejouer, comme la terre apparaît et disparaît parmi les flots, comme les indiens eux-mêmes, après chaque cyclone, quittent les lieux et reviennent ensuite pour reconstruire, inlassablement.
Christine Marcandier dans DIACRITIK a écrit:Katrina est un livre nomade, où le nomadisme est central. Un livre des circulations – entre l’enquête, la poésie, le récit. Ce qui importe est le déplacement, la mobilité, selon une logique de la transversalité, de l’agencement. Les langages se juxtaposent, se mélangent : langage objectif d’une description encyclopédique ou d’un dictionnaire, langage subjectif des impressions et états internes ; langage littéraire, langage parlé ; langue anglaise, langue française ; etc. Comme l’eau, qui, dans le livre, circule partout, omniprésente. Comme circule celui qui, dans le livre, ne cesse de se déplacer pour rencontrer les habitants du bayou, accueillir leurs paroles, traverser les paysages au volant d’une voiture de location…
Le récit de Frank Smith est une cartographie littéraire et une forme de roman documentaire. La langue de terre qu’est l’Isle de Jean Charles est aussi ce lieu où réel et imaginaire se rejoignent, un espace poétique de déploiement des images comme des cultures — descendants d’Indiens, de Français, sur « cette terre d’ici, plein des années », « on ne doit la vie qu’au hasard et qu’à l’exil ».