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Une enfance

par Dominique Fabre

Territoire de l'enfance
Avec le soutien du Centre national du livre

Une enfance passée en famille d’accueil, évoquée en filigrane dans les récits, nouvelles et romans de Dominique Fabre, est ici abordée de front, sans personnage prétexte, en "je" direct. Pas de mélo, pas de pathos pesant malgré la dureté du drame, l’abandon, les morts. L’humour désabusé et l’émerveillement candide qui caractérisent l’écriture romanesque de l'auteur se retrouvent dans sa poésie. Ainsi que ses thèmes de prédilection : la banlieue, la mélancolie attachante de la routine, les micro-évènements qui font chavirer le cœur… Avec son air de rien, "Une enfance" nous montre combien le monde adulte nous entrave, et combien le territoire de l’enfance reste libre en nous.
Lecture-teaser par l'auteur

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Extrait :

Quand la tristesse monte / en moi / l’enfance réapparaît / enfance d’enfant placé / pièces sur les pantalons aux coudes / tout ce qui s’use trop vite / le bonnet qui serre aux oreilles / ma sœur aînée qui rit souvent / et je ne sais jamais pourquoi / les visiteurs du soir / ne sont pas les bienvenus / ils apportent les nouvelles / pénibles les papiers timbrés / les décès / certains vous aiguisent vos couteaux / ou avertissent du cirque / un petit cirque de ritals / crève-la-faim qu’on appelle chiffonniers / j’en ai déjà vu sur la route de Genève / autour d’un feu bleui / à la base ou au sommet / assis sur une cagette du genre / à mettre des vieux jouets / ou transporter le bois / tout ce temps passe et je m’oublie / le temps de me coucher / le temps de partir au travail / tandis qu’elle monte encore en moi / si ça se trouve / en toi aussi / peut-être / dis-moi comment tu fais / quand ça t’arrive hé dis / l’ami ?

Critiques :Zephirine dans Babélio a écrit:

La prose de Dominique Fabre se fait vers libres pour nous parler de cette enfance brinquebalée, solitaire et rêveuse, celle d'un enfant placé.
L'auteur nous livre des petits bouts de vie, son trait se fait léger pour raconter la dureté de l'abandon, l'incompréhension des adultes et la banlieue désabusée. Ce pourrait être profondément triste, c'est juste mélancolique avec un humour doux-amer.

Frédéric Lacoste dans Courrier de Gironde a écrit:

30/04/21 - Un entretien avec Dominique Fabre. (extraits)

C.G.: Comment s'est nouée votre collaboration avec les éditions de l'Attente et son directeur Franck Pruja?
D.F.: J'ai rencontré Franck dans un salon de la poésie. Ce que j’aime dans son catalogue, c’est qu'on y découvre un grand nombre de formes diverses, originales. Dans le contexte actuel de l'édition, mettre en valeur la poésie contemporaine est très méritant. C’est la deuxième fois que nous collaborons, puisque l’Attente avait déjà publié un de mes textes, "Les enveloppes transparentes".

C.G.: Vous êtes souvent présenté comme "l'écrivain de la banlieue", d'Asnières plutôt que Versailles. Comment jugez-vous l'évolution de la situation en banlieue au cours des dernières décennies?
D.F.: J'ai toujours vécu dans 'la petite ceinture’, comme on dit. Dans la Seine Saint-Denis, où j'habite, j'ai vu la boboïsation d'un côté et la ghettoïsation de l'autre. Auparavant, je vivais avec cette idée un peu folle qu'il pouvait exister une forme d'harmonie populaire. Aujourd'hui, je ne peut que faire le constat d'une scission, avec des mondes qui se côtoient mais qui ne se parlent pas.

C.G.: Pour quelles raisons dites-vous que votre livre, "Une enfance", sous-tend l'ensemble de votre œuvre?
D.F.: Je ne suis toujours pas débarrassé de l’enfance... Le fait d'avoir eu une enfance particulière, entre famille d'accueil et internat, m'avait quelque peu formaté. Dans ce recueil, j'ai voulu poser mon regard sur ce qui reste d'une enfance quand on a soixante ans. Bref, c'est un bilan. L’enfance est pour moi un réservoir d'innocence et d'émerveillement, dans lequel je ne peux m'empêcher de puiser quand le moral n'est plus vraiment là. D'où cette phrase : "Quand la tristesse monte en moi, l’enfance réapparaît." Et puis, l'enfant ne vit pas dans la même temporalité que l'adulte, engoncé dans d'innombrables codes ; il éprouve constamment le goût du jeu et connaît des moments de réelle plénitude dans ce temps qui est hors du temps.

Désirdelire dans Evelynes Sagnes a écrit:

Dans une forme qui s’apparente au vers libre, l’auteur évoque son enfance dans une tonalité douce-amère.


À propos de l’auteur

Dominique Fabre enseigne l’anglais dans un collège parisien. Il est l’auteur de quinze romans et recueils de nouvelles. Son roman «Fantômes» a été distingué par le Prix Marcel Pagnol (Le Serpent à plumes, 2001), et son recueil de nouvelles «Pour une femme de son âge» (Fayard, 2004) par la Bourse Thyde Monnier de la Société des Gens De Lettres. La critique a unanimement salué «J’aimerais revoir Callaghan» (Fayard, 2010) et «Il faudrait s’arracher le cœur» (L’Olivier, 2012).

Bibliographie

Une enfance, L'Attente, 2021 • Aujourd'hui, Fayard, 2021 • Les enveloppes transparentes, L'Attente, 2018 • Le grand détour, avec des photos de Charles Delcourt, Light Motiv, 2017 • Les soirées chez Mathilde, L’Olivier, 2017 • En passant (vite fait) par la montagne, Guérin, 2015 • La mallette, Cénomane, coll. « Mots-manbules », 2014 • Je t’emmènerai danser chez Lavorel, Fayard, 2014 • Photos volées, L’Olivier, 2014 • Des nuages et des tours, L’Olivier, 2013 • Il faudrait s’arracher le cœur, L’Olivier, 2012 • J’aimerais revoir Callaghan, Fayard, 2010 • Avant les monstres, Cadex, 2009 • Les prochaines vacances, Le Chemin de fer, 2008 • J’attends l’extinction des feux, Fayard, 2008 • Les types comme moi, Fayard, 2007 • Le perron, Cadex, 2006 • La serveuse était nouvelle, Fayard, 2005 • Pour une femme de son âge, Fayard, 2003 • Mon quartier, Fayard, 2002 • Fantômes, Le Serpent à plumes, 2001 • Celui qui n’est pas là, Le Serpent à plumes, 1999 • Ma vie d’Edgar, Le Serpent à plumes, 1998 • Moi aussi un jour j’irai loin, Maurice Nadeau 1995, Points 2012