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Trilogie initiatique
Avec le soutien du Centre National du Livre
En trois récits poétiques et cinglants qui font figure de contes contemporains, l’auteur déchire les clichés d’une certaine éducation bourgeoise, catholique et policée, révélant les déplorables rabaissements qu’ils infligent à la féminité. La première partie relate l’émancipation d’une enfance féminine corsetée au climat brouillé des années d’avant 1968. Le rapport à la transition enfance-puberté-monde adulte, se retrouve aussi dans la deuxième partie, filtré par des références au conte, au rituel danger-peur de l’inconnu-ogre, et dans la troisième, fugue de la fillette revisitée, des schémas figés du conte au désir d’émanciper le récit de ses contraintes archaïques enfantines. L’ensemble est une traversée critique et lucide sur le devenir de l’individu (féminin en l’occurrence, mais la portée est plus large), éclairée par la légende (conte, discours évangélique chrétien…).
Les cheveux tirés en barrette empêchent le bien-être des adolescentes qui vieillissent sans sortir de l’enfance. Rien n’entame l’expansion d’une chevelure, du désir de bal, d’une virée à l’horizon. Si l’horizon approche, la vision retombe, avec une cigarette, il explose. Une Suze, un arrêt sur l’autoroute, encore une cigarette, un autre verre.
La jeune fille ne souhaite pas redescendre après être montée. Ayant peu de loisirs, elle conserve ses rêves de juke-box à une époque où les prothèses techno n’existent pas.
La catégorie masculine est d’abord une entité inconnue, longue, musclée, qu’il faut du temps pour comprendre quand on est jeune comme une jeune fille qui ment sur son âge. Si le masculin et le féminin s’éloignent, le samedi n’arrive pas, le bal n’a pas lieu. On ira consulter les astres, devant un Dieu indifférent.
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Emmanuèle Jawad dans Libr-critique a écrit:Dans la littérature, le conte « écrit » s'identifie par un récit court qui s’inscrit délibérément dans le fictif. Cette forme littéraire ne vise pas à émerveiller le lecteur, mais à l'édifier, l'effrayer, etc. Partant de là et fidèle à son écriture - dont elle dit qu’elle est « hybride, [située] entre poésie et prose où l’unité est la phrase [qui génère] une possibilité narrative et où les énoncés ressemblent à des formules [qui doivent] produire des effets de rupture » -, Véronique Pittolo nous propose trois récits poétiques qui déshabillent les contes créant ainsi une parabole de notre monde contemporain. (…)
Anne Malaprade dans Poezibao a écrit:Une jeune fille dans tout le royaume recyclant remarquablement dans un texte acerbe les stéréotypes et les figures du féminin, Véronique Pittolo ancre nos représentations dans une mémoire collective. (…)
Elisabeth Jacquet dans Poezibao a écrit:On trouve désormais dans les bibliothèques un rayon « contes détournés » qui atteste de l’existence d’un genre déjà traditionnel, la réécriture de contes : Une jeune fille dans tout le royaume pourra y figurer en bonne et due place ! (…)
Une jeune fille dans tout le royaume (ponctué des croquis loufoques de Demetra Nikolopoulou) est un drôle de livre et un livre qui laisse tout drôle, donc une réussite. Un portrait cubiste de la jeune fille traversant les époques dans le désordre, du conte de fées détourné aux années facebook en passant par la métamorphose Schreck, monstre pubertaire ni fille ni garçon mais seulement Ogre, pur doute, pur Appétit, et évidemment seul : il m'arrive de zapper sur Babar à la tête d'une famille très unie... (…)