par
Poème "policier"
Un lieutenant de police rencontre un certain nombre de suspects potentiels et de témoins autour de mystérieuses scènes de crime, et tous sont pris dans le tourbillon de l’être et de la mise à nu dans le droit-fil de la pensée du philosophe Emmanuel Levinas. Entre interrogatoire et réflexion politico-philosophique, un rythme syncopé entraîne le lecteur dans une expérience de l’altérité qui atteint jusqu’au langage, questionnant les notions de droit et de raison. Le livre se termine sur un entretien avec John Sakkis, poète et ami de l’auteur, dans lequel ce dernier expose ses motivations et la manière dont il a travaillé pour écrire ce livre.
Titre original : Vigilance, Beyond Baroque Books, sous la direction de Fred Dewey, Los Angeles, États-Unis d’Amérique, 2005.
Ouvrage traduit avec le soutien du Centre national du livre
Une histoire : Une rumeur : A travers le fait de la traduction (PDF à télécharger)
Communication de BH sur la genèse de "Vigilance", prononcée en V.O. lors de la conférence "Review of Two Worlds : French and American Poetry in Translation", (4–6 avril 2003, Doheny Memorial Library, University of Southern California).
"Qu’est-ce qu’un texte original en traduction ? Au vu de l’histoire que je m’apprête à raconter, je ne peux qu’interroger : qu’est-ce qu’un texte original s’il n’est pas traduit ? En d’autres termes, pour moi, comment pourrait-il exister autrement que dans l’autre langue – au premier chef ?" (Extrait)
Traducteurs :
Thématiques :
Lecture d'un extrait par Frank Smith
Lecture du poème original Levinas and the police par l'auteur (en anglais, enregistrement à l'Unitarian Church, San Francisco, 20/09/2001)
(p. 136)
il y
« avait un troisième homme » il a dit. « Il n’a pas donné de preuves.
Je n’ai pas vu son visage. Il n’a pas levé les yeux. Il était plutôt ordinaire. Ça aurait pu être n’importe qui » il a dit
Carol
« c’était comme une soirée trop arrosée quand on voit trop les choses en amont de leur représentation » il a dit
« c’était trop comme voir la peau d’une tête d’enfant né sans le poids suffisant pour survivre Étant né » / sans doute, Monsieur,
« adossé contre ça »
(Abdellatif l’a dit)
« La vie ignore ou se soucie très peu de ceux qui ont été absents.
Elle recrée les hommes et la matière sans cesse.
Vous devrez réapprendre à marcher »
Lieutenant / un / pas / puis / un / autre
Étant / (sans probation parmi d’autres)
« comme l’otage de quelqu’un qui est ab / sent » Lieutenant
REGROUPERPenser que pour Benjamin Hollander le langage ne peut dire un réel qui serait par ailleurs et par lui-même formé, soudé, clair, reviendrait à simplement reprendre un cliché déjà dit mille fois (ainsi que son fond théologique). Dans l’écriture d’Hollander, il s’agit sans doute d’un point de vue plus radical : c’est le réel qui n’est plus pensé comme un ordre donné et structuré, comme un cosmos que le langage ne pourrait rejoindre ; au contraire, si l’écriture d’Hollander s’effrite et balbutie, devient rumeur, c’est parce que le monde n’est plus un cosmos, que le réel s’est désagrégé, que l’évidence des faits est troublée par un brouillard qui recouvre le monde et nous-mêmes. L’écriture de Benjamin Hollander est le langage de ce monde, face à ce monde qui est le nôtre, celui qui définirait notre époque autant que nos subjectivités sidérées.