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- Contes liquides
- Expériences à l'étang
- Individu premier
- La revanche de la pelouse
- Expansion sans profondeur
- Conversation avec les plis
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- Une limonade pour Kafka
- Le parfum du jour est fraise
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- Va te faire foutre – aloha – je t'aime
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- Déplacer le silence
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Puzzle en chantier
Conversation avec les plis détaille une histoire de l’étendue quotidienne et questionne nos accoutumances. Marie Rousset manipule un jeu de puzzle tissé en miroir du langage. Elle pointe l’inattendu. Doutes et évidences défilent à la vitesse obligée du présent.
Puzzle en chantier
Première figure
extraite d’un puzzle au nombre de pièces inconnu.
Excavations. Déblaiements.
J’allège le cahier des charges. Je repère puis je vise les failles qui me conduiront aux caves où sont enfermés des regards dans un affouillement souterrain. Prunelles aplaties vers le bas. Paupières comprimées sous les menus quelconques d’un ordinaire non familier.
C’est par une pluralité d’approches de l’espace immédiat que je viens interroger les flottements rétiniens au fond desquels s’emmêlent le CAC 40, la population Rom et le prix des fruits.
Au milieu de cette inquiétante profusion, le regard, impatient, traverse lentement des intervalles patients.
(1)
L’œil, contraint à déshabiter ses certitudes, vient tout naturellement habiter ses ignorances. Il assemble fièrement ses arrière-pensées. Il butine l’audace de quelques têtes bien relevées. Enfin, il n’ignore pas que la vue est une affiche écrite en brut et en élémentaire.
Aux pieds, de bonnes chaussures de sécurité
et une embarrassante réserve à visiter.
Deux faims ressemblantes se sont réunies pour réclamer un grand débarbouillage. Ces deux appétits de gloutonne s’avèrent inextinguibles malgré l’accumulation des ingestions constatées. Il me serait si doux de combler cette voracité ou tout au moins de l’apaiser. Le fait qu’elles cohabitent dans l’unique asile d’une même enveloppe leur fait réaliser une économie substantielle d’énergie et, actuellement, ceci est loin d’être négligeable.
REGROUPERElsa Gribinski dans Junkpage a écrit:Écrire comme on s’attaque à un puzzle d’au moins soixante-douze pièces dont on ne saura jamais combien de formes exactement ciselées il peut contenir, quel paysage intérieur il entend révéler, quelle intrigue il dénoue par la représentation. Un puzzle in(dé)fini, qui dessine l’autoportrait lui-même fracturé d’une femme éprise, d’une femme aux prises avec les plis extérieurs et intimes : pliures, pliages, plissements, pliures, replis, dépliants. Chaque mini bloc de prose, ou de vers (ils sont plus rares), est numéroté et fonctionne comme la pièce d’un jeu perplexe qui a commencé bien avant ce livre-ci et qui ne s’achèvera qu’avec la fin de la parole, pli suprême d’un son courbé par le sens. Marie Rousset conçoit l’écriture comme un exercice ludique qui emprunte au chantier, à l’exploration, au forage. Attention, travaux ! (…)
Centre du livre et de l'écrit en Poitou-Charentes dans http://livre-poitoucharentes.org/marie-rousset a écrit:Le livre veut explorer l’immédiat et ses points d’image, la continuité des accoutumances et des accommodements dans l’accumulation hermétique du quotidien, espionner le « vaste présent » enfoui dans les replis des placards qui font bibliothèques, où chaque livre fut acheté pour répondre à une question. À l’opposé de Marie Borel, mais l’obsession est peut-être la même, Marie Rousset pratique donc l’« arrêt mobile ».
À Ostende aujourd’hui, j’avais ma mère dans le dos et la mer en face. Toutes deux me regardaient défaire les plis à côté des vagues communes. Elles ne m’ont pas dit ce qui fait que la vie vaut d’être vécue. Elles ont rajouté qu’elles ne le savaient pas.