par
- Contes liquides
- Expériences à l'étang
- Individu premier
- La revanche de la pelouse
- Expansion sans profondeur
- Conversation avec les plis
- Loin
- Là-bas
- Une limonade pour Kafka
- Le parfum du jour est fraise
- Mer et brouillard
- Au centuple
- Nuit
- Va te faire foutre – aloha – je t'aime
- Surgir
- En voie d'abstraction
- Déplacer le silence
- Nous abstraire
Récit voyageur
Avec le soutien du Centre National du Livre
Les quatre points cardinaux sont l’ailleurs indispensable du mouvement perpétuel et des rencontres. Ce récit interroge la littérature de voyage, et la citation comme appropriation du monde (animal, végétal, minéral mais aussi céleste et maritime). Les pronoms personnels du singulier sont les personnages d’une narration épistolaire où le langage envoie des cartes postales aux pélicans de la syntaxe. Difficile parfois de savoir qui est qui. Les éléments ont (parfois) tendance à se déchaîner et les images déplacent les frontières. Se perdre n’est-il pas ce qui arrive en voyage ?
Écouter l'entretien de Marie Borel avec Frank Smith, suivi de la lecture d'un extrait de "Loin"sur France Culture (à partir de 36'20")
le monde tourne tout seul
la géographie est un espace de pays translucides
à déplier en soi
le réel et l’imaginaire son double
tout autant concerné distrait indifférent et négligeable
cherche partout l’absence une aile d’oiseau dans le vent
les pistachiers bleuissent les paumes à kingstown
aux grenadines près de l’arbre à pain de blight
au terme d’une navigation insensée
il achève ici sa mission
en un seul bord au près port ste-catherine port-louis
caps écorchés au-dessus des forêts sous-marines
des rochers en forme de château ou de nuage
des châteaux semblables à des animaux fantastiques
entre les figuiers douze gardiens posent la question
des ondulations du littoral
Elsa Gribinski dans JUNKPAGE septembre 2013 a écrit:Loin de l’abécédaire, L.O.I.N., analphabet. Loin d’Aleph, la douzième lettre, même si toujours la première revient. Arme parlante, trou dans le savon d’olive et de laurier, la bombe lettrée est de retour. Bâbord d’abord avec deux ailes qui portent les armures à gauche. Plus de mousse, plus d’écume, L couvre la surface des fonds. Latitudes et longitudes font les points d’arme. Les lignes défensives n’y comprennent rien. Les lignes imaginaires en perdent leur latin. Un prompteur inscrit sweden sans capitale.
Loin est un livre sur le temps et l’espace, la durée et la distance. On y part, avec l’auteur, « d’où il n’y a plus rien que loin où se rendre », on y traverse une carte qui « n’est jamais à jour ». Surgit une pluralité, des mondes parallèles, l’animal et le végétal, les cieux et les eaux, le rêve, le présent, le passé, des réminiscences d’ici et d’ailleurs. Pour s’en tenir à quelques-unes (celles de Marie Borel, ou celles que le texte suscite), rester en France et les écrire, comme l’auteur, sans capitales : paris, ses rues, son spleen, colchiques et alcools un peu de biais, la « désolation muette des dimanches », anna karina sur une île avant la fuite, de là, peut-être rimbaud, éternité, voyelles et bateau ivre. Mais Rimbaud, parti, a cessé d’écrire. Pour Marie Borel, le voyage et l’écriture (la lecture, la traduction) vont ensemble : « une forme d’exil », dit-elle, par quoi chercher « le contraire d’ici et maintenant », et quelques réponses. Le texte s’étire à l’horizontale (par conséquent vers l’horizon), tout en minuscules : des césures pour seule ponctuation, et la cadence d’une syntaxe qui s’aventure hors des habitudes de la langue maternelle.