Cinématographie de Bernard Stiegler
par
- Contes liquides
- Expériences à l'étang
- Individu premier
- La revanche de la pelouse
- Expansion sans profondeur
- Conversation avec les plis
- Loin
- Là-bas
- Une limonade pour Kafka
- Le parfum du jour est fraise
- Mer et brouillard
- Au centuple
- Nuit
- Va te faire foutre – aloha – je t'aime
- Surgir
- En voie d'abstraction
- Déplacer le silence
- Nous abstraire
Expérience philosophique
Premier livre publié en France sur l’œuvre philosophique et la vie de Bernard Stiegler, cet essai donne un accès direct à la pensée stieglerienne. L'auteur montre aussi les sources qui l’animent : Deleuze, Derrida, Paulhan, Valéry ou Beckett. Prenant appui sur les livres majeurs de Stiegler, Alain Jugnon éclaire son propos par des entrées multiples : poésie, théâtre, cinéma…
L’homme est cinéma. C’est le moyen que l’homme invente quotidiennement pour être en forme. Aucune autre scène ne l’intéresse : corps et âme sur l’écran mobile de sa vie intérieure et de son vivre social, c’est tout lui. Cinéma car en première instance espace vivant et temps présent. Il se tient aux deux, ensemble, quoiqu’en dise Pascal (nous nous perdons hommes par la séparation que nous sommes, défaits des lieux que nous habitons, dépris des temps que nous travaillons), il s’arrime à eux, comme le dit Montaigne (nous nous tenons humains les uns les autres par la langue que nous vivons, selon lignes, plans, cadres et séquences).
LIRE PLUSBernard Stiegler est conscient de tout ce cinéma. C’est sa position dans la philosophie : disjonctive par conjonctivité. Marquante et démarquée. Socratique en un mot. Tout ce qui sera dit ici ne devra pas être retenu contre lui, la cité athénienne a fermé ses portes, règnent ici le manque de sérieux en politique, la fin de toute justice sur terre et la grande débandade religieuse : Stiegler, seul, prend la balle philosophique au bond de cette dégringolade, pour dire qu’il est question pour l’homme moderne de se savoir en phase d’ascension, en cours de construction, comme toujours et nécessairement. Les hommes poursuivent et poussent devant eux leur humanité, et il ne peut être question de ne pas poursuivre ou de ne pas pousser. Socrate ici fait l’affaire : seul, homme, en prison, pour mourir vite, mais homme jusqu’au bout de l’âme. Ce n’est pas l’âme de Socrate qui est immortelle, c’est lui, en Socrate et en homme. Socrate pour Bernard Stiegler est l’homme, en totalité.
REGROUPERPour lui comme pour Stiegler, de Socrate à Nietzsche et au-delà, nous sommes redevables de notre humanité à des individus premiers, philosophes et autres personnages, qui tous nous appellent à l’individuation voulue et pensée de chacun, et dont la mémoire nous est présente grâce à des « rétentions tertiaires », soit la mémoire de l’humanité archivée au moyen de la technique, en constante interaction avec notre mémoire personnelle, immédiate et à long terme. Par ailleurs, notre temporalité est désormais cinématographique (…)