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Dépouilles

par Éric Pessan

Couverture d’ouvrage : Dépouilles
Fiche technique :Prix: 16,00 €
ISBN : 978-2-36242-017-7
Taille : 15,50 x 21,00 cm
Pages : 148

Comédie polyphonique funèbre
Avec le soutien du Centre National du Livre

Voici un texte polyphonique, narratif, centré sur une situation particulière : l’instant de la présentation du mort dans les funérariums, souvent l’occasion de retrouvailles, d’évitements, d’expression des regrets comme d’étouffement des rancœurs. Né de cette situation extrêmement précise et codifiée, théâtralisée, Dépouilles est un chant non dénué d'humour, un enchevêtrement de paroles qui construit une recherche poétique : ces paroles, ces mots, ces phrases, foisonnantes, contradictoires, souvent toutes faites, forment le corps du texte.

Lecture d'un extrait par l'auteur

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7 - Solo

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pour ceux qui se refusent à lire une prière, la poésie offre une intéressante voie médiane. Spirituelle sans être prosélyte ou dogmatique, la poésie permet de lutter efficacement contre le silence. Les organismes de pompes funèbres l’ont compris qui distribuent gracieusement de petites anthologies où l’athée pourra puiser quelques paroles de réconfort. Le choix est laissé entre une bonne douzaine de poètes où l’on reconnaîtra les noms de Victor Hugo, Claude Roy ou Paul Eluard. Certains entrepreneurs vont plus loin et proposent de véritables poèmes inédits à compléter soi-même. Des blancs dans les vers permettent de personnaliser chaque lecture. Ces poèmes-là usent d’images apaisées, la douleur rime avec la douceur, la grandeur s’ouvre du plus profond de nos cœurs. L’ange voltige comme une mésange. Il est également question de temps qui passe et d’années qui s’effacent. Tutoyé à chaque vers, le défunt demeurera à jamais à nos côtés.
Il convient de s’entraîner au moins une fois à la lecture de ces poèmes afin de ne pas buter sur un mot lors de l’ultime cérémonie. Une fois les espaces laissés en blancs complétés, il convient également de s’assurer que l’on a accordé les adjectifs au sexe du défunt. C’est très facile mais cela nécessite un minimum d’attention.
Pour toi (insérer ici le prénom du défunt) qui fut notre attentif(tive) compagnon(gne) ; etc…
Ces plaquettes sont sévèrement copyrightées et réservées au strict usage des obsèques. Leurs auteurs anonymes ne se sont pas gênés pour chaparder quelques bonnes idées à des ouvrages antérieurs. Ainsi, le vers libre débutant par « Je me souviens » demeure un classique du genre.
Je me souviens de tes cheveux (insérer ici la couleur des cheveux du défunt), de tes yeux (insérer ici la couleur des yeux du défunt) et de ton sourire radieux.
Lu d’une voix ferme ou tremblante, le poème, que personne n’écoutera réellement, contribuera par son étrangeté lexicale à renforcer la sensation de communion et de recueillement. Il est de bon ton d’élargir, dans les derniers vers, le propos strictement personnel de la récitation pour délivrer un message plus universel.
Ainsi, la vie qui fut soufflée comme une chandelle peut augurer d’une terre devenue fraternelle

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Critiques :Benoît Loreau dans La cause littéraire a écrit:

Le silence des morts

"Éric Pessan est auteur de romans, de pièces de théâtre, de fictions radiophoniques et de poésie. Aussi il n’est pas surprenant de percevoir ce nouveau roman au croisement des genres, des univers. Dépouilles est une œuvre polyphonique, bruyante, dans laquelle l’auteur se joue de la multiplicité des situations et des interlocuteurs. Ce carnet de notes funèbres, empreint de poésie, met en scène l’altérité, la confrontation de chacun à la dépouille, à ce corps-mort encombrant, chéri ou redouté. (…)"

Catherine Pomparat dans remue.net a écrit:

"Tout doit disparaître. Pourtant rien à solder. Ce corps ne sera plus consommé.

Lucienne s’est toujours reprochée de ne pas l’avoir embrassé une dernière fois.[17 - Chœur, p. 91]

Le cadavre, le macchabée, les restes, la dépouille, le défunt, le trépassé, le décédé, l’expiré, le succombé, l’enveloppe [9 - Chœur, p. 56], feu son père et sa mère et elle qui ne se sent pas très bien –, en un mot le mort « retomba mort, un vide se fit en elle, un long frisson la parcourut, qui l’éleva comme un ange. » (…)"

Stéphanie Joly dans Paris-ci la culture a écrit:

"Dépouilles s'ouvre sur un chapitre judicieusement nommé "décor". Ce décor, c'est celui de la chambre d'exposition des morts au funérarium. Eric Pessan a écrit un récit a plusieurs voix, tantôt distribuées en solo, en choeur, en trio. Ainsi défilent CEUX qui restent devant CE qui reste de leur parent. Soupirs contenus, indifférence, bras ballants et impatiences se relaient devant ces morts dont on se souvient parfois à peine et qu'on n'a pas réclamés.

Egoïstes, radins, parfois émus et souvent odieux, les personnages se succèdent auprès de la dépouille du défunt, sans plus de considération pour sa mémoire ou sa vie. On le ressent un peu comme cet encombrant qu'on voudrait déposer sur le trottoir un dimanche soir, avant le passage du camion. (…)"
(Extrait de l'article paru en février 2012)

Eric Dussert a écrit:

" Fruit d'une dramatique diffusée sur France-Culture, Dépouilles est le récitatif polyphonique d'un deuil avant l'inhumation. Tous y passent, depuis les pleureuses jusqu'aux fantômes, sans oublier les ayants droit dans l'attente de l'héritage et le bon ami avide de toucher sa commission sur la vente de la maison familiale, "parce que la maison ça va vite devenir un souci, non ?".
Dépouilles était l'un ders candidats au Prix de l'Humour noir 2012.
LE MATRICULE DES ANGES N° 132


À propos de l’auteur

Photo © Mélio Pessan

Né en 1970, Éric Pessan est écrivain et dramaturge, il écrit des romans, de la poésie, des récits, des textes pour la jeunesse, du théâtre, des fictions radiophoniques. Passionné d’espace, il collabore depuis 15 ans avec l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire culturel du Centre National d’Etudes Spatiales. Il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages où il explore ce qui le questionne, l’effraie, le scandalise ou – au contraire – lui donne la force d’avancer.
Il est membre du comité de rédaction de la web revue remue.net et de la revue Espace(s) éditée par l'observatoire de l'Espace (centre national d'Études Spatiales).
Prix NRP (Nouvelle Revue Pédagogique) de littérature jeunesse pour son roman Aussi loin que possible en 2015.
Grand Prix SGDL (Société des gens de lettres) du roman Jeunesse pour Dans la forêt de Hokkaido en 2018.

Bibliographie

Untoten, L'Attente, 2023 • Le long des fissures (avec Patricia Cartereau), l’Atelier contemporain, 2023 • Samedi (avec Christian de Massy), Patayo, 2022 • Qui verrait la Terre de loin, Fayard, 2022 • Rien dans mon enfance, L’Œil ébloui, 2022 • Le Poème de Fernando, Thierry Magnier, 2022 • Dino et la fin d'un monde, L’École des loisirs, 2021 • Teenage Riot (avec Olivier de Solminihac), L'École des loisirs, 2021 • La Gueule-du-Loup, L'École des loisirs, 2021 • Tenir debout dans la nuit, L’École des loisirs, 2020 • … ou bien, je me trompe ?, N'a qu'1 Œil, 2020 • Biji (livre aléatoire numérique), La Marelle, 2020 • Photos de famille, L’Œil ébloui, 2020 • L’homme qui voulait rentrer chez lui, L’École des loisirs, 2019 • La connaissance et l'extase, L'Attente 2018 • Quichotte, autoportrait chevaleresque, Fayard, 2018 • De si beaux uniformes, Espaces 34, 2018 • Un chagrin d’amour avec le monde entier (avec Virginie Sauvageon), Le Chemin de fer, 2017 • Dans la forêt de Hokkaido, l’École des loisirs, 2017 (Grand Prix SGDL Jeunesse) • Pebbleboy, l’École des loisirs, 2017 • La plus grande peur de ma vie, l’École des loisirs, 2017 • La Nuit du second tour, Albin Michel, 2017 • Lettre ouverte au banquier séquestré dans ma cave depuis plusieurs semaines, Éditions Le Réalgar, 2016 • Sang des glaciers, La Passe du vent, 2016 • Parfois, je dessine dans mon carnet, L'Attente, 2015 • En voie de disparition (essai), Al Dante, 2015 • La hante (avec Patricia Cartereau), L’atelier contemporain, 2015 • Aussi loin que possible (roman jeunesse), l’École des loisirs, 2015 • Cache-cache (théâtre), l’Ecole des loisirs, 2015 • Le démon avance toujours en ligne droite, Albin Michel, 2015 • Demande de remboursement des livres pour cause de non-conformité avec ce que l'on peut attendre de la littérature (hors commerce), L'Attente, 2014 • La fille aux loups (avec Frédéric Khodja), Le Chemin de fer, 2014 • Le syndrome Shéhérazade, L'Attente, 2014 • Et les lumières dansaient dans le ciel (roman jeunesse), L’École des Loisirs, 2014 • Muette, Albin Michel, 2013 • Ôter les masques, essai sur Shining de Stephen King, Cécile Defaut, 2012 • N (avec Mikaël Lafontan), Les Inaperçus, 2012 • Plus haut que les oiseaux (roman jeunesse), L’École des Loisirs, 2012 • Quelque chose de merveilleux et d'effrayant, roman jeunesse, avec Quentin Bertoux, Thierry Magnier, 2012 • Monde profond, L'atelier In-8, 2012 • Dépouilles, roman-théâtre, L'Attente, 2011 • La grande décharge, théâtre, L’Amandier, 2011 • Sexie conférencière, Derrière la salle de bains, 2011 • Croiser les méduses, L'atelier In-8, 2011 • Incident de personne, roman, Albin Michel, 2010 • Moi, je suis quand même passé, poésie, Cousu Main, 2010 • Tout doit disparaître, théâtre, Théâtre Ouvert, 2010 • La nuit de la comète, nouvelles, Cénomane, 2009 • Cela n’arrivera jamais, roman, coll. "Fiction & Cie",Seuil,  2007 • Une très très vilaine chose, roman, Robert Laffont, 2006 • Les géocroiseurs, roman, La Différence, 2004 • Chambre avec Gisant, roman, La Différence, 2002 • L’effacement du monde, roman, La Différence, 2001 réédition en poche (collection Minos-2004) /// Fictions radiophoniques La grande décharge (2011, France Culture) • La plus heureuse entre toutes les mères (2009, France Culture) - La grande enseigne (2008, France Culture) • Dépouilles (extraits) (2006, France Culture) • Demain matin, la lune (2005, France Culture) • Seuls mes yeux (2005, France Culture) • Le syndrome de Münchhausen (2004, France Culture) • La Signature (2003, France Culture)


A quoi on joue ?!

par Association Promofemmes, Françoise Valéry

Couverture d’ouvrage : A quoi on joue ?!
Fiche technique :Prix: 11,00 €
ISBN : 978-2-36242-018-4
Taille : 14,50 x 20,00 cm
Pages : 152

Jeux d'ailleurs et d'ici

Ouvrage épuisé

L’éducation des filles et des garçons pour une égalité des chances dans la vie d’adulte, tel est le thème que l’association Promofemmes a choisi de travailler pendant un an. L’éducation des enfants s’exerçant aussi à travers les jeux, c’est ce que Françoise Valéry a choisi d’explorer avec les adhérentes de Promofemmes. Cet ouvrage est donc un livre de témoignages mêlés de réflexions sur les jeux de l’enfance, accompagné d'un CD d’histoires et de comptines de tous les horizons. Émergent des affinités, des ressemblances et des différences inattendues, celles qui sont dues à l’âge, au pays, à la culture ou simplement au caractère. La parole rebondit sur certains propos, si certaines participantes originaires de pays très éloignés les uns des autres découvrent qu’elles avaient les mêmes jeux, d’autres critiquent l’évolution des jeux d’aujourd’hui, s’accrochant à leurs modèles ; d’autres encore par leur expérience de mère rapportent une autre façon de voir les choses : «Moi je ne fais pas de différence entre mes filles et mes garçons». Plus de 70 femmes ont participé à cette collecte.

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Extrait :

Bala K. (36 ans) : Au Sri Lanka aussi les garçons jouent au ballon et les filles jouent à la cuisine et construisent des cabanes avec beaucoup de branches pour faire des petites maisons. On fabriquait de petits ustensiles en terre mais les parents n’aimaient pas ça parce que chez nous la terre est très rouge alors c’était salissant et il fallait prendre une bonne douche après.
Pour jouer on prenait un tissu, un habit de ma mère, on le mettait par terre comme un tapis et on s’installait dessus avec les copines.
Les garçons jouaient au kitipoul, un jeu où il faut creuser la terre, poser un petit bâton par-dessus le creux, glisser un gros bâton par-dessous et projeter le petit bâton le plus loin possible. Un autre garçon le rattrape et le renvoie. Normalement ce n’est que pour les garçons mais quelquefois j’y jouais avec mon frère.

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Nefize O. (45 ans) : En Turquie ce jeu existe aussi, il s’appelle çelik çomak, les filles et les garçons y jouent.

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À propos des auteurs

Association Promofemmes

Créée à Bordeaux en 1994, l’association Promofemmes a pour vocation l’insertion sociale des femmes immigrantes et, à travers elles, celle de leur famille. Les différentes problématiques de la vie quotidienne sont abordées dans un programme d’ateliers et de permanences : français et alphabétisation, accès aux droits et traitement des problèmes administratifs, prévention santé, insertion socioprofessionnelle, mobilité dans la ville, parentalité… L’association propose également des activités liées à la convivialité : cuisine, couture, après-midi "thé et jeux de société", sorties culturelles.
La culture étant un élément déterminant de l’insertion, les livres et CD élaborés à partir de collectes auprès des adhérentes expriment la diversité de leurs origines ainsi qu’une valorisation de leur double culture. Artiste et éditrice, Françoise Valéry recueille ainsi auprès d’adhérentes de plus de 65 nationalités des témoignages de leur mémoire, de leurs savoir-faire et de leur inventivité (récits, recettes, chants…) pour en faire des objets de transmission interculturelle et intergénérationnelle sous forme de livres et de supports audiovisuels.

Bibliographie

De bouche à oreille, témoignages interculturels sur la transmission, illustré, avec un CD d'histoires et de chansons en VO (traductions dans le livre), 2013 • À quoi on joue ?! - jeux d'ailleurs et d'ici, d'hier et d'aujourd'hui, avec un CD d'histoires et de comptines en VO (traductions dans le livre), 2011 • J’habite ici ~ la famille, volume 3, mémoire et témoignages, illustré, 2010 • J’habite ici, volume 2, mémoire et témoignages, illustré, 2009 • J’habite ici, volume 1 , mémoire et témoignages, illustré, 2007 • Almanach interculturel, calendrier perpétuel illustré, 2005 • Elles racontent, recettes du monde pour la santé et la beauté, illustré, 2004 • Elles cuisinent, recettes de cuisine du monde, illustré, 2003 • Elles racontent…, volume 3, contes et histoires du monde, illustré, 2002 • Elles racontent…, volume 2, contes et histoires du monde, illustré, 2001 • Elles racontent…, volume 1, contes et histoires du monde, illustré, 2000 • Prises multiples, mémoire et témoignages, illustré, 1998 • Elles disent, mémoire et témoignages, 1997


Françoise Valéry

Née en 1970, Françoise Valéry co-dirige avec Franck Pruja les Éditions de l’Attente depuis 1992. Diplômée de l'école des Beaux-Arts de Bordeaux en 1994, elle fait des mises en page et des relectures, des traductions et relectures de traductions (de l'anglais), écrit, anime des ateliers d'écriture…

Bibliographie

Vaisselier en coupe, Lnk #11 (Alain Cressan), 2010 • Portrait d’une jeune fille, Lnk #11 (Alain Cressan), 2010 • Trépigna la princesse, revue en ligne Ce qui secret, 2010 • "Clara 2009 - portrait d’une jeune fille", revue en ligne Ce qui secret, 2010 • Huit mains dans le panier, (avec Franck Pruja, Isabelle Jelen et Monsieur Gadou), cipM/Spectres Familiers, 2005 • Poêlon hallucinogène, coll. Livre-Poster, l’Attente, 2004 • Formula, coll. Vade-Mecum, l’Attente,  2004 (H.C.) • Victimes du genre, l’Attente, 2002 • 10 000 $ à la Chand'leur, coll. Week-end, éditions de l’Attente,  2000 • Fuzzy travel, (sous le pseudonyme de Claire Quenond), coll. Week-end, l’Attente, 1998 • Les victimes n'ont apparemment aucune relation entre elles, version spéciale dédiée à Jacques Siclier, éditions de l'Attente, 1994 • Les victimes n'ont apparemment aucune relation entre elles, éditions de l'Attente, 1993 • Les baisers de 13h30 à 18h45, flip-book photographique, livre d'artiste, 1993 • Traductions, une discussion à six voix (livre-partition), l’Attente, 1992

Elle a traduit des textes de Etel Adnan (Déplacer le silence, de Shifting the Silence ; Là-bas, de There, avec Marie Borel), de Lisa Asagi (Zuihitsu Labyrinthite, publié par Alain Cressan, Lnk #15 bis), de Damon Krukowski (Lisez-moi, extraits choisis du livre The Memory Theater Burned), de Kristin Prevallet (Je, au-delà – avec Sandra Moussempès), de Sarah Riggs (28 télégrammes ; 60 textos43 Post-it – avec Marie Borel), de Rosmarie Waldrop (La revanche de la pelouse, de The Lawn of Excluded Middle – avec Marie Borel), et de Rosmarie et Keith Waldrop (Un cas sans clef, de Flat with no Key – avec Marie Borel).

Bibliographie avec Promofemmes

Depuis 1996, Françoise Valéry intervient dans l’association Promofemmes à Bordeaux, qui accompagne l’insertion sociale de femmes immigrantes. Elle y recueille auprès d’adhérentes de plus de 65 nationalités des témoignages de leur mémoire, de leurs savoir-faire et de leur inventivité (récits, recettes, chants…) pour en faire des objets de transmission interculturelle et intergénérationnelle sous forme de livres et de supports audiovisuels. • À quoi rêvez-vous, avec l'artiste plasticienne Anne-Laure Boyer, portfolio, poèmes sur le modèle formel du tanka japonais & peintures à la tempera, à paraître début 2022 • De bouche à oreille, témoignages interculturels sur la transmission, illustré, avec un CD d'histoires et de chansons en VO (traductions dans le livre), 2013 • À quoi on joue ?! - jeux d'ailleurs et d'ici, d'hier et d'aujourd'hui, avec un CD d'histoires et de comptines en VO (traductions dans le livre), 2011 • J’habite ici ~ la famille, volume 3, mémoire et témoignages, illustré, 2010 • J’habite ici, volume 2, mémoire et témoignages, illustré, 2009 • J’habite ici, volume 1, mémoire et témoignages, illustré, 2007 • Almanach interculturel, calendrier perpétuel illustré, 2005 • Elles racontent, recettes du monde pour la santé et la beauté, illustré, 2004 • Elles cuisinent, recettes de cuisine du monde, illustré, 2003 • Elles racontent…, volume 3, contes et histoires du monde, illustré, 2002 • Elles racontent…, volume 2, contes et histoires du monde, illustré, 2001 • Elles racontent…, volume 1, contes et histoires du monde, illustré, 2000 • Prises multiples, mémoire et témoignages, illustré, 1998 • Elles disent, mémoire et témoignages, 1997


Pensieri

par Ray DiPalma

Couverture d’ouvrage : Pensieri
Fiche technique :Prix : 10,50 € EUR
ISBN : 978-2-36242-015-3
Taille : 14,50 x 20,00 in
Pages : 90

Univers parallèle

« On peut parler de sensualité de l’intellection dans ces poèmes où Ray DiPalma mène, pour reprendre un de ses titres, « une réflexion – mais formulée en termes inhabituels » sur les tours et les détours par lesquels la pensée prend forme. » (Vincent Dussol)
Cette écriture embrasse les arts, la philosophie, la géométrie et les mathématiques ou la sémiologie dans une discontinuité qui fait sens. Quarante sections composent Pensieri, pour la plupart titrées (à la raison il faut des sources imprévisibles, racines poursuivies en rampant, la joue fardée de l’empathie…), le tout formant une fameuse intrigue à l’équilibre intermittent. Par instants, on pourrait le lire comme un livre de cuisine alchimiste, ou comme la partition d’un orchestre polyglotte dirigé par une baguette magique. Étant donné le monde imprévu des vrais choix.

Parution :
Thématiques :
Extrait :

dies martis 7 : 08 pm 15/05/07

ne témoignent d’aucun point de repère
ni d’un stratagème en suspens mais
d’un calcul métropolitain approprié
pour l’évaluation d’une intégrité temporelle
ranimant des souvenirs de ce qui survint
et pourrait encore survenir dans
toute suspension pythagoricienne
algébrique dans la pureté de son déploiement

Je construis un espace avec deux bords et un dehors
où tu marques une pause à mi-chemin et ne suis pas
la crête d’eau soulevée par le vent
et te noies quand tu espérais le sable ou un bosquet
Je construis un espace dans un angle appuyé
sur un point de fuite où tu disparais
au second plan
Je construis un espace vaguement circulaire
où tu prends conscience du péril qui est le tien
à force de faire volte-face

À propos de l’auteur

Ray DiPalma, 1943-2017, poète et plasticien, enseignant à la School of Visual Arts de Manhattan. Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages, dont plusieurs ont été traduits en français. D’abord associé au groupe des poètes L=A=N=G=U=A=G=E (du magazine éponyme) avec son livre LEGEND co-écrit avec Bruce Andrews, Charles Bernstein, Steve McCaffery et Ron Silliman en 1980, il a depuis développé son œuvre en un vaste « parc d’échos » qui prend volontiers la forme d’un journal distillé jusqu’à l’abstraction.

Bibliographie

- Pensieri, traduit par Vincent Dussol, éditions de l'Attente, 2011 - Lettres, éditions Virgile/Ulysse Fin de siècle, 2003 - Le tombeau de Reverdy, cipM/Un bureau sur l'Atlantique, 2002 - Letters, Littoral Books, 1998 - Revue Prétexte n° 8, 1995.Poésie & cinéma américains, cipM, 1998 - Motion of the Cypher, Roof Books, 1995 - Provocations, Potes & Poets Press, 1994 - 27 Octobre 29 Octobre, Format Américain, 1993 - Numbers and tempers( Selected Early Poems) (1966-1986), Sun & Moon Press, 1993 - Hôtel des Ruines (avec Alexandre Delay), éditions Royaumont, 1993 (en anglais) - in Anthologie 49+1 nouveaux poètes américains, éditions Royaumont, 1991 - Revue Action Poétique n° 117, 1989 - Raik, Roof Book, 1989 - The Juke Box of Memnon, Potes & Poets press, 1988 - Soli, Ithaca House, 1974 - All Bowed Down, Burning Deck, 1972 Vidéo - Janviero,(1995) réalisée par Thierry Géhin d’après January Zero de Ray DiPalma.


Cent vues de John Harvard

par Virginie Greene

Couverture d’ouvrage : Cent vues de John Harvard
Fiche technique :Prix: 11,00 €
ISBN : 978-2-36242-016-0
Taille : 14,50 x 20,00 cm
Pages : 112

Instantanés de mémoire

Prendre des photos mentales et faire du tourisme sur le lieu de son quotidien sont des pratiques minimalistes qui permettent de ressaisir l’ici et maintenant, de garder l’œil neuf et les sens en éveil. Ces cent vues sont des instantanés de mémoire qui déclinent une des icônes de l’identité américaine au rythme des saisons et des menus événements dont le monument et la narratrice se retrouvent témoins.

Parution :
Thématiques :
Extrait :

– — 1 — –

6 novembre 2008

J’avais faim. Je suis passée devant John sans le regarder. Mon but était la cafétéria du bâtiment des sciences. En plus il pleuvait. De John Harvard aujourd’hui je n’ai rien vu. Comme l’a dit le jeune homme près duquel j’ai mangé mon taboulé : « Life sucks but you have to get the best of it. » Éblouissante originalité. La jeune fille à ma gauche fait des maths avec intensité. De John Harvard aujourd’hui je n’ai rien vu.

– — 2 — –

7 novembre

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Encore raté. J’avais prévu de passer devant John Harvard en quittant mon bureau vers quatre heures et demie. Une fois dehors, j’ai pris comme d’habitude la direction opposée, vers le bus ou le métro. Je suis allée au Harvard Bookstore pour acheter un livre de poésie. Je n’ai pas trouvé ce que je cherchais. On m’a dit que les œuvres de Gwyneth Lewis étaient commandées mais pas encore arrivées. J’ai rencontré John, mon collègue du département d’anglais, qui venait de présenter son dernier livre Giants, biographie croisée d’Abraham Lincoln et Frederick Douglass. J’ai acheté le livre. John me l’a dédicacé et nous avons bavardé quelques minutes de l’amitié, le thème de son prochain livre. Fort bien, mais j’ai encore raté ma vue.

– — 3 — –

9 novembre

Cette vue est faite de mémoire. C’est dimanche et je ne vais pas à Harvard le dimanche. J’y vais assez pendant la semaine. Je me souviens suffisamment de John Harvard pour tenter l’exercice à distance. Ce qui me frappe dans cette statue, c’est l’aspect négligé de la pose. John est affalé sur son fauteuil plutôt comme un étudiant mal réveillé qui a eu le malheur d’avoir à suivre un cours à dix heures du matin, que comme un généreux puritain. J’ai entendu dire que la statue n’a pas été faite pour représenter John Harvard, mais un quidam non identifié. Pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre ? C’est mystérieux. N’importe. J’aime l’affalé de la pose, la négligence monumentalisée et l’ingéniosité récupératrice.

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À propos de l’auteur

Née en 1959 à Molsheim, Virginie Greene fait des études de littérature et d’histoire à Strasbourg puis à Paris. En 1987, elle part “pour un an” aux États-Unis, travailler comme assistante de recherche de Philip Kolb, éditeur de la correspondance de Proust.
Vingt-quatre ans plus tard, elle y vit encore, mais cultive de multiples liens avec les Vosges. Après avoir obtenu un doctorat de Littérature française médiévale à l’université d’Illinois, elle enseigne à Harvard où elle est professeur et chef du département de litérature médiévale.
Elle a publié "Le Sujet et la Mort" dans La Mort Artu (Nizet, 2002), une traduction en français moderne du Débat sur le Roman de la Rose (Champion, 2006). Elle a écrit les notices biographiques des correspondants de Proust publiées en 2004 dans Marcel Proust : Lettres (1879-1922), aux éditions Plon. Elle est l’auteur d’articles en français et en anglais sur la littérature médiévale. Dans l’article “Three Approaches to Poetry” (PMLA, Janvier 2005), elle amalgame critique littéraire et écriture littéraire en décrivant concrètement trois expériences de lecture.
Cent vues de John Harvard
est son premier livre de création.
- Cent vues de John Harvard, L'Attente, 2011


La route est partout

par Rosmarie Waldrop

Road-poème
Avec le soutien du Centre National du Livre

Cette séquence de quatre-vingt sections consigne le flux de conscience d’une automobiliste filant sur les routes de Nouvelle-Angleterre. Le plan de la réalité extérieure (habitacle, chaussée, paysage) et de la réalité intérieure se télescopent et se chevauchent continuellement faisant du poème une bande de Möbius, un miroir biface promené simultanément le long de la route et de la langue. Les objets se brouillent, leurs contours bavent. La vitesse rend manifeste les limites de nos capacités de perception, l’incapacité de notre vue à saisir les objets. Éparpillement des détails, dissolution du cadre, medium opaque, objet fuyant et sujet instable caractérisent l’anti-paysage qui défile. Plus que tout, nous voyons les panneaux de signalisation qui rompent la continuité de l’écrit et obligent le lecteur à changer de code, du textuel au visuel, et à les articuler comme il peut, tâtonnant pour énoncer leurs instructions et les raccorder au texte. (Abigail Lang)
Ce livre est magnifiquement traduit de l'américain et postfacé par Abigail Lang. Intitulé "The road is everywhere - or stop this body", ce fut le deuxième livre de Rosmarie Waldrop, publié aux États-Unis en 1978.

Extrait :

une question de
non
une simple cigarette effiloche
des analogies tirées
d’un départ trop fréquent
ne laisse qu’une cendre
de mémoire que démangent les mots
dans ma bouche ne naîtront pas à
la transparence désormais close
devant moi
s’accélère
en une illusion solide
alors je tente de changer
de vitesse ou au moins
de parler
la route refait surface
malgré la cigarette
lèche mes lèvres
deux klaxons
et un champ couvert de
fleurs sauvages se retirent
(un signe ?) je n’aime
pas les voitures en troupeaux se meuvent
dans nos cavernes
et la vie que je pensais mienne passe
d’un millimètre
la pointe extrême de
mes attentes

Critiques :Patrice Beray dans Mediapart (31 mars 2013) a écrit:

À la manière de Denise Levertov (anglaise qui est devenue américaine), Rosmarie Waldrop conjugue les influences des poésies allemande et française (Jabès notamment) à celles de l’héritage américain, où la plus prégnante est sans doute celle de George Oppen (…).

Comme l’inventeur de l’objectivisme (poétique), son poème rompt violemment avec l’image analogique des legs poétiques passés, creuse l’espace vierge de la page d’écriture à force de disjonctions, de fragmentations, de ruptures syntaxiques. Son ontologie est historique, le sujet de son histoire est tout dans son écriture. Le prodige de l’invention poétique étant que le monde soit toujours convié à la saisie du temps vécu par le sujet (…)


À propos de l’auteur

Née en 1935 en Allemagne, Rosmarie Waldrop vit à Providence, Rhode Island (États-Unis). Elle est poète, traductrice et, avec son mari Keith Waldrop, co-dirige les éditions Burning Deck depuis 1961. Cette maison d’édition au long cours est un cas unique, un modèle clef dans le monde de l’édition de poésie. Rosmarie Waldrop a traduit entre autres Edmond Jabès, Jacques Roubaud, Emmanuel Hocquard, et plusieurs poètes allemands. Des traductions de son travail ont été publiées en France et dans de nombreux pays d’Europe.
Les livres qu’elle écrit en commun avec Keith Waldrop seraient l’œuvre d’un « troisième Waldrop », qui n’écrit ni tout à fait comme Keith, ni tout à fait comme Rosmarie.

Bibliographie

En français (livres traduits de l'américain)En voie d'abstraction, traduit par Françoise de Laroque de Driven to Abstraction, L'Attente, 2020 • Manuel de mandarin, traduit par Bernard Rival, contrat maint, 2016 • La revanche de la pelouse, traduit par Marie Borel & Françoise Valéry de The Lawn of Excluded Middle, éditions de l’Attente, 2012 • La route est partout, traduit par Abigail Lang de The Road is Everywhere, éditions de l’Attente, 2011 • d’Absence abondante, traduction collective dirigée par Pascal Poyet, de Lavish Absence, contrat maint, 2009 • Dans n’importe quelle langue, traduit par Pascal Poyet, contrat maint, 2006 • La reproduction des profils, traduit par Jacques Roubaud, Melville, 2004 (première édition : La Tuilerie Tropicale, 1991) • Pelouse du tiers exclu, traduit par Marie Borel, extrait de The Lawn of Excluded Middle, Format Américain, 2001 • Pré & con, traduit par Pascal Poyet, contrat maint, 1999 • Quand elles sont douées de sens, traduit par Françoise de Laroque, Spectres Familiers, 1989 • Différences à quatre mains, traduit par Paol Keineg, Spectres Familiers, 1989 • Le mouchoir de la fille du roi Pépin, traduit par Rosy Pinhas-Delpuech, Liana Lévy, 1989 • Comme si nous n'avions pas besoin de parler, traduit par Roger Giroux, Terriers, 1980 De Keith & Rosmarie WaldropUn cas sans clef, traduit par Marie Borel et Françoise Valéry, éditions de l’Attente, 2010 • Light Travels, traduit par David Lespiau, éditions de l’Attente, 2006 • Tome un, traduction collective Royaumont et Juliette Valéry, Créaphis (Un bureau sur l'Atlantique), 1997 Dans des anthologies ou en revueRoyaumont : traduction collective 1983-2000, Rémi Hourcade, Grâne, pp. 497-503, Créaphis, 2000 • Fenêtre d’accélération, traduit par André Paillaugue, 3ème partie du livre The Lawn of excluded Middle (Duration Press, 1993), revue Action poétique n° 160-161, octobre 2000 • Je te continue ma lecture, M. Cohen-Halimi & F. Cohen, P.O.L, 1999 • Une "Action Poétique" de 1950 à aujourd'hui, Pascal Boulanger, Flammarion, 1998 • Le poète d'aujourd'hui (1987-1994), Dominique Grandmont, Maison de la Poésie Rhône-Alpes, 1994 • 20 Poètes Américains (M. Deguy/J. Roubaud), Gallimard, 1980