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Acrobaties dessinées

& CD "Beauty Sitcom" (audiopoèmes)

par Sandra Moussempès

Portrait malléable d'un récit
(Livre + CD audio)
Avec le soutien du Centre National du Livre

Une place singulière est faite au monde de l’imaginaire et du féérique à travers l’écran où s’entremêlent poésie, prose, fiction et enquête. Sandra Moussempès nomme ce qui échappe au genre, esquisse le portrait malléable d’un récit en mutation continue dans l’élasticité brumeuse du temps qui passe.

Avec l'album CD Beauty Sitcom, dans une ambiance postpunk liquide elle révèle d’une voix idyllique les abysses bleutés d’une pièce de vers performative.

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Extrait :

Etudes d'interception
Extrait de l'album Beauty Sitcom inclus dans le livre

(p. 33-34)

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Lorsque je me questionne je pense à penser à ma place je pense avec mes lèvres je souris mais je réfléchis sans penser en fait la pensée parle à ma place le son de mes lèvres n'existe pas si ce n'est dans la fiction sonore je voudrais vous parler je voudrais tout dire mais tout dire entraîne une réalité qui n'est plus ma façon de dire et d'être et si un film obscurcit mon champ de vision je pense alors qu'il s'agit d'un remake je pense aussi aux sous-titres aux langues lues entendues apprises je pense en pensée disent-ils pour ouvrir leurs lèvres ils clignent des yeux ma bouche est ouverte à présent je présélectionne une pensée je pense à votre place je me divise en pensée dans mes rêves la pensée s'inscrit tout au long des visages les couleurs ont une pensée propre qui remplit chaque plan en mode plein écran on voit les lèvres des acteurs on voit qu'ils ne pensent pas les acteurs ne pensent pas puisque leur vie est une contrainte momentanée une photographie de miroir sans tain les acteurs jouent à l'écran tandis qu'hors champ l'acteur pense au rôle il est donc hors du rôle et je me désigne parfois comme actrice de ma pensée pensée, pensée parlée, pensée pensée à l'instant puis décrite tant bien que mal, je me désigne alors que ceux qui pensent recevoir mes confidences n'ont rien entendu ne m'ont pas vue, ceux-là ont des idées mais pas de pensée propre, ce pourquoi la pliure des commissures entraîne une réponse affirmative

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Critiques :Richard Blin dans Le Matricule des Anges a écrit:

“Entre séquences mémorielles et séquences défilantes s'enchaînent scènes fixes, tableaux, plans arrêtés sur une image ou vues sur l'oasis de l'intimité. Audacieux, symptomatique, donc, le dernier livre de Sandra Moussempès, quelque chose comme le fruit d'une ciné-écriture doublée d'une bande son, d'un espace sonore où migrent les sensations d'un plan de réalité à l'autre (…).”
"(…) Une poésie qui tend à conjurer le conditionnement de notre imaginaire, montre l'envers des codes et n'ignore rien du principe d'avidité qui est à l'oeuvre sous les simulacres. Un livre ou cohabitent lucidité et ironie, mais où se réinventent aussi de subtiles raisons de vivre qui sont comme autant d'îles ou de jardins apparaissant comme en "arrière-plan d'une phrase lumineuse".

François Crosnier dans libr-critique a écrit:

“Ce qui fonde, me semble-t-il, le projet de Sandra Moussempès dans ce nouveau livre succédant à Photogénie des ombres peintes (Flammarion, 2010), c’est en premier lieu le désir et la crainte d’affronter la prose, dont il est dit ironiquement qu’elle « demande du repos et peu d’invention » et qui, en un certain sens, est associée au déplaisir. Certes, dans le dispositif du texte, son usage est restreint à une douzaine de pages, mais celles-ci constituent véritablement la matrice du projet dont l’autre versant relève du genre ancien des Vies parallèles. Annoncé dès le prologue, il s’énonce ainsi : « 2 vies d’un coup, celle du mort et de la fille vivante » (...)”

Philippe Rhamy Wolf dans remue.net a écrit:

(Extrait) "Le charme qui a captivé mon année opère à nouveau. Un instant, avec une netteté inégalée, il unifie l’espace. Les choses s’éclairent en présence des livres, et les livres, comme un feu de forêt se propageant d’un arbre à l’autre, s’accordent enfin aux « Acrobaties dessinées » de Sandra Moussempès (...). Tout dire. Briser la coque durcie des individus. Accéder à la transparence qui relègue celle qui écrit, elle et son opacité, dans la coulisse, ou dans la salle, ou derrière l’écran d’une salle de projection, voire d’un film, ou d’un clip, cet enchaînement d’images brillantes et saccadées, d’images sonores, de visions textuelles, étant donné comme dispositif de la littérature..."

Anne Malaprade dans Sitaudis a écrit:

“L’acrobate est celui qui danse dans et sur les cordes. Cordes extérieures, cordes objectivées, visibles ou invisibles, plus ou moins tordues, plus ou moins tendues. Cordes intérieures, surtout : ce lieu et ce lien intime par lesquels la voix poétique fait entendre sa matière-émotion (...)”

Claude Chambard dans Cahier Critique de Poésie a écrit:

"Sandra Moussempès qui jamais ne s'installe dans le confort s'échappe de livre en livre dans son univers de plus en plus creusé, de plus en plus fascinant et dans ce nouvel opus on lit dès l'entrée ce vers tout sauf sibyllin : "2 vies d'un coup celle du mort et de la fille vivante" (...) et à l'aune des histoires de famille, princesse -Little princess diary-, starlette-"actrice de ma pensée pensée", "Cendrillon bionique", pin-up vintage : "ne prenez pas le passé pour argent comptant", de poésie tendue en prose acérée "[ceci est un poème]", S.M nous donne à lire et à entendre "une réalité plus envoûtante qu'un film de David Lynch.”

Emmanuèle Jawad dans Libr-Critique a écrit:

"Dans la performance, la voix live de Sandra Moussempès s'inscrit dans le tissu des voix enregistrées et de l'électro-acoustique. Le traitement des sons, dans leur agencement et montage, combine voix récitantes (parlées), voix chantées (mélodies) et sons électro-acoustiques, provoquant des images mentales qui pourraient être cinématographiques. (...) les voix de Sandra Moussempès se mêlent le plus souvent (chants empreints de sensualité, récits, bruitages vocaux, sons) formant agencement et montage, combine voix récitantes (parlées), formant les différentes couches sonores d'une bande-son dans laquelle l'écho et la répétition participent à l'étrangeté concourant à l'envoûtement progressif de l'auditeur."

Carla Demière dans HEAD Genève a écrit:

Sandra Moussempès est poète. Son travail circule en livres, sur disques et sur scène. Avec des textes expérimentaux, des audio-poèmes et des performances. Au centre de cette œuvre (disons) « multipiste » une conscience de la voix – Sandra Moussempès est aussi chanteuse – qui en a fait progressivement une condition irréductible de son écriture. Ses deux pratiques parallèles (chant et écriture) n’ont été réunies que récemment, en 2011, autour du projet de performance Beauty Sitcom.

HUGUES dans Blog librairie Charybde a écrit:

Sandra Moussempès dévoile non seulement l’une des composantes imaginaires fondamentales qui hante la musique de l’indie rock depuis la fin des années 80, mais aussi la mosaïque de hasards et de nécessités qui compose une histoire donnée à la place d’autres histoires possibles. Et elle le pratique au moyen d’une poésie étonnante qui sait caresser aussi bien que cravacher, en une joie paradoxalement silencieuse de mots et de formules explosives.


À propos de l’auteur

Née à Paris en 1965, Sandra Moussempès est poète. Ancienne pensionnaire de la Villa Médicis, elle a été publiée principalement dans la collection « Poésie » aux éditions Flammarion et aux éditions de l’Attente. Son travail interroge les stéréotypes liés au féminin et les non-dits familiaux par le biais d’un environnement inquiétant, cinématographique et auto-fictif. Également artiste sonore et vocale, elle convoque la notion de temporalité et les états modifiés de conscience dans ses lectures performées, intégrant sa voix (lyrique, éthérée, bruitée) à l’énonciation du poème, dispositif qu’elle a présenté dans divers lieux tels que la Fondation Louis Vuitton, le Centre Pompidou, le MAMCO de Genève, le Musée du Carré d’Art de Nîmes, la Kunsthalle Mulhouse, le festival Actoral. Elle a réalisé 3 albums audio dont 2 inclus dans ses livres aux éditions de l’Attente. Elle vit actuellement en Normandie où elle élève son fils né en 2005.
/// Nina Parish, "Entretien avec Sandra Moussempès." L'Esprit Créateur 58:3 (2018), 131-134. (© 2018 L'Esprit Créateur. Reproduit avec la permission de Johns Hopkins University Press.) Cliquer ici pour voir l'article
Entretien avec Fabrice Thumerel pour LIBR-CRITIQUE 
Autofiction, traumas et féminisme - De Cassandre en Lilith : mes figures du quotidien : sur COLLATERAL

 

Bibliographie

Principales publications :

. Fréquence Mulholland, éditions MF, 2023

Cassandre à bout portant, coll. "Poésie", Flammarion, 2021 • Cinéma de l'affect (Boucles de voix-off pour film fantôme), L'Attente, 2020 • Vox Museum, album CD publié aux éditions JOU, 2019 • Colloque des télépathes (& album CD Post-Gradiva), L'Attente, 2017 • Sunny girls, coll. "Poésie", Flammarion, 2015 • Acrobaties dessinées (& CD Beauty sitcom), L'Attente, 2012 • Photogénie des ombres peintes, coll. "Poésie", Flammarion, 2009 (prix Hercule de Paris 2010) • Biographie des idylles, L'Attente, 2008 • Le seul jardin japonais à portée de vue, L'Attente, 2005 • Captures, coll. "Poésie", Flammarion, 2004 • Hors Champs, C.R.L Franche-comté, 2001 • Vestiges de fillette, coll. "Poésie", Flammarion, 1997 • Exercices d’incendie, coll. "Biennale Internationale des Poètes en Val-de-Marne", Fourbis, 1994 /// Anthologies : • Un nouveau monde, Poésies en France 1960-2010, Yves di Manno & Isabelle Garron, coll. Mille&unePages, éditions Flammarion, 2017 • Writing the real, a bilingual anthology of Contemporary french poetry by Nina Parish and Emma Warfstaff, Enitharmon Press, 2017 • Voix vives, Sète, éditions Bruno Doucey, 2011 • L’Énigme-poésie : entretiens avec 21 poètes françaises, John Stout, Rodopi, 2010 • Couleurs Femmes, éditions Castor Astral / Nouvel Athanor, 2010 • "Captures", 14 poètes, anthologie critique et poétique, Prétexte, 2005 • "Spiritus temporellement décalé" in 49 poètes, un collectif, Flammarion, 2005 • 49 poètes, un collectif, Flammarion 2004 • 14 poètes, anthologie critique et poétique, Prétexte 2004 • "Poèmes inédits", Une “action poétique” de 1950 à nos jours, Flammarion, 1998 • Poèmes extraits d’Exercices d’incendie traduits en espagnol in Poesia Francesa Contemporana 1940-1995, éditions Libros di Tierra Ferme (Argentine), 1998 • "Poèmes sélectionnés" in Une Anthologie Immédiate, Fourbis, 1996 • "Corsetées" in 29 Femmes, une Anthologie, Stock, 1995 • Une anthologie immédiate, Fourbis, 1995 /// Chapbook bilingue traduit en américain : • From : Sunny girls, Chapbook traduit par Elena Rivera at Above Ground Press, Canada, 2017 /// Traductions (de l'anglais) :Je, au delà, un essai en temps de deuil, Kristin Prevallet, (avec Françoise Valéry), L'Attente, collection W, 2008 • Red, de Kristin Prevallet, Action Poétique, 2003 • Selected poems, d'Oscar Wilde, Action Poétique, 1995


Toute Résurrection commence par les pieds

par Véronique Pittolo

Fiction critique

Cette fiction poétique et critique interroge la figure du féminin à travers les codes de représentation de l’histoire de l’art et de l’art moderne. Comment le mythe féminin apparaît-il à la lumière du présent, derrière le cliché de sa reproduction ? Pour ouvrir une réflexion sur la femme contemporaine, le couple, la maternité, de la tradition à sa déconstruction, Véronique Pittolo propose des télescopages et des agencements inédits. Les personnages apparaissent de manière oblique, comme des figures ou des thèmes : Femme au bain, Vierge, Joconde, Nu, Couple, Mariage, Annonciation… Un nouveau mode d’enchantement de l’universel féminin.

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Extrait :

Au commencement, une jeune fille se promène dans un jardin de petites dimensions.
À la source de l’humanité existe une végétation minuscule occupée par une très jeune fille. Très vite, elle enflamme les cœurs. / L’homme ne voit rien d’abord puis le jardin, et sous le voile, quelque chose : le voile opaque de Marie. / La vision monte au front, enflamme le cœur.
Supposons qu’Ève ait croqué autre chose qu’une pomme, un homme passait par hasard et elle aurait croqué sa fureur, sa jeunesse, n’importe quoi. / Une camisole en elle et dedans : un petit homme. / Pas un enfant, non, mais un homme de petite dimension.
Maintenant, supposons que la jeune fille quitte le jardin sans rien dire, devenant un modèle d’émancipation. / Regardez, ma fille a grandi ! (dit la mère) / Je vous fais un paquet-cadeau ?

Critiques :Auteurs, vos papiers ! Questions d'identités dans Un jeudi un écrivain a écrit:

Véronique Pittolo propose des télescopages et des agencements inédits. Les personnages apparaissent de manière oblique, comme des figures ou des thèmes : Femme au bain, Vierge, Joconde, Nu, Couple, Mariage, Annonciation… Un nouveau mode d’enchantement de l’universel féminin.

Elisabeth Legros Chapuis dans Association pour le patrimoine autobiographique a écrit:

... elle a tenté de faire l’histoire de l’aliénation et de l’émancipation des femmes à travers l’histoire de l’art occidental.


À propos de l’auteur

Née en 1960 à Douai, Véronique Pittolo est écrivain, critique d’art pour la photographie, elle organise également des expositions (elle a participé aux revues Photographies et Beaux-Arts Magazine) et elle anime des ateliers d'écriture.
Elle "pratique une prose poétique qui intègre le narratif, en laissant au lecteur des possibilités d'interprétation. Il s’agit d’un travail sur la fiction qui prend le plus souvent comme point de départ la notion de personnage. Ses livres peuvent se lire comme des propositions qui réveillent quelque chose chez le lecteur, quelque chose qu'il connaît mais qu'il a un peu oublié".

Bibliographie

À la piscine avec Norbert, Seuil, 2021 • Monomère & Maxiplace, l'Attente, 2018 • Une jeune fille dans tout le royaume, L'Attente, 2014 • On sait pourquoi les renards sont roux, Le Temps des cerises, 2012 • Toute Résurrection commence par les pieds, L'Attente, 2012 • La Révolution dans la poche, Al Dante, 2010 • Ralentir Spider, L’Attente, 2008 • Hélène mode d’emploi, Al Dante, 2008 • Danse à l’école, L’Attente, 2006 • Opéra isotherme, Al Dante, 2005 • Gary Cooper ne lisait pas de livres, Al Dante, 2004 • Chaperon Loup Farci, La Main Courante, 2003 • Schrek, L’Attente, 2003 (Épuisé, repris dans l'ensemble "Une jeune fille dans tout le royaume") • XY ou la Poursuite du Bonheur, Cahiers Ephémérides, 1998 • Héros, Al Dante, 1998 • 29 Poètes françaises, Stock, 1995 • Montage, Fourbis, 1992 /// Œuvres radiophoniquesL’homme et le pantin, mise en voix et vidéo sur le site D – Fiction, 2012 • Hélène mode d’emploi, poème sonore pour deux comédiens, France Culture, 2006 • Toute Résurrection commence par les pieds, Perspectives contemporaines, France Culture, 2008 • Peinture-Écriture à l’hôpital, Sur les Docks, France Culture, 2008 • 1789-2009, fiction, France Culture, 2009 Prix de poésie de la SGDL (société des Gens de Lettres) en 2004 Prix Yvan Goll en 2009


Quand j’étais petite

par Élisabeth Jacquet

Exercices de mémoire

Quand j’étais petite est constitué de 133 souvenirs de préadolescence, un âge où les questionnements fusent, où les rêves prennent des dimensions fantasmagoriques. La naïveté devient parfois cinglante, le loup se cache derrière chaque objet. Une sensation de virtuel avant l’heure dans un univers très années 70, sous les traits d’une écriture singulièrement appropriée où le souci du détail alimente les mots d’enfance. Enfance qui, en chacun, ne cesse de rester.

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Quand j’étais petite, j’avais une poupée qui marchait. Elle était blonde et portait une robe bleue. Juchée sur les talons de ma mère, bras croisés, cheville droite légèrement tournée vers l’extérieur en pose de femme adulte, conversant avec un pan de mur, figure d’une autre mère de famille débordée, je plaçais ma poupée près de moi de telle sorte qu’elle s’éloignât, sitôt en marche, vers l’opposé du point auquel je me trouvais. J’interrompais alors ma conversation à plusieurs reprises pour lui intimer l’ordre de revenir ici tout de suite. Évidemment sans succès. Pour finir, exaspérée je m’élançais, l’attrapais violemment, stoppais le mécanisme et lui donnais une bonne fessée.
Si jamais mon timing échouait et que ma poupée s’en allât cogner contre un meuble avant que je m’en saisisse, c’était l’occasion d’un bon sermon : « Tu vois je te l’avais bien dit, tu dois m’obéir ! »

Critiques :L’Atelier Fiction par Blandine Masson dans France Culture a écrit:

Avec :

Elisabeth Jacquet

Hélène Lausseur

Assistance technique et montage : Arnaud Chappatte, Bruno Martin et Claude Niort

Prise de son et mixage : Jean-Louis Deloncle

Assistante à la réalisation : Pauline Ziadé

Elisabeth Legros Chapuis dans Association pour le patrimoine autobiographique a écrit:

L’auteur explore la nature et la qualité des souvenirs d’enfance, leur persistante présence et leur rôle dans l’élaboration d’une fiction.

Radio Ritounelles dans http://ritournelles.permanencesdelalitterature.fr/podcast/enfance-de-la-litterature-elisabeth-jacquet/?fbclid=IwAR3ddgA7mpSIbv8B-yg684v2IMLb0P1xefg7sS7A5WRfpsbnv57Hf5sncgo a écrit:

Enfance de la littérature


À propos de l’auteur

Élisabeth Jacquet a exercé plusieurs métiers relatifs à l’écriture : scénariste de télévision, rédactrice publicitaire, éditrice et enfin autrice (une douzaine de livres publiés). Dans ses trois derniers livres, parus aux éditions de l’Attente, elle s’est interrogée sur la circulation de la langue et le besoin de fiction dans une époque qui semble écrasée par le poids de l’audiovisuel et des nouveaux médias. Son écriture, drôle et sans fioritures, navigue entre les genres et agite les grandes questions contemporaines : l’identité, l’amour, le couple, le sexe, la procréation, la maternité, le féminisme, la féminité et les injonctions de la société de consommation…

Bibliographie

/// Romans, récits /// - Eva Gonzalès / Rencontre avec une jeune femme moderne, L’Atelier Contemporain, 2020 - Avec nous / Le retour, collection "Roman/ces", L’Attente, 2019 -  Mon mari et moi, Serge Saffran, 2017 - Quand j’étais petite, collection "Alimage", L’Attente, 2012 - Anna Karénine, c’est moi, Philippe Rey, 2010 - Le Retour des semelles compensées, L’Act Mem, 2009 - Le Supplément télévision, collection "Spoom", L’Attente, 2006 - Dans ma maison (notre catalogue), Melville / Léo Scheer, 2003 - Les Grands parcs blancs, Flammarion, 2001 - Avec nous on sera vingt-sept, Comp’Act, 1996 - Les Mouettes, Stock, 1986 - Lulu et Joey, Stock, 1988 - Les contretemps, Stock, 1984 /// Livres pour la jeunesse /// - Le Livre des jeunes filles, La Martinière, 1994 - Marie-Canète reporter, Nathan, 1991 /// Ouvrages collectifs /// - Écrire, pourquoi ?, Argol, 2005 - Une Anthologie de circonstance, Henri Deluy, Fourbis, 1994 /// Créations radiophoniques /// - Mon mari et moi, L'Atelier fiction, France Culture, novembre 2015 - Quand j’étais petite, L'Atelier fiction, France Culture, février 2013


Il faut toujours garder en tête une formule magique

par Virginie Poitrasson

Récit textile
Avec le soutien du Centre National du Livre

Quand l’écriture essaie à la fois d’être événement, retranscription, décryptage et réflexion.
De son imaginaire indiscipliné, aux structures narratives polymorphes, Virginie Poitrasson emprunte des bribes d’enfance, des amorces de contes, des figures féminines traversantes, des clichés désamorcés, des strates de fables contemporaines, tissant de nouvelles formes de discours qui interrogent notre subjectivité. Ce sont ces couches de texte où la formule magique – formule toujours informulée – est ce qui fait lien entre chaque page. Cette formule se déploie entre les signes, dans l’interstice des phrases, naît et se forme dans l’entre-deux du texte. Elle est ce lien puissant tout à la fois de violence et de douceur qui nous anime et nous rattache les uns aux autres.

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Extrait :

FICTION I
Et patati et patata
Tralala

Les mains posées au sol. Tu ne m’attraperas pas. Les graviers s’enfoncent dans mes paumes, accroupie sous le buisson, culotte de coton. Et ce sourire encore si blond. Tu ne me vois pas. Tu ne me trouves pas. J’ai la meilleure cachette. Les yeux clos, je m’enfonce dans le buisson encore plus profondément et cette odeur entêtante du buis. Rien ne dépasse. Même si la jupe arc-en-ciel est là pour rappeler l’éclat de mon rire.
Encore s’enfoncer encore dans le buisson vert.
Et patati et patata
Je vais rester toujours là cachée, protégée des travers, des orages, de la grêle de paroles. Et les yeux fermés, accroupie, je rapetisse, je prends la taille d’un petit animal. Et mes cheveux poussent, m’enveloppent, me cachent, me recouvrent complètement. Toute petite, je suis perdue dans ma jupe. Arc-en-ciel. Les cheveux si longs, si blonds, et tu as bientôt fini de compter

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:
« 47, 48, 49, 50 ! Où es-tu ? Je vais te trouver ! Ah ! Sous le banc ? Dans la remise ? Vers le poulailler ? Et le clapier à lapins ? Derrière le sapin ? Ou sous une bûche ? Mais où es-tu ? »
Et patati et patata
Mes mains s’enfoncent dans le sol, de plus en plus, bientôt jusqu’aux coudes, maintenant jusqu’aux épaules. Cette terre noire et grasse m’absorbe doucement. Je m’enfonce dans ce terreau, il est chaud et humide, j’y respire facilement, comme un coussin d’air. Plus que les pieds. Je perds une sandalette dans l’histoire, abandonnée sous le buis. « Je vais bien finir par te trouver ! » Et c’est comme se mouvoir dans un énorme édredon de plumes : le corps pesant, la plume légère. Bientôt mes yeux s’habituent à la noirceur et des petits éclats de quartz se mettent à scintiller. Underground sky.
Tralala
On ne me trouvera pas là, c’est sûr, sous ce ciel de quartz, dans cet édredon chaud et confortable, je me sens en sécurité, protégée des jeux cruels. Je te tiens, tu me tiens par la barbichette. Tiens ! Qu’est-ce que c’est ce point plus lumineux que les autres et qui s’agrandit ? Il est haut dans le ciel et m’éblouit.
« Hé ho ! Y’a quelqu’un ? Tu es là ? Je vais te trouver ! »
Et hop, me voilà hissée en dehors de mon trou, éblouie, ébouriffée, je grandis entre-temps et ne rentre plus sous le buisson.

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Critiques :Laue Egoroff dans France Culture a écrit:

Bribes d’enfance, amorces de contes, figures féminines, clichés désamorcés, strates de fables contemporaines : l'écriture de Virginie Poitrasson restitue au plus près un imaginaire foisonnant mêlé de souvenirs intimes et des quêtes et failles de notre époque.

Élizabeth Legros Chapuis dans Association pour le patrimoine autobiographique a écrit:

Partant de la question « qu’est-ce qu’être femme ? », Virginie Poitrasson rappelle que souvent, la femme est vue comme un être diffracté, sujet à de multiples identifications.

Alain Nicolas dans L'Humanité a écrit:

L’auteur d’Il faut toujours garder en tête une formule magique file avec subtilité et énergie les associations entre texte et textile, entre textile et imaginaire de la féminité.


À propos de l’auteur

Virginie Poitrasson est née en 1975. Originaire de Lyon, elle a vécu à la Nouvelle-Orléans, à New York et vit aujourd’hui à Paris. Écrivain, plasticienne, performeuse et traductrice, elle explore les frontières entre les genres et les modes d’expression langagiers et plastiques (sons, vidéos, sérigraphie).
Elle traduit de nombreux poètes américains : Michaël Palmer, Lyn Hejinian, Cole Swensen, Marylin Hacker, Charles Bernstein, Jennifer K.Dick, Michelle Noteboom, Shanxing Wang, Rodrigo Toscano, Laura Elrick, et collabore régulièrement à des séminaires de traduction.

Bibliographie

Entretien avec François Bon

. Tantôt, tantôt, tantôt, éditions du Seuil, 2023

. Une position qui est une position qui en est une autre, LansKine, 2019

Le pas-comme-si des choses, L'Attente, 2018 • Il faut toujours garder en tête une formule magique, L'Attente, 2012 • Vraisemblance du perméable, avec l’artiste Gabriele Chiari, Méridianes, 2011 • « Autour de Pierrette Bloch », dans Le Geste à l’œuvre, collection Beautés, Lienart, 2011 • Journal d’une disparition, Ink #1, 2010 • Écrivains en séries, collectif 133 séries vues par 99 écrivains, saison 2, Léo Scheer, 2010 • Nous sommes des dispositifs, bilingue français-italien, La Camera verde, 2009 • Demi-valeurs, L'Attente, 2007 • Série ombragée, Propos 2 éditions, 2006 • Épisodes de la lueur, L’Atelier du Hanneton, 2004 Traductions Lentement (Slowly), de Lyn Hejinian, collection dirigée par Juliette Valéry, Format Américain, 2006 • Première figure (First figure) de Michael Palmer, co-traduit avec Éric Suchère, José Corti, 2011


33 sonnets plats

par Frédéric Forte

Couverture d’ouvrage : 33 sonnets plats
Fiche technique :Prix: 8,00 €
ISBN : 978-2-36242-029-0
Taille : 14,50 x 21,00 cm
Pages : 44

Mécanique de précision

« et s’il manquait au sonnet l’une de ses trois dimensions ?
et s’il s’en écrivait quand même ?
on les aimerait quand même ?
(non ce n’est pas de la science-fiction) »
Voici comment l’auteur nous introduit à ces 33 sonnets plats, donc 33 poèmes de quatorze vers composés de deux quatrains et de deux tercets, et dont la troisième dimension fait toute la « platitude » dont on se régale. De la mécanique de haute précision !

Lecture d'un extrait par l'auteur

Parution :
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Extrait :

c’est une boîte se souvenir · ou faire tapisserie · certains mangent des pâtisseries · moi je voudrais revenir / animal · la réincarnation après tout · elle doit avoir un drôle de goût · à dos de cheval / mais regarder sous les jupes · est impossible · et les stéréotypes · sont insolubles / alors je passe de longues vacances dans un tunnel · ça m’apprendra à vouloir faire mon surnaturel

bon · métallurgiste · tu comprends l’avantage d’être né le jour où courir chez le dentiste · on n’empêche pas le progrès de dire non / quand il faudra faire des efforts ce sera bon · on aura des bananes · et de la crème sur les bananes · un truc rond / et dedans · y aura un os du tympan qu’on appelle le cervelet · à moins que je confonde / avec les inventeurs du pistolet · après tout ça sera décevant · la machine à remonter le monde

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Critiques :Grégory Haleux dans Soli Loci a écrit:

Extrait de l'entretien :

... Je n'ai pas consciemment pensé à leur déploiement en écrivant les poèmes mais c'est une belle image ! Et c'est vrai qu'ils jouent avec l'aspect dimensionnel de la forme-sonnet.
D'un côté, les présenter à plat, c'est-à-dire, idéalement, sur une seule ligne – qui se transforme dans le livre en un bloc ressemblant à de la prose – c'est ironiquement leur refuser dans un premier temps le statut de Sonnet (avec un grand S) puisque, comme tu l'as dit, un sonnet est habituellement « vertical ».


À propos de l’auteur

Frédéric Forte est né en 1973 à Toulouse et vit à Paris. Il a joué de la basse dans des groupes de rock avant de se tourner vers la poésie à la fin du siècle dernier. Depuis 2005, il est membre de l’Oulipo et il co-dirige actuellement le Master de Création littéraire du Havre. Ses initiales sont aussi celles de «formes fixes» dont il aime explorer les potentialités…

Bibliographie

De la pratique, avec des dessins de David Enon, L'Attente, 2022 • Nous allons perdre deux minutes de lumière, P.O.L, 2021 • Été 18, L'Usage, 2020 • Dire ouf, P.O.L, 2016 • Bristols, les mille univers, 2014 • 33 sonnets plats, L'Attente, 2012 • Re-, NOUS, 2012 • Une collecte, Théâtre Typographique, 2009 • Comment(s), L’Attente, 2006 • Opéras-minute, Théâtre Typographique, 2005, 2017 • N/S (avec Ian Monk), L’Attente, 2004 • Banzuke, L’Attente, 2002 • Discographie, L’Attente, 2002, 2023 /// Traductions • Guy Bennett, Œuvres presque accomplies, L'Attente, 2018 • Guy Bennett, Poèmes évidents, L'Attente, 2015 • Michelle Noteboom, Hors-cage, L'Attente, 2010 • Oskar Pastior, 21 Poèmes-anagrammes (co-traduit avec Bénédicte Vilgrain), Théâtre Typographique, 2008