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La revanche de la pelouse

par Rosmarie Waldrop

Prose philosophique

« De la pensée qui se manifeste comme sentiment. Ces poèmes en prose questionnent mythe et histoire des sciences. Ils naviguent dans les inextricables revendications conflictuelles du corps (surtout féminin) et de l’esprit d’une part, et les sentiments dans un espace de logique et de physique d’autre part. Tous dialogiques, ces poèmes tendent à travers un écart synaptique et souvent drôle vers un possible « tu », bien qu’il puisse s’agir, en rhétorique, d’un autre point de vue du même esprit. » (Marie Borel)
« L’un des livres de poésie les plus enrichissants… Rosmarie Waldrop tisse des fragments en une évocation personnalisée. C’est exactement le genre de connections philosophiques spécifiques dont parle Wittgenstein. » (Charles Bernstein)

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Extrait :

J’ai pensé pouvoir atteindre le fond des choses en prenant mes distances avec la logique mais ne tombai pas plus loin que dans l’immédiat. Ici le moment vante sa rondeur parfaite et ne peut être laissé en retrait parce qu’il s’accélère avec moi, intense comme les roses qui s’ouvrent dans le noir et je me demandais toujours : les roses rouges la nuit sont-elles plus sombres que les blanches, et tous les chats gris ? Mais il faut à un moment passer d’explication à description dans l’espoir héroïque que cela mènera droit à l’expérience, le raz de marée inonde tout mon être comme la chaleur ou la pollution, même si la brume dehors semble toujours pouvoir se dissiper facilement. Un chat de n’importe quelle couleur pourrait tomber dans le creux derrière ses yeux et aussitôt bâiller d’ennui, retour aux surfaces insipides qui représentent le monde dans la forme logique nommée réalité. Mais la logique n’est dâ€

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™aucun secours quand tu ne connais pas les postulats. Et de plus en plus de gens privés des plus modestes formes de propriété se promènent dans les rues. Appelle-t-on le passé parfait parce qu’il est hors de vue ? La première personne du singulier s’ouvre sur des possibilités terrifiantes qui m’arrachent peau après peau jusqu’aux larmes comme si je pelais des oignons.

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Critiques :Pascal Gibourg dans remue.net a écrit:

C’est quoi comprendre ?
Quelquefois c’est suivre un rythme, trouver la bonne intonation, celle qui ne contrarie pas le sens, qui n’en fait pas non plus une marionnette, un morceau de bois. Quelquefois c’est établir des liens logiques, combler des vides ou peut-être plus subtilement leur donner vie, les animer.
Par exemple quand Rosmarie Waldrop écrit dans La revanche de la pelouse, au sujet du temps nécessaire au déploiement du sens qu’il est « quelque chose qui envahit la bouche comme l’obscurité un aveugle », le plus important n’est pas de reconstituer la part manquante de la phrase (l’ellipse du verbe) mais de laisser le vide agir, provoquer le télescopage de « l’obscurité » (avec) « un aveugle ». Un aveugle dont on ne sait rien, un aveugle parmi d’autres, qui lui aussi fabrique du sens à longueur de temps, mais sans doute autrement que quelqu’un qui voit, ou qui croit voir. Leçon de ténèbres. Comprendre donc, en tâtonnant, en heurtant, en se blessant, en enrageant. En ruminant, en mâchonnant, puisque cette histoire-là se passe aussi dans la bouche. (…)

Catherine Pomparat dans remue.net a écrit:

Trois INDIENS et un tiers exclu ALLAIENT CAR

1. comme les oiseaux les Indiens situent la revanche de la pelouse dans le domaine du langage. La dimension constitutive de l’acte se fonde à l’écart des racines de l’herbe.

La pelouse est un gazon de décorum, une couverture, une surface insipide, une apparence, un masque, un artifice imposé à l’espace dans certaines circonstances de la vie et dans certains lieux. [note1]

L’espace s’arrête où les yeux du premier indien [le deuxième au pied de la lettre] se cognent au côté gauche du rectangle de l’image et font un trou hors champ.

Rendre la pareille nécessite les armes d’un métier d’ignorance et de silence.

Deux doctes ignorantes lisent à la lettre ce qui est écrit dans un lieu tiers identitaire dans un lieu tiers relationnel dans un lieu tiers historique. Un lieu commun en quelque sorte veut tout dire son contraire et aussi une voix tierce.

Les principes ne sont plus ce qu’ils étaient, « la philosophie on ne devrait l’écrire qu’en poésie » remarque Wittgenstein.
En mêlant les qualificatifs du jour et de la nuit Rosmarie fait un maelstrom de racines à la pelouse qui n’en a cure.

La logique n’est d’aucun secours quand tu ne connais pas les postulats.
(RW, lRdlP, 76)
(…)

André Paillaugue dans Junkpage a écrit:

La démarche de Stiegler est préfigurée de manière non négligeable par le diagnostic de nos maux que constitue La Revanche de la pelouse, méditation poétique de Rosmarie Waldrop. Aux confins de la philosophie analytique et du legs de Wittgenstein, Rosmarie Waldrop a évalué à l’aune du concept de tiers exclu ce que la science issue de la Modernité permet et ne permet pas à une possible poésie dialogale qui envisagerait l’amour, l’être au monde et la vie relationnelle du point de vue d’une phénoménologie de la perception en acte − dont acte.

Christophe Kantcheff dans POLITIS a écrit:

"Il serait bien imprudent d'esquisser ici les thématiques abordées par Rosmarie Waldrop. On discerne tout de même qu'y revient la question de sa propre présence dans l'espace., du volume qu'on y occupe, du plein ou du vide existant entre l'autre et soi. Avec une importance du corps, en particulier celui de la femme, de la physique et du mouvement."

Alain Nicola - L'Humanité dans Le choix des libraires.com a écrit:

Rosmarie Waldrop avance, pose son regard sur le réel, ses détails, ses hirondelles, tenant la balance égale entre l'abstraction et le monde, celui de «l'écart et ses hautes herbes». On ne gagne pas à tous les coups : «Ce qu'on laisse filer, on le laisse filer.»...
Rosmarie Waldrop se situe au premier plan de ces poètes pensifs qui, des deux côtés de l'Atlantique, travaillent ce domaine, ne lâchant rien de ce qui peut plaire et toucher, ne renonçant pas à faire du poème un outil de connaissance. Ainsi «l'encre se dissout dans une langue plus profonde et à la fin l'eau coule claire».


À propos de l’auteur

Née en 1935 en Allemagne, Rosmarie Waldrop vit à Providence, Rhode Island (États-Unis). Elle est poète, traductrice et, avec son mari Keith Waldrop, co-dirige les éditions Burning Deck depuis 1961. Cette maison d’édition au long cours est un cas unique, un modèle clef dans le monde de l’édition de poésie. Rosmarie Waldrop a traduit entre autres Edmond Jabès, Jacques Roubaud, Emmanuel Hocquard, et plusieurs poètes allemands. Des traductions de son travail ont été publiées en France et dans de nombreux pays d’Europe.
Les livres qu’elle écrit en commun avec Keith Waldrop seraient l’œuvre d’un « troisième Waldrop », qui n’écrit ni tout à fait comme Keith, ni tout à fait comme Rosmarie.

Bibliographie

En français (livres traduits de l'américain) • En voie d'abstraction, traduit par Françoise de Laroque de Driven to Abstraction, L'Attente, 2020 • Manuel de mandarin, traduit par Bernard Rival, contrat maint, 2016 • La revanche de la pelouse, traduit par Marie Borel & Françoise Valéry de The Lawn of Excluded Middle, éditions de l’Attente, 2012 • La route est partout, traduit par Abigail Lang de The Road is Everywhere, éditions de l’Attente, 2011 • d’Absence abondante, traduction collective dirigée par Pascal Poyet, de Lavish Absence, contrat maint, 2009 • Dans n’importe quelle langue, traduit par Pascal Poyet, contrat maint, 2006 • La reproduction des profils, traduit par Jacques Roubaud, Melville, 2004 (première édition : La Tuilerie Tropicale, 1991) • Pelouse du tiers exclu, traduit par Marie Borel, extrait de The Lawn of Excluded Middle, Format Américain, 2001 • Pré & con, traduit par Pascal Poyet, contrat maint, 1999 • Quand elles sont douées de sens, traduit par Françoise de Laroque, Spectres Familiers, 1989 • Différences à quatre mains, traduit par Paol Keineg, Spectres Familiers, 1989 • Le mouchoir de la fille du roi Pépin, traduit par Rosy Pinhas-Delpuech, Liana Lévy, 1989 • Comme si nous n'avions pas besoin de parler, traduit par Roger Giroux, Terriers, 1980 De Keith & Rosmarie Waldrop • Un cas sans clef, traduit par Marie Borel et Françoise Valéry, éditions de l’Attente, 2010 • Light Travels, traduit par David Lespiau, éditions de l’Attente, 2006 • Tome un, traduction collective Royaumont et Juliette Valéry, Créaphis (Un bureau sur l'Atlantique), 1997 Dans des anthologies ou en revue • Royaumont : traduction collective 1983-2000, Rémi Hourcade, Grâne, pp. 497-503, Créaphis, 2000 • Fenêtre d’accélération, traduit par André Paillaugue, 3ème partie du livre The Lawn of excluded Middle (Duration Press, 1993), revue Action poétique n° 160-161, octobre 2000 • Je te continue ma lecture, M. Cohen-Halimi & F. Cohen, P.O.L, 1999 • Une "Action Poétique" de 1950 à aujourd'hui, Pascal Boulanger, Flammarion, 1998 • Le poète d'aujourd'hui (1987-1994), Dominique Grandmont, Maison de la Poésie Rhône-Alpes, 1994 • 20 Poètes Américains (M. Deguy/J. Roubaud), Gallimard, 1980


Magic tour

par Suzanne Doppelt, François Matton

Couverture d’ouvrage : Magic tour
Fiche technique :Prix : 11,00 € EUR
ISBN : 978-2-36242-030-6
Taille : 16,50 x 23,50 cm
Pages : 40

Encyclopédie paradoxale

Pour faire le tour du monde en quelques pages, dans les airs, la vraie vie est dans les nuages, ou à la nage, il faut lancer des cailloux partout, chevaucher les lignes de partage, passer les frontières, ne pas avoir les pieds trop tournés, respirer en surplomb, goûter le vide, tourbillon, vertige, avoir le ventre plus gros que les yeux, ne pas s’en tenir aux mots, attraper des images, le monde dans une copie, gribouiller, brouiller les pistes, effacer les traces, repasser au même endroit car 2 fois au moins il faut dire ce qui le mérite : et on aura une petite encyclopédie paradoxale et magique.

Critiques :Catherine Pomparat dans Remue.net a écrit:

Le lexique et des énoncés utilisés dans ce catapoème sont directement et indirectement empruntés aux "légendes" [au sens de écrites à la main et devant être lues] qui vont avec les dessins [au sens de dessinés à la main et devant être vus] et avec les images (photographiques) [au sens de prises à l’appareil et devant être mises en regard] du livre MAGIC TOUR publié par Suzanne Doppelt et François Matton aux éditions de l’Attente.


À propos des auteurs

Suzanne Doppelt

Suzanne Doppelt écrit et fait des photographies. Son travail, qu’elle publie et expose régulièrement, associe de manière étroite littérature et photographie. Elle a publié plusieurs livres.
Elle a exposé ses photographies dans divers lieux parmi lesquels : Le Centre Pompidou à Paris, l’Institut français de Naples, la fondation Royaumont, l’université de New York, la galerie Martine Aboucaya, le musée du Louvre…
Elle est la fondatrice et directrice, en collaboration avec Pierre Alferi, de la revue littéraire Détail. Elle dirige la collection "Le rayon des curiosités" chez Bayard et fait partie du comité de rédaction de la revue Vacarme.

Bibliographie

- Vak spectra, POL, 2017 - Amusements de mécanique, POL, 2014 - Magic tour (avec François Matton), éditions de l'Attente, 2012 - La plus grande aberration, POL, collection "Poésie", 2012 - Lazy Suzie, POL, collection "Poésie", 2009 - Le monde, il est beau, il est rond, Amis d'inventaire-invention, 2008 - Peint en rouge : textes et images, Amis d'inventaire-invention, 2008 - Le monde est beau, il est rond, éditions Inventaire-Invention, 2008 - Lazy Suzie, P.O.L, 2009 - Le pré est vénéneux, P.O.L, 2007 - Quelque chose cloche, P.O.L, 2004 - Totem, P.O.L, 2002 - Raptus, éditions de l'Attente, collection "Week-end", 2000


François Matton

François Matton est dessinateur et écrivain. Il est né à Paris en mars 1969.
Enfance heureuse et insouciante perturbée par de violentes crises d’asthme. Bon élève dès la maternelle (bien qu’un peu effacé), il le restera jusqu’à la fin de ses études aux Beaux-Arts de Nantes puis à l'École d'art et de design de Reims. Vivant de peu, se contentant d’un rien, son existence frappe par son absence totale de faits remarquables : aucun voyage à l’étranger, aucune aventure amoureuse, aucune rencontre fondatrice, aucune ambition sociale, nulle tentative de sortir de l’ordinaire.
Il passe beaucoup de temps dans les bibliothèques municipales à feuilleter tout ce qui lui tombe sous les yeux : de vieux romans jaunis, des guides de voyage des quatre coins du monde, des récits d’aventures exaltés, des bandes dessinées écornées, des ouvrages mystiques, des livres de recettes. Mis à part de fréquentes promenades non loin de chez lui, son unique plaisir consiste à rester seul dans son appartement à ne rien faire. Il a d’ailleurs pour cela une disposition qui, pour le coup, semble exceptionnelle. C’est un peu comme si ne rien faire coïncidait chez lui avec le plus grand sentiment d’être.

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Être quoi ? Essentiellement rien – et c’est de cela qu’il tire sa joie.
La conscience de n’être rien l’amène au cœur du monde. N’étant rien, il prétend se faire espace d’accueil pour tout. Et c’est précisément cette ouverture qui le pousse à dessiner ce qu’il appelle "les infinies manifestations du même". Il voit dans sa pratique du dessin, qu’il lie à l’écriture, une façon de célébrer tout qu’il perçoit : le plus proche comme le plus lointain, le plus trivial comme le plus noble, le plus grave comme le plus léger. Tout vient se placer sur sa feuille sans aucune hiérarchie. Tous les registres se mêlent indifféremment, ce qui donne lieu à de curieuses rencontres. C’est là que commence et finit la seule curiosité d’une existence des plus effacées.
Il oriente progressivement sa pratique artistique vers le dessin et l'écriture. Il est l'auteur de livres mêlant textes et dessins, publiés pour la plupart aux éditions P.O.L. Il publie régulièrement sur son blog à dessin ; il le conçoit comme un laboratoire pour expérimenter les liens les plus divers entre textes et dessins. « Un manuel de survie pour Robinson citadins, un lieu où défouler des humeurs feintes, un carnet de notes encourageant à mieux voir le monde, un bréviaire pour une vie meilleure, une trousse à outil pour bricoler l’inutile et l’incurable. » Il vit et travaille actuellement à Paris.

Regrouper


Bibliographie

• Exercices de poésie pratique, P.O.L, 2017 • Oreilles Rouges et son maître, P.O.L, 2015 • 220 satoris mortels, P.O.L, 2013 • Dictionnerfs (avec Mathieu Potte-Bonneville), Le bleu du ciel, 2012 • Magic tour (avec Suzanne Doppelt), L'Attente, 2012 • Une petite forme (avec Didier da Silva), P.O.L, 2010 • Autant la mer, P.O.L, 2009 • Sous tes yeux, P.O.L / Demipage / 5c, 2008 • De pièces en pièces, P.O.L, 2007 • Crabe sur son île, Petit POL, 2006 • Comment j'ai cassé mes jouets, Petit POL, 2005 • J'ai tout mon temps, P.O.L, 2004 • El (récit de Renaud Camus), P.O.L, 1999 • Lignes de fuite, Dumerchez, 1999 (épuisé).


Individu premier

Cinématographie de Bernard Stiegler

par Alain Jugnon

Expérience philosophique

Premier livre publié en France sur l’œuvre philosophique et la vie de Bernard Stiegler, cet essai donne un accès direct à la pensée stieglerienne. L'auteur montre aussi les sources qui l’animent : Deleuze, Derrida, Paulhan, Valéry ou Beckett. Prenant appui sur les livres majeurs de Stiegler, Alain Jugnon éclaire son propos par des entrées multiples : poésie, théâtre, cinéma…

Parution :
Thématiques :
Extrait :

L’homme est cinéma. C’est le moyen que l’homme invente quotidiennement pour être en forme. Aucune autre scène ne l’intéresse : corps et âme sur l’écran mobile de sa vie intérieure et de son vivre social, c’est tout lui. Cinéma car en première instance espace vivant et temps présent. Il se tient aux deux, ensemble, quoiqu’en dise Pascal (nous nous perdons hommes par la séparation que nous sommes, défaits des lieux que nous habitons, dépris des temps que nous travaillons), il s’arrime à eux, comme le dit Montaigne (nous nous tenons humains les uns les autres par la langue que nous vivons, selon lignes, plans, cadres et séquences).

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Bernard Stiegler est conscient de tout ce cinéma. C’est sa position dans la philosophie : disjonctive par conjonctivité. Marquante et démarquée. Socratique en un mot. Tout ce qui sera dit ici ne devra pas être retenu contre lui, la cité athénienne a fermé ses portes, règnent ici le manque de sérieux en politique, la fin de toute justice sur terre et la grande débandade religieuse : Stiegler, seul, prend la balle philosophique au bond de cette dégringolade, pour dire qu’il est question pour l’homme moderne de se savoir en phase d’ascension, en cours de construction, comme toujours et nécessairement. Les hommes poursuivent et poussent devant eux leur humanité, et il ne peut être question de ne pas poursuivre ou de ne pas pousser. Socrate ici fait l’affaire : seul, homme, en prison, pour mourir vite, mais homme jusqu’au bout de l’âme. Ce n’est pas l’âme de Socrate qui est immortelle, c’est lui, en Socrate et en homme. Socrate pour Bernard Stiegler est l’homme, en totalité.

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Critiques :André Paillaugue dans Junkpage a écrit:

Pour lui comme pour Stiegler, de Socrate à Nietzsche et au-delà, nous sommes redevables de notre humanité à des individus premiers, philosophes et autres personnages, qui tous nous appellent à l’individuation voulue et pensée de chacun, et dont la mémoire nous est présente grâce à des « rétentions tertiaires », soit la mémoire de l’humanité archivée au moyen de la technique, en constante interaction avec notre mémoire personnelle, immédiate et à long terme. Par ailleurs, notre temporalité est désormais cinématographique (…)


À propos de l’auteur

Alain Jugnon est philosophe et écrivain. Il enseigne la philosophie dans un lycée public. Il est l'auteur de pièces de théâtre et d'essais philosophiques. Il dirige les Cahiers Artaud aux éditions Les Cahiers.

Bibliographie

Philosophie - Redrum, à la lettre contre le fascisme, collectif (coord.), Les impressions nouvelles, 2015 - La trique de nos meneurs ou le nanar chrétien, Dasein, 2014 - Cahiers Artaud n°1, (coord.), Les Cahiers, 2013 - Technologiques, la pharmacie de Bernard Stiegler, collectif (coord.), Éditions Nouvelles Cécile Defaut, 2013 - Individu premier, L'Attente, 2012 - Antichrists et philosophes, Obsidiane, 2012 - Les chiens de garde de la Sarkozie, Golias, 2012 - Pour en finir avec la mort des poètes, Le Limon, 2012 - Contre-attaques [perspective 2 : Jean-Marc Rouillan avec Lefebvre, Goldman, Bensaïd], collectif (coordination), Al Dante, 2011 - Révolutions nous !, D’ores et déjà, 2011 - Le devenir Debord, Nouvelles éditions Lignes, 2011 - Nietzsche et Simondon, Le Théâtre du vivant, Dittmar, 2010 - Artaudieu, Nouvelles éditions Lignes, mars 2010 - Contre-attaques [perspective 1 : Michel Surya avec Pascal, Kafka, Beckett], collectif (coord), Al Dante, 2010 - À corps défendant, Nous, 2010 - L’écriture matérielle, Le Limon, 2010 - Pourquoi nous ne sommes pas chrétiens, (coord), Max Milo, 2009 - La révolution nécessaire, laquelle ?, (coord), Golias, 2009 - Dans la transmission des valeurs, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou À l’école des instituteurs immoraux, Pleins Feux, 2009 - Encyclique anale, Parangon/vs, 2008 - Avril - 22 ceux qui préfèrent ne pas, (coord), Le Grand Souffle, 2007 - Le Contredieu et autres guerres dans les lettres humaines, Le Grand Souffle, 2006 - Michel Onfray, la force majeure de l’athéisme, Pleins Feux, 2006 Théâtre - En Ordre de Bataille, A Contrario, 2005 - Nietzsche se marie, A Contrario, 2004


Confiotes

par Rémi Checchetto

Couverture d’ouvrage : Confiotes
Fiche technique :Prix : 10,50 € EUR
ISBN : 978-2-914688-37-6
Taille : 19,50 x 14,50 cm
Pages : 80

70 variations sur la confiture

Bien entendu, la confiture est ici prétexte à faire un livre de mélanges, tout en improvisation. La confiote contre notre monde de brute, la confiote comme résistance langagière face à l’autoritaire confiture du Petit Robert, la confiote, ce "témoin" de notre vie sentimentale, familiale, amoureuse (sur la table du petit-déjeuner). Les variations sont courtes, rythmées, et l’on saisit vite le projet de Rémi Checchetto : exprimer sa vision du monde par le prisme de la confiture. (…) (Marie-Laure Picot, CCP n°12)

Parution :
Thématiques :
Extrait :

De l’abricot du roussillon à sept euros cinquante la cagette, du perlé à point, du petit boulé, de la fraise à papy, de l’aigrette du cantal, du hasard de promenade, du tamis de nylon, du petit filet, du lissé, du bien dosé, de l’étiquette à l’encre violette, du pèse-sirop, de la recette de myrette tiano, de la pomme chapardée, du melon rouge gorge, une tentative à la carotte, une tentation à l’ananas, du perlé, du cassé, des trois fruits rouges, de la casserole en cuivre, de la cuillère en bois, du petit carré de cellophane, de la louche, du dénoyauteur, du citron pas traité, de la groseille du jardin, de la boule molle, de la boule plus dure, du sureau du chemin, du bol d’air, de la groseille à froid, de la petite éponge rectangle, du nappé, du soufflé

*

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Et dans le pot de confiote comment se fait-il qu’en de si bonnes choses qui y sont, un jour vers 7 heures du mat’ ou 16 du tantôt on y découvre moisissures, comment que ça se fait ça, mal fait ça, que du pourri, il faut bien le dire tel quel, vient là où que des bonnes choses il y a ? que de l’altération jusqu’à la putréfaction, du déni jusqu’à l’horreur naissent là où sont que des fraises et du sucre cuits à la bonne température et au juste temps du perlé ? ça c’est un beau jour qu’on se dit tel quel telles choses et un autre jour qu’on est dans la vie comme une limace sur la côte du ventoux, on se dit mais oui c’est sûr l’homme est comme la confiote, il peut très bien être le pire du pourri là même où il est d’ordinaire si bon et tant bien sucré

*

La confiote est un bout d’existence au bout d’exigences, elle est au bout de l’artisanat forcené et fanatique, entêté et incessant et désintéressé de la nature, elle est de la nature qui trouve une nouvelle nature après le petit artisanat tranquille pépère de l’homme, la nature disparaît en même temps que le fruit dans la confiote, les pensées du fruit fléchissent, s’en vont, son avenir cède brutalement la place à la première seconde de la cuisson, ses yeux se ferment et ne voient plus et c’est à peine si on remarque qu’une large grimace barre le peau du fruit, c’est que nous sommes occupés à autre chose, emplis que nous sommes de l’avenir radieux et durable que nous offrons là à la poire williams dont la vie sans nous serait si courte, ah là là !

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Critiques :Cécilg dans Tombé du ciel a écrit:

Un plaisir que de déguster ces quelques 70 confiotes.

Lecture par des lycéens dans YEUSE Radio a écrit:

La confiture ça dégouline


À propos de l’auteur

Poète, Rémi Checchetto a publié de nombreux livres chez plusieurs éditeurs. Lecteur sur scène de son travail il collabore régulièrement avec des musiciens (Titi Robin, Louis Sclavis, Bernard Lubat, Chris Martineau, André-Marc Delcourt, Hélène Breschand…). Dramaturge, il a écrit pour le théâtre des pièces qui ont été mises en scène par Fabien Bergés, Alexia Vidal, Patrick Séreaudie, Bela Czupon, Jean-Marc Bourg, Alexandra Tobelain, Henri Uzureau…

Bibliographie

• Tout l'univers, L’Attente, 2022 • Qui sommes-nous, qu’il nous faille cette encre dans le sang ? Script 2021 • Partir, naviguer, arriver et autres constructions pas fatalement intempestives, Lanskine, 2020 • Laissez-moi seul, LansKine, 2018 • Nous ne sommes pas des héros, L’Attente, 2018 • Larsen, Tarabuste, 2017 • Le gué, Dernier télégramme, 2017 • ci même, Tarabuste, 2015 • Boomerang, Potentille, 2016 • Les arbres ne parlent plus oiseau, éditions du Petit Flou, 2016 • Apéro, L’Attente, 2013 • Pas parler parole, L’âne qui butine, 2013 • Que moi, Espaces 34, 2013 • Jours encore après, Tarabuste, 2013 • L'Homme et cetera, Espaces 34, 2012 • Kong mélancolia, Espaces 34, 2011 • Très grand gel, avec les dessins de Shirley Carcassonne, l'Improviste (collection "Un petit siècle épatant"), 2011 • Puisement, Tarabuste, 2010 • Bruissement, ça hésite encore, Script, 2010 • King du ring, Espaces 34, 2009 • Nous, le ciel, L’Attente, 2007 • Une disparition et tout et tout, L’Attente, 2006 • Le monde presque seul, catalogue d’exposition de Mitsuo Shiraishi, 2006 • Valises, Script, 2006 • Là où l’âme se déchire un peu mais pas toute, Inventaire-Invention, 2006 • Confiotes, LAttente, 2005 • Portes, Script, 2003 • P’tit déj, L’Attente, 2003 • Un terrain de vagues, coédition Script et théâtre des Tafurs, 1999 • Manèges, Lucie Lom, 1999


De ma main gauche

par Michel Clavel

Florilège manuscrit

L’auteur nous livre ici un savoureux florilège à la fois ingénu et grave, manuscrit de sa main gauche comme l’indique le titre. N’y voyez pas de mépris pour les gauchers, la main gauche s’entend comme la plus maladroite des deux et pourrait tout aussi bien être la droite, suivant la latéralisation de chacun. Les lecteurs de tous les âges y reconnaîtront les petites et les grandes préoccupations liées à la condition physique, ô combien connectée à celle de l’esprit, et sous l’apparente futilité de ces déclinaisons se dessinent les grand beaux thèmes de la réflexion sociale : l’engagement, l’altérité, l’empathie, l’amour, la solidarité, la diversité, la tolérance, l’amitié, la santé, la culture, l’entraide, le travail, le loisir… Ainsi par nos deux mains, la gauche et l’adroite s’équilibrant, nous nous trouvons incarner un véritable modèle de société.

Parution :
Thématiques :
Extrait :

ma main gauche vit aux crochets de la droite.

ma main gauche a la belle vie.

ma main gauche n’a pas l’air plus reposée que la droite.

ma main gauche se fatigue vite.

ma main gauche pend quand la droite serre une main.

ma main gauche ne serre pas de mains.

ma main gauche n’a pas droit de cité.

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À propos de l’auteur

Michel Clavel, né à Annecy, vit à Paris. Il a commencé à publier régulièrement des textes dans les revues Formules et Formes Poétiques Contemporaines à partir de 2002.

Bibliographie

• 
De ma main gauche, éditions de l’Attente, collection Spoom, août 2012 • Paris en cube et Laville, revue Formules n°14, juin 2010 • Le petit livre à offrir à un amoureux des mots, éditions Tana, septembre 2009 • Traductions homographiques, revue Drunken Boat n°10, juin 2009 • U et Zinedine Zidane, revue Formules n°12, juin 2008 • 
(Re)connaissez-vous Paris ?, éditions Parigramme, octobre 2007 • Paris en jeux, éditions Parigramme, janvier 2006 • Deux poèmes à répétition, revue Formules n°10, juin 2006 • 
De ma main gauche, éditions de l’Attente, collection Vade-mecum, juillet 2006 • 
L’eau – Un poème pour l’icosaèdre, revue Formules n°9, juin 2005 • 
Polyèdres, revue Formes Poétiques Contemporaines n°1, juin 2003 • Passe-passe, revue Formules n°6, avril 2002 • 
Les Poupées russes, revue Formules n°6 ½, septembre 2002