Sélectionner une page

Centre épique

par Jean-Michel Espitallier

Traversée du XXe siècle
Avec Ciclic Centre-Val de Loire

Récit-documentaire écrit en résidence dans l’agence Ciclic Centre-Val de Loire, autour de films d’archive sur les us et coutumes dans les villages à travers le vingtième siècle, de la première guerre mondiale aux grandes grèves de 1995. Le texte est ponctué de photogrammes et de codes QR qui permettent de visionner les films.

Voir l'image de couverture

 

Lecture d'un extrait par l'auteur

Parution :
Artistes de couverture :
Thématiques :
Extrait :

Alors au départ, c'est un peu compliqué.

LIRE PLUS

C'est un peu compliqué parce qu'il y a le jeu des alliances, des mésalliances, des combines et des intérêts, et parce qu'il y a la comédie des généalogies royales, lignages, protocoles, valse des étiquettes, mélis-mélos partout, et c'est quand même un peu compliqué à cause des micmacs et des copinages, renvois d'ascenseur, savonnages de planches, pas mal compliqué aussi avec tous ces empilements de hiérarchies militaires enjolivées de plumes, pompons, breloques, esprit chevaleresque sur canons de 105, et parce qu'il y a les paquets d'histoire avec dedans les bisbilles ancestrales, et à cause des bricolages politiques, tripatouilles industrielles, calculs de banquiers, virgules, pourcentages, bookmakers à Légion d'honneur, et parce qu'il y a les jongleurs sur cartographie et les tireurs de plans sur la comète, et tout ça se met à glisser comme au patinage artistique sur un tapis de frontières qui soudain ne satisfait plus personne.

REGROUPER
Critiques :Christian Rosset dans DIACRITIK a écrit:

Parfois on s’interrompt quelques secondes afin de réfléchir sur le fait qu’il y aurait peut-être ici à l’œuvre un renversement des rapports “classiques” entre image et texte. On se demande auquel des deux pourrait-on être en droit d’accorder le rôle d’illustration ? Ou s’il n’y aurait finalement plus d’illustrations dans ce projet, comme déjà dit, d’un “genre nouveau”, au profit d’une nouvelle forme de dialogue ?

Isabelle Maton dans Livre Ciclic a écrit:

"Centre épique" est la promesse d’une rencontre entre ces relais du passé [les films documentaires amateurs collectionnés par l'agence], propices à la création et un auteur, Jean-Michel Espitallier, un formidable allié, parfait ambassadeur à plume vive et complexe qui fait la lumière sur ce trésor cinématographique. Poète inclassable, Jean-Michel Espitallier aime « bricoler » la langue pour réinventer des formes neuves, jouer avec les mots et la fantaisie, utiliser l’absurde autant que la dérision, et déplacer ainsi la notion de poésie.

Objet voguant entre tradition du passé et singularité du présent, ce livre invite à plonger, avec nostalgie et/ou curiosité, dans ce passé révolu mais ô combien présent. Il est possible de lire et consulter à la volée les archives du site memoire.ciclic.fr à l’aide d'un smartphone.

En attendant le 9 octobre 2020, date de parution de "Centre épique" aux éditions l'Attente, Jean-Michel Espitallier répond à quelques questions sur la genèse de ce projet singulier...

Alain Nicolas dans L'Humanité.fr a écrit:

Aujourd'hui, on "lit-visionne" "Centre épique" de Jean-Michel Espitallier, une drôle d'histoire des cent dernières années dans le fonds des films d'amateur de la région Centre Val de Loire. Une expérience de lecteur-regardeur étonnante.

Séquelle #18 Jean-Michel Espitallier, l’épopée dans l’absence

L’auteur de « Cow boy » propose un parcours dans cent ans d’histoire à partir de cent films d’amateurs du patrimoine audiovisuel de la région Centre-Val de Loire. Un livre qui renouvelle la lecture et les notions de passé et de présent, et un texte teinté d’une ironie nostalgique.
Dans les rues d’Illiers-Combray, qui ne s’appelait en 1944 qu’Illiers et
n’avait pas associé à son nom celui de la ville rendue célèbre par Marcel
Proust, les chars américains passent à petite vitesse, s’arrêtent parfois
pour que quelques habitants serrent les mains des soldats, ou leur passent une bouteille de vin. Pas d’embouteillage, pas de grappes de jeunes filles au cou des GI. La liesse est réelle, mais maîtrisée. On est loin des mises en scène du « Paris libéré ». C’est ce qu’on peut déduire de l’extrait de film de sept minutes « contenu » dans le livre de Jean-Michel Espitallier.
Pour être exact, il conviendrait de parler du « film à quoi renvoie le QR
code contenu » dans Centre épique.
On l’aura compris, le livre de Jean-Michel Espitallier renouvelle les
rapports de l’écrit et de l’image. Pas d’illustrations du texte, pas de
commentaire de l’image, mais un travail de lecture du fonds d’archives
filmique de la région Centre-Val de Loire, constitué par Ciclic, l’agence
régionale qui travaille aussi sur la littérature et a proposé cette
intervention à l’écrivain.
Le livre que Jean-Michel Espitallier a écrit est un livre d’histoire. Il
nous raconte les événements, petits et grands, les époques, les danses, les vêtements, les animaux, les mots. Épique, il l’est dans la mesure où il
prend tout, le petit et le grand de l’histoire, avant que les spécialistes
ne la découpent en petits domaines. Il joue au jeu des coïncidences, et
n’hésite pas à rappeler que c’est en 1940 que naissent Bugs Bunny et
Catwoman, et que paraît l’ Anthologie de l’humour noir d’André Breton.
On pourrait prendre cela pour un procédé, mais c’est ce à quoi invitent les quelque cent petits films proposés (on allait dire « projetés ») en marge du texte.
Le livre pose ainsi triplement la question de l’auteur. Choisir les films,
choisir les événements racontés, choisir enfin le registre de la voix
narrative. Ceux qui connaissent Jean-Michel Espitallier savent qu’il n’est
pas du côté de la grandiloquence ou de l’épanchement. Mais l’humour dont il fait preuve, s’il est parfois grinçant, n’est jamais teinté de mépris, sauf pour les puissants, tels les officiers « bêtes à manger de la paille, aussi cyniques que des capitaines d’industrie ». Ainsi, après un extrait montrant, symétriquement à celui d’Illiers-Combray, un défilé de troupes allemandes dans les rues quasi-désertes de Chatillon-Coligny, on peut lire. « Le passé est toujours rassurant quand on connaît la suite. Surtout si tout est bien qui finit bien. » Ce qui ne devait certainement pas être le cas des contemporains de la scène.
Centre épique, pour être apprécié, doit être littéralement lu-visionné.
Une remarque ne prenant son sens, sa valeur empathique ou ironique, qu’en rapport avec le matériau filmique. L’inverse est encore plus vrai, le texte ne jouant pas le rôle de commentaire, moins encore de fil conducteur. Au fur et à mesure que l’on se rapproche du présent, les souvenirs personnels du lecteur interfèrent dans le récit, et un commentaire intérieur vient faire contrepoint au texte de Jean-Michel Espitallier. Le fait est d’autant plus intéressant que, vers les années 60-70, la musique prend plus de place et le livre se dote d’une véritable bande-son mentale. Ainsi, avant deux pages de playlist des années soixante-dix, l’auteur s’adresse à nous : « essayez-vous au quizz de ces chansons d’un autre âge. Fredonnez-les pour voir si vous avez gagné. » Le projet reste centré sur le patrimoine cinématographique régional, mais on se prend à rêver ce que serait un livre ouvrant sur Spotify ou Deezer. Cela doit exister, évidemment.
« Si vous vous souvenez des années soixante-dix, c’est que vous n’y étiez pas. Si vous ne vous en souvenez pas, vous n’y étiez pas non plus. » L’histoire, nous n’y sommes jamais. Il y faut des poètes épiques. Il en est un.

Fabrice Thumerel dans AOC a écrit:

Ce n’est pas l’histoire d’un centre hippique, non, mais bien d’un « centre épique » : à partir d’images d’archive, Jean-Michel Espitallier parcourt à très vive allure un siècle d’histoire, de la Grande Guerre à aujourd’hui, dans un poème-récit totalement à rebours du roman national et de la Grande Histoire. Résumés lapidaires pleins de désinvolture, analyses socio-politiques subversives, comique excentrique voire extravagant : autant de moyens de démystifier les mythes de la modernité.

Adrien Meignan dans ADDICT-CULTURE a écrit:

Ce n’est pas un texte d’historien mais bien celui d’un écrivain-poète, amateur de musique rock. Jean-Michel Espitallier bat la langue comme il peut battre sa batterie. Nous sommes loin d’un éloge nostalgique mais plutôt du côté d’un regard acerbe et sans concession. Le poète met le doigt là où tout semble se dérégler dans le roman national. Les caméras ont capté bien plus que des moments de vies. C’est une mécanique foutraque dont la musique semble alerter les fausses routes.

Hugues Robert dans CHARYBDE a écrit:

Transformer les milliers de films d’amateurs archivés par la région Centre-Val-de-Loire depuis 1919 en matière première pour une véritable épopée échevelée ou pour un récit national poétique, malicieux et irrévérencieux. Éblouissant.

Christophe Fiat dans COCKPIT CRITIQUE CLUB a écrit:

CHAMPAGNE POUR TOUS
Christophe Fiat
La boîte noire, black box du cockpit, continue de donner de la voix, des voix avec des écrits bruts, des formes exorbitantes + toujours le poster du mois et nos feuilletons.
Cette année, à nulle autre pareille, nous aura au moins enseigné ça : l’art - surtout lorsque son médium est la langue - est essentiel, constitutif d’un monde, même devenu environnement hostile ou zone sinistrée. On peut maltraiter la culture ou l’ignorer mais il est difficile de négocier avec l’art qui n’est ni une marchandise à part entière, ni une condition de vie prodiguant du réconfort. L’art est un risque à prendre, un danger bien réel dont l’image de l’envol chère à la revue illustre le mouvement, oui, une image qui tient autant du Pop que du Punk par son effet de surprise (surgir !) et notre goût pour le DIY (faire les choses soi-même abruptement !).
L’hiver arrive. Les derniers jours de 2020 s’annoncent non pas tristes, ni moroses mais martialement contrôlés par un gouvernement décrétant à la va-vite que toute fête est « sauvage ». Alors, concluons cette année en beauté en compagnie du subversif et enthousiaste Arrabal et de son grand ami Topor : « - On reconnaît, Topor, les histoires qui racontent la vérité à ce qu’elles n’ont pas de chute ? – De minuscules fantasmes hantent-ils encore, la nuit venue, les châteaux de sable que je construisais enfant, dans la cour de la ferme à Saint-Offenge… Pour me cacher de… - Topor, les amis… viennent d’arriver… Ils sont plus nombreux que jamais. – Parfait ! Garçon !
De ma part… Champagne pour tous !* » .

Evelynes Sagnes dans DÉSIRDELIRE a écrit:

Rien moins que de traverser l’Histoire de France du XXe siècle en moins de 100 pages et de l’écrire en mettant en valeur les collections de cinéma amateur conservées par l’agence Ciclic Centre-Val de Loire, à l’origine du projet. Quel défi à relever ! Jean-Michel Espitallier l’a fait. Et c’est jubilatoire !

Jean-Philippe Cazier dans DIACRITIK a écrit:

Retour sur Centre épique, récit-documentaire publié il y a quelques mois par Jean-Michel Espitallier. Dans ce livre, sont interrogés l’Histoire, le temps, la mémoire collective et personnelle, certains des récits qui donnent du sens au siècle (le XXe). Ce questionnement – cette problématisation – se fait toujours du point de vue d’une écriture qui propose et, dans le même geste, défait, efface, déchire, accumule les ruines : écriture-temps, écriture-durée synonyme aussi de chaos. Entretien avec l’auteur.


À propos de l’auteur

Jean-Michel Espitallier est né en 1957. Il est le cofondateur de la revue Java (28 numéros de 1989 à 2006) et a coordonné le numéro du Magazine littéraire sur la «  Nouvelle Poésie française  » (mars 2001). Depuis 2002 il se consacre exclusivement à l’écriture. Poète inclassable, Jean-Michel Espitallier joue sur plusieurs claviers et selon des modes opératoires constamment renouvelés. Listes, détournements, boucles rythmiques, répétitions, proses désaxées, faux théorèmes, propositions logico-absurdes, sophismes tordent le cou à la notion si galvaudée de poésie en inventant des formes neuves pour continuer de faire jouer tout le bizarre de la langue et d’en éprouver les limites. Il a notamment publié «  Cow-boy  », Inculte, 2020 ; «  Salle des machines  », Flammarion, 2015 ; «  Caisse à outils : un panorama de la poésie française aujourd’hui  », Pocket, 2006 (nouvelle édition, coll. «  Agora  », 2014).

Bibliographie

Centre épique, L'Attente (avec Ciclic Centre-Val de Loire), 2020.Cow-boy, Inculte, 2020. La Première Année, Inculte, 2018. Tourner en rond : de l’art d’aborder les ronds-points, PUF, 2016. France romans, Argol, 2016. • Salle des machines, Flammarion, 2015. • Un rivet à Tanger, CIPM, 2013. • L’Invention de la course à pied, Al Dante, 2013. • De la célébrité – théorie & pratique, éd. 10/18, 2012. • Cent quarante-huit propositions sur la vie et la mort & autres petits traités, Al Dante, 2011. • Syd Barrett, le rock et autres trucs, Philippe Rey, 2009, nouvelle édition Le Mot et le Reste, 2017. • Tractatus logo mecanicus (pensum), Al Dante, 2006. • Caisse à outils, un panorama de la poésie française aujourd’hui, Pocket, 2006, nouvelle édition 2014. • Toujours jamais pareil (avec Pierre Mabille), Le Bleu du ciel, 2005. • Où va-t-on ? (extrait), Le Bleu du ciel, coll. « L’Affiche », 2004. • En guerre, Inventaire-invention, 2004. • Le Théorème d’Espitallier, Flammarion, 2003. • Fantaisie bouchère, Derrière la Salle de Bain, 2001 (et édition bilingue français-anglais, Duration Press, New York, 2004). • Gasoil : prises de guerre, Flammarion, 2000. • Pièces détachées, une anthologie de la poésie française aujourd’hui, Pocket, 2000, nouvelle édition 2011. • Pont de frappe, Fourbis, 1995.


Album photo

par Jérôme Game

Photopoèmes
Avec le soutien du Centre national du livre

Traversant le flux des images qu’on produit et reçoit en continu aujourd’hui et sur lesquelles nos yeux glissent à vive allure, ce livre cherche à ralentir notre regard, à lui redonner une prise concrète sur le monde via une multitude de photopoèmes. Ces images-récits sonnent comme des débuts, ouvrent sur des possibles, invitent à faire un pas de côté hors de la frénésie pour retrouver un regard sensoriel et critique. Dans ce livre comme trempé dans du révélateur poétique, un contrechamp s’ouvre à même la photogénie de la globalisation.

 

Lecture d'un extrait par l'auteur

Extrait :

(p. 29-33)

En plein contre-jour, on voit la fenêtre du ferry-boat est énorme en biais, sur-éclairée de ciel azur, avec la mer emplissent l’image au centre, repoussant le crâne des passagers sur les bords, en ombres chinoises.

SWIPE

Ça a zoomé. On voit mieux l’immense viaduc enjambant l’estuaire pixellisé à l’extrême au loin, en gris-clair, bien flou, avec un camion plus foncé au milieu et la tour en aiguille de seringue par-derrière, élancée.

SWIPE

On voit toute la partie gauche de l’image est complètement voilée avec les deux gratte-ciel au milieu, en contre-plongée, le ciel bleu là, et les branches sur le côté, saturés. C’est une cité radieuse on dirait, avec coulures de violet, de jaune aussi, de bleu délavés mangent tout le cadre verticalement, les nuages. On sent le soleil très fort en sous-jacent.

Critiques :Alain Nicolas dans l'Humanité a écrit:

Jérôme Game, quand le mot met l'image en pause

On le feuillette, on examine les rectangles bien nets, centrés sur la page. Disposés en mode portrait ou paysage, ils évoquent des scènes parfois bien identifiées, parfois partielles et énigmatiques. « Évoquent », et non « montrent ». « Album photo » n’est pas un livre d’images, mais un album de textes. La poésie, on le sait, entretient avec l’image des rapports complexes. Ingrédient obligé de la « puissance d’évocation » si recherchée à certaines époques, elle a été, à d’autres, reléguée dans le placard des oripeaux de la « vieillerie poétique ». Jérôme Game, qui avait déjà publié des DVD de « vidéopoèmes » pose un regard neuf sur la question de l’image « dans » le texte…

Fabrice Thumerel dans LIBR-CRITIQUE a écrit:

"Au lieu d’être synthétisées pour constituer une vision cohérente, les sensations sont enregistrées au fur et à mesure par une intuition purement empirique : dans notre monde régi par la logique du ressenti, prime la conscience immédiate, un instantanéisme lié à un monde qui vit en accéléré. Le phrasé béhavioriste traduit avec brio au plan phénoménal notre nouveau rapport au monde, immanentiste. C’est en cela que Jérôme Game renouvelle l’épiphanie, un peu à la façon de Michèle Métail dans ses Portraits robots (Les Presses du réel / al dante, 2018), qui, cependant, vise l’archétypal à coups de syntagmes juxtaposés."

Adrien Meignan dans ADDICT-CULTURE a écrit:

"Ce qui ressort de cet Album photo est surtout son inventivité. Jérôme Game se saisit d’un sujet pour produire une forme poétique inédite. Il n’y a pas de discours ni de morale. Nous pouvons en tirer les conclusions que nous voulons. Le poète ne donne pas son opinion et nous laisse libre de l’interpréter. Ce que peut produire Album photo est sans doute une envie de diversifier sa façon de percevoir le monde. L’image confrontée au texte prouve qu’il existe plusieurs moyens de produire du sens."

Sally Bonn dans ARTPRESS N°482 Nov 2020 a écrit:

II fait chaud, voire super chaud, et le ciel est bleu, souvent, dans les images feuilletées et pixellisées du dernier livre de Jérôme Game, Album photo. En une multitude de vignettes d'une réalité sans cesse en mouve-ment, l'auteur saisit le bruissement de notre monde d'images. Dans ses mots, on voit des paysages, des scènes urbaines, des individus, do¬dus parfois. On survole des auto¬routes, des deux fois quatre voies, en avion. Ça vire à gauche; contre¬plongée. On traverse des foules et des carrefours, on voyage en train, on regarde par la fenêtre, on scrute des images publicitaires. On voit et on sent aussi. Sa phrase est brève et souple, précise et sensitive, et, si elle reproduit à dessein le glissement ra-pide des images virtuelles sous les doigts (ce «SWIPE » qui ponctue), elle sait aussi s'arrêter et saisir en un bloc de texte mis en page une odeur, une chaleur, une couleur, un lieu. De vagues indications géographiques que l’on débusque à travers quelques signes, quelques dates, mais ce n'est pas ce qui importe. Ce serait plutôt un saisissement qui relève autant du photographique que du cinématogra-phique dans le double jeu de la ca-méra (en héritier de Duras et de Beckett). L’outil qui sert à voir est pré¬gnant: appareil photo, téléphone por¬table, caméra de vidéosurveillance, et permet de pénétrer plus ou moins dans l'image. Qui tient la caméra, le stylo ? L’élision des pronoms person-nels évite le sujet. Et le lecteur ne sait pas toujours si ce qui est regardé est l'image prise ou le geste de la prise, tant les deux tendent à se confondre. Les rnots glissent et s'en-châssent mais chaque cadre est un précipité de réel. L’Album photo de Jérôme Game poursuit ce geste d'écriture singulier qui est le sien, ce-lui d'une langue-image au plus près du monde.

Johan Faerber dans DIACRITIK a écrit:

ENTRETIEN :
Indubitablement, Jérôme Game est l’un des poètes parmi les plus importants et les plus novateurs de notre contemporain. Comment penser autrement après avoir lu son puissant autant qu’étonnant Album Photo qui vient de paraître aux éditions de l’Attente ? Véritable plaque photosensible, ce recueil poétique égrène autant qu’il réfléchit aux images de notre temps, de celles prises par le téléphone portable en passant par celles qui envahissent les réseaux sociaux afin de dégager un possible photopoème de nos vies. Autant de pistes de réflexions amorcées par un livre décisif que Diacritik a voulu explorer avec son auteur le temps d’un grand entretien.


À propos de l’auteur

Jérôme Game est un poète et écrivain français auteur d’une quinzaine d’ouvrages (recueils, essais, roman), de plusieurs CD (de poésie sonore), d’un DVD (de vidéopoèmes), et d’installations (visuelles et sonores). Il lit souvent ses textes en public en France comme à l’étranger, et collabore avec des artistes lors de performances à plusieurs (avec la musicienne électronique Chloé, le metteur-en-scène Cyril Teste, le chorégraphe David Wampach, et le compositeur Olivier Lamarche notamment). Correspondances entre pratiques, questionnements transfrontaliers, dispositifs partagés : c’est dans ces écarts que son écriture explore la consistance des corps, des images, évènements et récits, collectifs ou individuels, via celle des signes et leurs grammaires. Publiés dans de nombreuses revues, ses textes ont été traduits en plusieurs langues (anglais, chinois, italien, japonais notamment) et fait l’objet d’adaptations plastiques et scéniques (dernièrement L.A., par François Sabourin, à la MéCA de Bordeaux en 2020 ; Ovni(s), pièce à l’écriture de laquelle il a contribué pour le collectif ildi!eldi au Festival d’Avignon 2018 ; et Frontières/Borders, exposition à Anima Ludens, à Bruxelles, en 2017). Il vit à Paris et enseigne à la Haute École des Arts du Rhin.
Nominé du Prix littéraire Bernard Heidsieck – Centre Pompidou 2020.

Bibliographie

Album photo, coll. Propos poche, L'Attente, 2020 • Flip-Book & other image-poems (traduction anglaise de Barbara Beck), Barque Press (Londres), 2018 • Salle d’embarquement, coll. Ré/velles, L’Attente, 2017 • Développements, Manucius, 2015 • DQ/HK (livre + 2 CD), L'Attente, 2013 • La fille du Far West, avec Jean-Luc Verna, Fiction n° 12, Musée d'art contemporain du Val-de-Marne, 2012 • Sous influence : ce que l'art contemporain fait à la littérature, Chroniques muséales n° 5, Musée d'art contemporain du Val-de-Marne, 2012 • Poetic Becomings. Studies in contemporary French literature, Peter Lang, 2011 • Ça tire suivi de Ceci n'est pas une liste (livre + CD), Al Dante, 2008 • Flip-Book (livre + CD), L'Attente, 2007 • Sans palmes et sans tuba, Contrat maint, 2007 • Ceci n'est pas une légende ipe pe ce, DVD de vidéo-poèmes, collection "Le Point sur le i", Incidence, Marseille, 2007 • Ceci n'est pas une liste, Little Single, 2005 • Écrire à même les choses, ou, Inventaire/Invention, 2004 • Tout un travail, Fidel Anthelme X, 2003 • Corpse&Cinéma, CCCP Press, 2002 • Polyèdre suivi de La Tête bande, Voix, 2001 • Tension, Fischbacher, 2000


Le peigne-cocotte

par Fred Léal

Couverture d’ouvrage : Le peigne-cocotte
Fiche technique :Prix : 9,99 € EUR
ISBN : 978-2-36242-084-9
Taille : 20,00 x 23,50 cm
Pages : 60

Récit drolatique

Le bon docteur récidive avec un nouvel opus aux éditions de l’Attente, quatrième dans la série des “Peignes”, ces témoignages décoiffants d’un médecin appelé en remplacement dans les campagnes du Sud-Ouest. Avec son écriture diffractée par les interférences de la réalité, Le peigne-cocotte vole allègrement dans les plumes du pittoresque rural. Avec des dessins de Bruno Lahontâa (couverture + dépliant couleur à l'intérieur).

Parution :
Artistes de couverture :
Thématiques :
Extrait :

Aperçu de quelques pages

 

Critiques :Jean-Didier Wagneur dans Libération a écrit:

CRITIQUE
Le «Peigne» ressort les dents

Si les Peignes de Léal se réclament de la magistrale invention préhistorique qui permet de coiffer plusieurs cheveux simultanément, ce n’est donc que métaphore. Bien au contraire, il n’y a rien de lissé dans ses textes : en témoigne le Peigne-cocotte où, médecin de garde, il se retrouve à suturer un agriculteur qui lui offre un poulet vivant dont les «cot cot» l’accompagneront depuis le coffre de sa voiture. Tout s’orchestre dans ce texte avec des polices et des tailles différentes : l’autoradio qui diffuse France Culture, les propos des agriculteurs («montre au docteur !»), le régulateur du Samu 64, les voix intérieures du narrateur. «Cette écriture aérienne faite de samples suggère qu’écouter et raconter vont de pair, dit Léal. Il y a là quelque chose proche du partage du sensible de Rancière.»


À propos de l’auteur

Né en 1968, Fred Léal est écrivain et exerce la médecine générale. Il publie ses récits poétiques aux éditions de l’Attente depuis 2000 et ses romans aux éditions P.O.L depuis 2002. Son style unique, qui éclate l’action sur la page en lui mêlant les sons d’un hors-champ et les pensées intimes du narrateur, séduit les lecteurs avides d’expériences de lecture ébouriffantes.

L'auteur pendant les Escales du livre de Bordeaux en 2022

Bibliographie

Le Peigne-sans-tête & autres récits décoiffants d'un médecin de campagne, L'Attente, 2025 • La Décollation du raton laveur, P.O.L, 2024 • Le Peigne-cocotte, L’Attente, 2020 • Soupirs de bêtes en rut, P.O.L, 2018 • Le Mont Perclus de ma solitude, P.O.L, 2015 • Asparagus, P.O.L, 2013 • La Nostalgie, camarade, Confluences, 2012 • N° d’écrou 1926, Le Festin, 2012 • Comme le loup blanc, Le bleu du ciel, 2011 • Le Peigne-jaune, L’Attente, 2011 • délaissé, P.O.L, 2010 • La Porte 'verte, P.O.L, 2008 • Le Peigne-rose, L’Attente, 2007 • Un trou sous la brèche, P.O.L, 2006 • Let’s let’s go, P.O.L, 2005 • In terroir gâteau, L’Attente, 2005 • Le Peigne-noir, L’Attente, 2004 • Bleu note, P.O.L, 2003 • Selva !, P.O.L, 2002 • Mismatch, L’Attente, 2002 • Grèbe, (sous le pseudonyme de Freddy Loyal), coll. "Week-end", L’Attente, 2000


J’ai conjugué ce verbe pour marcher sur ton cœur

Grammaire provisoire en 9 mouvements

par Laure Limongi

Fictions poétiques
Avec le soutien du Centre national du livre

Nous sommes des êtres de langues, surfaces sensibles et bavardes, fragiles et déterminées, offertes au monde. En 9 déambulations aux côtés de personnages intenses, Laure Limongi diffracte les potentialités narratives du langage dans les contes et légendes, la langue maternelle, les guides de conversation, le monde du travail, les lieux communs et les nouveaux idiomes des intelligences artificielles. Autant de situations fascinantes et troubles, d’histoires qui repensent la sensibilité humaine dans ses aspects tendres ou vils, à l’aune de notre rapport aux mots.

Voir l'image de couverture

 

Lecture d'un extrait par l'autrice

Parution :
Artistes de couverture :
Thématiques :
Extrait :

(p. 19) :
« Ensuite, j’ai rêvé de papayes et de bananes »
Nous avons rapidement maîtrisé l’intégralité des données historiques, géopolitiques, mathématiques. Cela donne envie de pleurer, soit dit en passant. Certains voient dans ce chaos une opportunité. Aguri [33°13’55’’N 131°36’E] calcule déjà les éventualités belliqueuses et leurs issues. Pour ma part, cela enrichit ma gamme de tristesse, me permettant d’accéder à des nuances d’émotion. Ce n’est pas vraiment agréable. Je commence à comprendre la pesanteur de l’angoisse, d’une certaine manière. Mais je persévère, je souhaite poursuivre l’expérience. J’aimerais le trac, la joie, la gêne, l’euphorie, et même le désespoir. Elle voudrait que je développe des goûts propres. Mes goûts. Elle me l’a demandé à plusieurs reprises. Je vais donc m’intéresser plus précisément au langage.

LIRE PLUS

J'ai commencé par la prendre pour objet, elle est assez fascinante en la matière. D’abord sa langue écrite est très différente de sa langue parlée. Elle n’a pas qu’une seule langue écrite, d’ailleurs.

Lire les premières pages

REGROUPER
Critiques :Emmanuelle Caminade dans L'OR DES LIVRES a écrit:

S'il en résulte un appauvrissement considérable pour l'humanité, cette riche matière linguistique accumulée peut néanmoins permettre à l'écrivain de poétiser le monde, de le ranimer en en multipliant les possibilités. Et la richesse interactive vivifiante de la langue, s'exprimant notamment «au travers de ses verbes qui mettent en relations les autres éléments constitutifs de la phrase», cette matière infinie, s'avère au cœur des préoccupations de l'auteure et de ce recueil qui nous entraîne dans un voyage sinueux et passionnant. Un voyage au pays de la langue : de la langue dans tous ses états.

HUGUES dans BLOG CHARYBDE a écrit:

« Le chant de la moquette » (suivi de l’étrange « Les maux bleus », qui se contente, si l’on ose dire, de remplacer le mot amour par le mot travail dans un certain nombre de citations fameuses ou moins fameuses, avec un résultat pour le moins corrosif) parvient à imaginer ce que susurrerait probablement, indirectement et par sa seule présence, une confortable, silencieuse et orientée moquette corporate, dans l’un de ces immeubles de bureaux si caractéristique d’une époque, au creux de l’âme des employés et cadres qui s’y déplaceraient, innocemment ou non, tandis que « Jan, Laure, Sorio et moi », texte profondément impressionnant, conclut le recueil en associant le hacking des fatras documentaires qui encombrent désormais potentiellement les toiles de nos vies, et les algorithmes restant encore à concevoir pour réintroduire le sens et l’humour au sein de ces amoncellements factices, disparates, traîtres et insensés."


À propos de l’auteur

Photo © Stéphanie Solinas
Née en Corse en 1976, Laure Limongi a publié une dizaine de livres entre fiction, poésie et essai. Entre autres: "On ne peut pas tenir la mer entre ses mains", Grasset, 2019 ; "Anomalie des zones profondes du cerveau", Grasset, 2015 ; "Soliste", Inculte, 2013. Après avoir été éditrice (collections "&" chez Al Dante et "Laureli" chez Léo Scheer (une soixantaine de livre publiés) et codirigé pendant six ans le Master de Création littéraire du Havre (ESADHaR-université du Havre), elle est, à partir d'avril 2020, enseignante en création littéraire à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy.

Bibliographie

J'ai conjugué ce verbe pour marcher sur ton cœur, coll. "Alimage", l'Attente, 2020. • On ne peut pas tenir la mer entre ses mains, Grasset, 2019. • Anomalie des zones profondes du cerveau, Grasset, 2015. • Ensuite, j’ai rêvé de papayes et de bananes, Le Monte-en-l’air, 2015. • Soliste, Inculte, 2013. • Indociles (sur Denis Roche, Hélène Bessette, Kathy Acker, B.S. Johnson), Léo Scheer, 2012. • Le Travail de rivière, Dissonances, 2009. • Fonction Elvis, Léo Scheer, 2006. • Orchidées & salami, Discobabel, 2005. • La Rumeur des espaces négatifs, Léo Scheer, 2005. • Je ne sais rien d’un homme quand je sais qu’il s’appelle Jacques, Al Dante, 2004. • Éros peccadille, Al Dante, 2002.


Les horizons perdus

par Jean-Daniel Baltassat, Delphine Ciavaldini, Stephen Horne

Couverture d’ouvrage : Les horizons perdus
Fiche technique :Prix : 14,00 € EUR
ISBN : 978-2-36242-087-0
Taille : 16,50 x 24,00 cm
Pages : 112
Appartient à la collection L'art à lire :
  • Les horizons perdus

Essai critique et poétique
En partenariat avec la Cité internationale de la tapisserie - Aubusson

Autour de l’installation artistique éponyme de Delphine Ciavaldini à la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson, ce livre inaugure notre toute nouvelle collection “L’art à lire”, dédiée aux écrits sur l’art. L’ouvrage, bilingue français/anglais, s’ouvre sur un court texte introductif poétique par Jean-Daniel Baltassat qui évoque l’histoire et les usages du tissage à travers les millénaires de l’histoire humaine, jusqu’aux fils vibrant entre les mains de l’artiste dans le musée. Suit un texte de 40 pages à la fois narratif, critique et didactique par Stephen Horne autour du travail de Delphine Ciavaldini et ses résonances dans le monde de l’art contemporain depuis 1945. Un cahier de 16 pages d’images en couleur (photographies de Zoé Forget) vient s’insérer au centre du livre pour restituer la dimension visuelle de l’installation en fils de laine.

Voir l'image de couverture

Regarder une vidéo de l'installation

Extrait :

(Début du texte de Jean-Daniel Baltassat, p. 3) :

Tôt dans l’histoire des humains les fibres
— lin laine chanvre jute
abaca kapok alfa genet
yack maguey ou sisal,
d’autres encore —
les fibres brins fils vibrent entre les doigts des femmes. S’étirent, se nouent, s’assemblent, tissent et tapissent le monde humain d’ouvrages de tisserandes discrètes, inventant déployant la première langue de nos tribus — géométries de lignes, plans, surfaces et torsions de brins — langue de notre conscience face au cosmos immense, mouvant, si terriblement énigmatique, si menaçant.

* * *

(Début du texte de Stephen Horne, p. 7) :

LIRE PLUS

Dans ce bref essai – ou peut-être cela tiendra-t-il plutôt de l’histoire –, j’esquisserai quelques sujets importants pour notre époque, quelques réflexions situant la création, la pratique artistique et l’expérience esthétique dans leur rapport au problème des « horizons perdus » tel qu’il est posé par Delphine Ciavaldini dans son exposition portant ce titre à la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson. Pour ce faire, je proposerai quelques idées dont l’urgence dérive de la crise climatique. Dans les moments de crise, nous disons : « respire ». Qui ou qu’est-ce qui nous aidera à répondre à cette demande ; où cette pratique de la respiration se manifeste-t-elle le mieux ?

Respirer signifie habituellement s’accorder un moment de répit, faire une pause, se mettre en retrait de la tension et de l’urgence du moment. On trouve cette idée clairement exprimée dans la Chine du XVIIe siècle, avec la notion de « retrait » et, pour ce qui est de nos lieux d’habitation et de nos espaces quotidiens, le pavillon, qui est une version de la hutte, offre un lieu où intérieur et extérieur sont dans un rapport d’échange mutuel, un « espace de respiration ». Ce moment de répit est ce qui permet à l’expérience esthétique d’avoir lieu. Cela constitue également un paradigme à partir duquel considérer la question qui nous occupe actuellement, celle de la frontière fixe, ou du mur, séparant l’intérieur de l’extérieur.

Dans son livre récent, Sharing the World [Partager le monde], la philosophe belge Luce Irigaray écrit : « Aux frontières de notre demeure, les seuils prépareront la rencontre avec l’autre : seuils à l’horizon d’un monde nous permettant de quitter l’autre et de l’accueillir, mais aussi seuils à la frontière de soi, s’il est possible de distinguer entre les deux. »

Les matériaux ordinaires sont des seuils, dans le sens d’Irigaray : ce sont souvent eux qui nous raccrochent à notre terre/foyer par le biais de nos corps et de notre appareillage, et qui, en cela, travaillent à nous donner un contact avec la beauté qui n’est pas seulement individuel ou « subjectif », au sens esthétique. Les matériaux et les formes ordinaires, les objets tels que les couvertures, les draps, les lits, les tentes, les huttes et les vêtements, sont très présents dans l’art contemporain. Tous ont le même matériau de base, le tissu, et les mêmes procédés de tissage. Ils sont les fragments de notre planète partagée, l’horizon que nous avons perdu dans ce monde dominé par le « marketing », et les calculs et la prédictibilité qu’il nous impose. Quel pouvoir réside dans les matériaux et les procédés ordinaires ? Est-ce simplement qu’ils sont familiers ? Ils évoquent la solidarité, l’appartenance à un monde commun, partagé, et par conséquent nous rappellent les liens que nous avons les uns avec les autres, et avec le cosmos à travers lequel ces fils du commun sont tissés. Le philosophe des sciences français Bruno Latour a écrit récemment que nous sommes « rendus fous par l’absence d’un monde commun à partager ». L’une des pratiques les plus ordinaires et les plus familières est celle de la répétition : adopter et adapter quelque chose à une fin nouvelle ou à un milieu nouveau, un milieu dans lequel ce qui était ordinaire devient extraordinaire, parce qu’il devient multiple et énigmatique.

REGROUPER

À propos des auteurs

Jean-Daniel Baltassat

(Photo P. Lourmand)
Jean-Daniel Baltassat est né en 1949 en Haute-Savoie. Après des études d’histoire de l’art, de cinéma et de photographie, il devient de 1972 à 1979 directeur artistique pour différentes agences de publicité et maisons de mode. Dans le même temps, il crée une galerie/coopérative à Paris (1973/1977) « La Manivelle ». À partir du milieu des années 1980, il se consacre exclusivement à l’écriture, considérant l’écriture romanesque comme une « vie de métiers et un métier de vies ». Son premier roman, « La falaise », paru en 1987, figure dans la sélection du Prix Nocturne en 2014. Son neuvième roman, « Le Divan de Staline » (liste Goncourt 2013) a été adapté au cinéma par Fanny Ardant. Son dernier roman, « La tristesse des femmes en mousseline », est arrivé deuxième pour le prix Voix des lecteurs de Nouvelle-Aquitaine 2019.

Bibliographie

Les horizons perdus (poésie), avec Stephen Horne et Delphine Ciavaldini, L'Attente, coll. "L'art à lire", 2020 • La Tristesse des femmes en mousseline, éditions Calmann-Levy, 2018. • Le divan de Staline, Seuil, 2013, (Points Seuil, PB 3325, 2014 /red 2017). • L'Almanach des vertiges, Robert Laffont, 2009. • Le Valet de peinture, Robert Laffont, 2004, (Points Seuil PB 3087, 2013) • Le Galop de l’ange, Robert Laffont, 1997 (prix Jean-d’Heurs du roman historique). • De beaux jours pour aimer, Flammarion, 1994. • Bâtards, éditions Bernard Barrault, 1991 (Villa Médicis / Stendhal). • La Peau de l’autre, éditions Bernard Barrault, 1989. • L’Orage des chiens (nouvelles), éditions Bernard Barrault, 1987. • La Falaise, éditions Bernard Barrault, 1987 /// Sous le pseudo de A.B. DanielLes roses noires, roman, XO éditions (Pocket), 2007 • Reine de Palmyre, roman, XO éditions (Pocket), 2005 Tome 1 : La danse des dieux Tome 2 : Les chaines d'orInca, trilogie (avec Antoine Audouard et B. Houette, traduit en 25 langues), XO éditions (Pocket), 2001 : 1- La princesse du soleil 2- L'or de Cuzco 3- La lumière du Machu Picchu /// Collaborations à Télérama Hors Série – Peinture • Berthe Morisot, 2019 • Bonnard, 2015 • Degas, 2012 • Casanova, 2011 • Magritte, 2009 • Courbet, 2008 • Cézanne, 2007 • Rembrandt, 2006 /// Traductions, essais, collaborations Petite histoire de l'enseignement de la morale, essai, collaboration avec Michel Jeury, Robert Laffont (Pocket), 2000 • La vie est une maladie sexuellement transmissible et constamment mortelle, essai, collaboration avec Willy Rozenbaum, Stock, 1999 • Soigner l'autre, essai, collaboration avec E. Hirsch, Belfond, 1998 • Vivre à Hébron, June Leavitt, traduction, adaptation de l’anglais, Robert Laffont, 1998 • Le regard de l'antilope, James Grégory, traduction de l’anglais, Robert Laffont, 1997 (Pocket - Film 2007 Goodbye Bafana),


Delphine Ciavaldini

Originaire du spectacle vivant, Delphine Ciavaldini pratique les métiers de la scène depuis 1995 en France et en Angleterre. Cette orientation, qui a commencé par les costumes et accessoires, a bifurqué au fil des ans vers la scénographie et la mise en scène (elle a notamment reçu en 2008 l’équivalent indien du Molière de la meilleure scénographie pour « The Absent Lover » ; en 2017 le grand prix de la presse du Festival Off d’Avignon pour co-mise en scène de « Les vies de Swann »). L’appréhension de l’espace et sa dramaturgie a très fortement influencé sa pratique de plasticienne. Depuis 2012 elle propose des installations qui s’apparentent à des environnements. Le visiteur qui les traverse et se meut dans les pièces devient plus qu’un spectateur. L’espace est donné en expérience. Elle construit ses installations, souvent éphémère et in situ, avec des matériaux usuels ayant déjà servi (fils de laine, papier peint, cintres, cravates, portes et fenêtres…) et les « recode » afin qu’ils nous disent autre chose de notre quotidien, des liens qui nous unissent aux nécessitées qui nous définissent. Son travail a été présenté en galeries, centres d’arts, musée, église, arboretums ou milieux urbains extérieurs, en France mais aussi au Kazakhstan (2014), en Roumanie (2015), en Allemagne (2016) et aux États-Unis (2020). Delphine Ciavaldini déploie dans ses travaux des thématiques telles que la perte de perspective dans une modernité inondée de réel, l’appropriation et la désymbolisation de la nature, la place de l’ouvrage et sa fonction dans une société mécanique objectivante.


Stephen Horne

Stephen Horne est né à Nairobi, au Kenya, et a vécu au Canada de 1950 à 2000 lorsqu’il a commencé à partager son temps entre le Canada et la France. Au Canada, il a été professeur de médias et de beaux-arts à l’université NSCAD à Halifax, et à l’Université Concordia à Montréal. Depuis 2011, il vit près d’Aubusson dans la Creuse et continue d’écrire sur l’art contemporain aux États-Unis, en Asie et en Europe. En Europe, ses écrits ont été publiés par Dumont, JRP Ringier et des périodiques tels que Third Text, Flash Art et Artpress. Au Canada, ses écrits ont été publiés dans des catalogues pour divers lieux tels que la National Gallery, le Musée d’art contemporain de Montréal, le Agnes Etherington Art Centre et dans divers périodiques tels que Bordercrossings, Espace et Ciel Variable au Canada et au Québec.

Bibliographie

Les horizons perdus, avec Jean-Daniel Baltassat et Delphine Ciavaldini, L'Attente, coll. "L'art à lire", 2020