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Miskine la prof

par Sandrine Elichalt

Couverture d’ouvrage : Miskine la prof
Fiche technique :Prix: 16,00 €
ISBN : 978-2-493426-16-1
Taille : 15,00 x 21,00 cm
Pages : 152

Récit en vers libres sur le métier de prof

À paraître le 28 août 2025

Dans ce récit en vers libres sur l’école, l’autrice s’implique comme professeure, fonctionnaire de l’État et femme de cinquante-quatre ans. Elle mêle sa voix à celles d’élèves, de collègues et de parents, cherchant à faire advenir une parole juste et collective dans des scènes-clés, parfois drôles, parfois dramatiques, qui rendent compte de leur quotidien au fil d’une année scolaire. Les métamorphoses à l’oeuvre dans les corps – corps enseignant, corps de l’enseignante, corps des élèves – constituent l’axe central de ce texte qui met aussi en lumière les failles du système : surcharge de travail, manque de soutien, et des conditions qui ne cessent de se dégrader. Transparaît pourtant l’engagement qui demeure au coeur du métier de professeur et l’extraordinaire pulsion de vie de la jeunesse, celle des élèves qui continuent malgré tout d’apprendre, de grandir et de rêver.

Parution :
Artistes de couverture :
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À propos de l’auteur

Photo © Loïc Vincent.

Professeure certifiée en lettres et en cinéma, Sandrine Elichalt enseigne à Paris. Co-fondatrice des Ateliers de Traverse qui proposent depuis vingt ans des stages et résidences d’écriture ainsi que des événements culturels, elle met l’émulation collective au coeur de ses pratiques. Elle a conçu des profils littéraires, écrit des fragments poétiques, un récit de deuil, des nouvelles parues dans des recueils collectifs.

Bibliographie

Miskine la prof, L'Attente, 2025 • La Battue, Les Ateliers de Traverse, 2015


Emmanuel Hocquard. Une enquête en poésie

par Gilles A. Tiberghien

Couverture d’ouvrage : Emmanuel Hocquard. Une enquête en poésie
Fiche technique :Prix: 22,00 €
ISBN : 978-2-493426-14-7
Taille : 15,00 x 21,00 cm
Pages : 280

Fabrique du poème

L’auteur suit la trace d’un écrivain qui fonda les éditions Orange Export Ltd., passait aisément les frontières et aimait à la fois la poésie américaine, le polar, les “Remarques” du philosophe Wittgenstein et la ville de Tanger où il avait passé son enfance. Son dessein est de prouver que l’écrivain dérobait des formes littéraires pour les transformer, tendait à l’hybridation des genres et s’intéressait aux processus par lesquels l’écriture poétique consigne notre rapport au monde.
Tiberghien chemine comme un enquêteur à travers une œuvre littéraire poétique incontournable, révélant le réseau de liens qui la connectent à des dizaines d’autres auteurs, des contemporains aux classiques, poètes, philosophes ou auteurs de polars.
La seconde partie fournit des pièces à conviction en offrant un large choix d’extraits de livres d’Emmanuel Hocquard et d’entretiens. Elle donne à lire entre autres les élégies, forme poétique traditionnelle dont l’écrivain renouvela le rythme et la signification.

Parution :
Thématiques :
Extrait :

Souvent les poètes eux-mêmes, usant du langage dans le registre du critique et sans prétendre traduire leur poésie en prose, nous ont livré leur « art poétique » sous une forme ou sous une autre à un moment où ils éprouvaient le besoin de le formuler pour eux-mêmes d’une façon explicite. Ces textes, qui peuvent avoir des allures de préceptes, nous fournissent en fait les règles a posteriori que les poètes tirent de leur propre pratique. Certains, pour ce faire, se livrent à une analyse critique d’autres poètes, essayant d’élucider en même temps ce qui anime fondamentalement leur rapport à la poésie : T. S. Eliot, Wallace Stevens, Octavio Paz et Yves Bonnefoy ne font pas autrement, en un sens, même si chacun le fait à sa manière. Emmanuel Hocquard s’inscrit dans cette lignée mais, à la différence de ceux que je viens de citer, son travail réflexif est immédiatement en prise sur son écriture et s

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apparente davantage à une poïétique au sens où l’entendait Paul Valéry, un travail qui résulte directement de son activité d’écriture et n’a d’autre objet que son élaboration même.
Comme Paul Valéry, Emmanuel Hocquard s’intéresse au processus de production de la poésie et à la fabrique du poème dont Edgar Poe nous a livré une analyse qui rompt définitivement avec le motif de l’inspiration et avec l’aura sacrée dont la poésie romantique s’était entourée. Cette interrogation constante sur le langage et sur les règles de son organisation devait, semble-t-il, le conduire à regarder du côté de la philosophie.

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Critiques :Jean-Philippe Cazier dans Diacritik a écrit:

L’œuvre d’Emmanuel Hocquard peut être placée sous le signe de l’enquête. C’est le parti-pris de Gilles A. Tiberghien dans Emmanuel Hocquard – Une enquête en poésie.

Associer Hocquard et l’enquête n’est pas simplement dû au fait que celui-ci est l’auteur d’Un privé à Tanger, ou de son goût pour les polars. Lire son œuvre à partir de la figure de l’enquêteur permet d’installer un point de vue qui implique que la poésie, l’écriture, le rapport au monde sont d’abord des énigmes, des réalités étranges, dont le sens, les contours, les finalités ne sont pas immédiatement saisissables, qui demandent au contraire une interrogation, une problématisation, une recherche.

La poésie, l’écriture, le monde ne sont pas des objets évidents, immédiatement disponibles, ils sont dans une distance, … (clic sur le lien pour lire la suite)


À propos de l’auteur

Photo © Gilles A.Tiberghien 2023

Gilles A. Tiberghien est philosophe et écrivain, maître de conférence honoraire à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où il enseigne l’esthétique. Il est membre du comité de rédaction des Cahiers du Musée d’Art Moderne et co-rédacteur en chef avec Jean-Marc Besse des Carnets du Paysage, revue publiée par l’École nationale supérieure du paysage de Versailles.

Bibliographie

Emmanuel Hocquard. Une enquête en poésie, L'Attente, 2025 • Paysmages. Exercice de déchiffrement, éditions Loco, 2025 • Aux frontières du rêve. Un voyage en Asie, Arléa, 2023 • Restaurer les œuvres dans la nature, INHA, 2021 • Le paysage est une traversée, Parenthèses, 2020 • De la nécessité des cabanes : petite conférence, Bayard, 2019 • Récits du monde, IMEC, 2018 • Land Art Travelling, Fage, 2018 • Peter Hutchinson, Fage, 2016 • Des apparences bien suivies [avec Stéphane Crémer], Art-3, 2014 • Petite bibliothèque de l’amoureux, Flammarion, « Champs », 2013 • Aimer. Une histoire sans fin, Flammarion, 2013 • Pour une république des rêves, Les presses du réel, 2011 • Patrick Tosani. Les corps photographiques, Flammarion, 2011 • Le Principe de l’axolotl & suppléments. Essai sur les voyages, Actes Sud, [édition revue et augmentée, 2011] • Dans la vallée. Biodiversité, Art et Paysage [avec Gilles Clément], Bayard, 2009 • Courts-circuits, Le Félin, 2008 • Paysages et jardins divers, Les presses du réel, 2008 [édition revue et augmentée 2016] • Finis terrae. Imaginaires et imaginations cartographiques, Bayard, 2007 [édition revue et augmentée 2020] • Emmanuel Hocquard, Seghers, « Poètes d’aujourd’hui », 2006 • La nature dans l’art sous le regard de la photographie, Delpire / Actes Sud, « Photo-poche », 2005 [nouvelle édition 2010] • Notes sur la nature, la cabane et quelques autres choses, Le Félin, 2005, 2014, 2021 [Chaque nouvelle édition est revue et augmentée d’une note.] • Amitier, Desclée de Brouwer, « DDB Philosophie », mars 2002, repris en « Félin-poche », 2008 • Nature, Art, Paysage, Actes Sud / ENSP, 2001 • Patrick Tosani, Hazan, 1997 (français-anglais) • Land Art, éditions Carré, 1993 [édition revue et augmentée, éditions Carré / La Découverte, 2012]


Le peigne-sans-tête & autres récits décoiffants d’un médecin de campagne

par Fred Léal

Couverture d’ouvrage : Le peigne-sans-tête & autres récits décoiffants d’un médecin de campagne
Fiche technique :Prix: 22,00 €
ISBN : 978-2-493426-15-4
Taille : 20,00 x 23,50 cm
Pages : 284

Compil de racontars

« Après le Peigne-noir, le Peigne-rose, le Peigne-jaune et le Peigne-cocotte, Fred Léal sort le Peigne-sans-tête qui, il faut le préciser, n’a pas plus de rapport direct avec la coiffure que les précédents. Le « Peigne » est une forme endémique de son univers littéraire, plutôt hirsute sur le mode de ses narrations déjantées. Si les Peignes de Léal se réclament de la magistrale invention préhistorique qui permet de coiffer plusieurs cheveux simultanément, ce n’est donc que métaphore. Bien au contraire, il n’y a rien de lissé dans ses textes. (…) Le Peigne est la partition de son quotidien polyphonique, la bande-son de sa vie et contrairement à ses ordonnances qui sont illisibles (selon ses patients), ses livres, eux, sont lumineux. » Jean-Didier Wagneur (Libération)

Avec une préface de l'auteur, une solide reliure en cahiers cousus collés et une couverture imprimée sur un magnifique papier teinte flamant rose, clin d'œil au plus touchant des récits.

"Certainement le meilleur O.L.N.I. de toute la littérature. Un étonnant coup de cœur... Une découverte..." Olivier, librairie AU PLAFOND, Nérac (47)

Au sommaire
- Un petit nuage ? (inédit)
- Le Peigne-noir (2004)
- Le Peigne-rose (2007)
- Le Peigne-jaune (2011)
- Le Peigne-cocotte (2020)
- Le Peigne-sans-tête (inédit)

Parution :
Thématiques :
Critiques :Jean-Didier Wagneur dans Libération du 7 juin 2025 a écrit:

Fred Léal, toubibs or not toubibs : fragments vrais et déconcertants
Les éditions de L'Attente ont réuni en un volume les «peignes" de Fred Léal. Le jour il est médecin dans le médico-social et, cela a ici son importance, la nuit, il écrit quand il lui reste du temps et de l'énergie. Depuis Selva! (2002), il a publié des livres originaux et inventifs qu'il serait difficile de rapporter à un genre. Alors qu'en majorité le roman se réfugie dans le récit classique cher à la marquise de Paul Valéry, Léal l'a carrément explosé avec comme dommages collatéraux les règles de l'éloquence, la vieille subordonnée, les paragraphes et les chapitres.
Ses textes ne sont faits que de courts blocs de prose, souvent amis. Leurs paroles s'entrecoupent, se chevauchent et, se mêlant à la bande-son de la vie ordinaire, se déposent sur la page en un graphe éloquent. Zébré ou étoilé, l'espace typographique restitue l'image démembrée et sismique d'une prose à bâtons rompus souvent déconnante et bien arrosée. L'expression «lire entre les lignes» est ici de circonstance pour filer les «racontars» et les histoires à la mords-moi-le-nœud qui font la matière de ces récits. Fred Léal ne les a pas inventés, ce sont des aventures de toubibs, de week-ends de garde que lui ou ses confrères ont vécues avec oxygène, stéthoscope et défibrillateur dans la sacoche. Outre la dimension foutraque ou improbable de certaines de ces histoires, les unes sont d'une poésie mélancolique, d'autres plutôt frappadingues ou délibérément terrifiantes, toutes ont la particularité d'être vraies et surtout d'être exemplairement déconcertantes. Humain trop humain qu'il disait. Un sédatif est-il ici nécessaire? Non, le livre n'est pas difficile pour autant, il s'offre comme une déconstruction verbale et graphique de courts récits. C'est un Heptaméron moderne où ça cause autant que chez Marguerite de Navarre mais dans une langue, certes, moins châtiée. Au début le lecteur a l'impression de nager dans une conversation entendue derrière un rideau, offerte en kit sans plan de montage. Mais les neurones font vite leur travail d'association et le jeu devient addictif
Léal a baptisé ces textes du nom de «peignes» non parce que tous ces fragments transforment la page en un mikado polyphonique mais à cause de l'histoire inaugurale de la série. Dans «Le Peigne noir», le narrateur emprunte un peigne à une amie afin de paraître présentable pour une urgence, mais ce peigne va connaître une odyssée hasardeuse avant de terminer dans la poche d'un patient, décédé coincé dans ses toilettes. L'un des plus émouvants est «Le Peigne rose" qui se déroule dans un ehpad où une vieille pensionnaire discute tous les soirs avec un flamant rose. Mais si «Le Peigne jaune» bascule lui dans le gore et le fait divers, avec chien enragé et explosion finale, il est un récit bien plus tragique où l'on atteint véritablement l'innommable. «Le Peigne sans tête», texte inédit qui clôt le volume, rapporte les tortures qui vont marquer à vie une jeune réfugiée congolaise rescapée des massacres: violée, elle a été obligée d'assister à la décapitation de son père, et ce n'est ici que le début d'un martyre devant lequel le médecin et l’écrivain restent impuissants et totalement anéantis.

Michaël Moretti dans Libr-critique a écrit:

"Le moléculaire de Léal, « maelstrom de poésie bancale » avec page-partition, espacement dans la page, variétés de corps, de police, d’empâtement (d’ailleurs j’ai repéré une grosse tache d’encre p. 252 : alors l’imprimeur tourangeau ?), inserts, fenêtres distincts, etc. dans un possible partage du sensible à la Rancière –".....


À propos de l’auteur

Né en 1968, Fred Léal est écrivain et exerce la médecine générale. Il publie ses récits poétiques aux éditions de l’Attente depuis 2000 et ses romans aux éditions P.O.L depuis 2002. Son style unique, qui éclate l’action sur la page en lui mêlant les sons d’un hors-champ et les pensées intimes du narrateur, séduit les lecteurs avides d’expériences de lecture ébouriffantes.

L'auteur pendant les Escales du livre de Bordeaux en 2022

Bibliographie

Le Peigne-sans-tête & autres récits décoiffants d'un médecin de campagne, L'Attente, 2025 • La Décollation du raton laveur, P.O.L, 2024 • Le Peigne-cocotte, L’Attente, 2020 • Soupirs de bêtes en rut, P.O.L, 2018 • Le Mont Perclus de ma solitude, P.O.L, 2015 • Asparagus, P.O.L, 2013 • La Nostalgie, camarade, Confluences, 2012 • N° d’écrou 1926, Le Festin, 2012 • Comme le loup blanc, Le bleu du ciel, 2011 • Le Peigne-jaune, L’Attente, 2011 • délaissé, P.O.L, 2010 • La Porte 'verte, P.O.L, 2008 • Le Peigne-rose, L’Attente, 2007 • Un trou sous la brèche, P.O.L, 2006 • Let’s let’s go, P.O.L, 2005 • In terroir gâteau, L’Attente, 2005 • Le Peigne-noir, L’Attente, 2004 • Bleu note, P.O.L, 2003 • Selva !, P.O.L, 2002 • Mismatch, L’Attente, 2002 • Grèbe, (sous le pseudonyme de Freddy Loyal), coll. "Week-end", L’Attente, 2000


365+1

Poésie d'anticipation

par Thibault Marthouret

Calendrier de l'après

365 portraits d’un « Demain » caractérisé comme un personnage, qui interrogent notre rapport au temps, à la mortalité, mais également nos ressources, nos élans. Deux principes structurent l’ensemble : la série de portraits à l’écriture condensée, et l’anaphore déployée à l’échelle du livre dont chaque poème débute par le vers « Portrait de Demain… ».
Entre calendrier de l’Avent dévoyé et anti-horloge de l’apocalypse, les niveaux de subjectivité se mêlent pour insuffler de l’énergie à l’ensemble. Une énergie destinée aux lecteur.rices afin qu’iels se sentent inspiré.es pour créer ce « +1 », ce Demain qui n’est pas contenu dans le livre.

LECTURE DE L'AUTEUR

ÉCOUTEZ L'AUTEUR SUR RADIO RCF

VIDÉO DE L'AUTEUR

Parution :
Artistes de couverture :
Thématiques :
Extrait :

001.
Portrait de Demain
en ours polaire
à l’encre sympathique.

002.
Portrait de Demain
en débris de fusée,
en infime probabilité
d’impact sur zone habitée,
en risque infinitésimal
de dégâts humains,
l’infini sidéral
livré sur ton palier.

003.
Portrait de Demain
en grain de poivre
dans une mer de lait.

004.
Portrait de Demain
en mûre granulée, juteuse, sucrée,
un nuage noir au goût d’été
qui éclate sur tes lèvres.
Tantôt Demain se détache du ciel,
tantôt tu dois le dénicher,
plonger le bras dans le roncier.

005.
Portrait de Demain
aux pupilles dilatées,
tremblant derrière le rideau de scène.

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006.
Portrait de Demain
en grain de sel
échoué sur l’immensité
de la toile cirée verte.

007.
Portrait de Demain
en oiseau assommé,
à terre, gisant, inerte.
Il aura volé dans tes cornées de verre.

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Critiques :Dominique Boudou dans JACQUES LOUVAIN a écrit:

"Le futur au passé" n'est pas que "l'apanage des romanciers". Les murs murmurants de Beaumarchais et Hugo, accoisés, n'ont pas fini de saigner à blanc le bonheur exsangue. En ce sens, le livre de Thibault Marthouret est éminemment politique.

Et le politique s'exprime d'abord dans le quotidien ordinaire et infra-ordinaire. L'index thématique rédigé par l'auteur en atteste.

Traction-Brabant dans Poésiechroniquetamalle a écrit:

S'il s'agit là de "poésie d'anticipation", je crois qu'on peut mettre dans cette expression toute la distance de l'ironie. Toute la distance pour se rapprocher du réel. Car "poésie d'anticipation" ne signifie pas surtout science-fiction. Si l'anticipation existe, elle découle directement du présent.
Ce n'est certainement pas un appel à la révolte, mais plutôt, et plus simplement, un appel à appréhender le monde dans son immédiateté et sa richesse.

Claude Vercey dans Décharge a écrit:

Au fil des poèmes, Demain se transformera en débris de fusée, en grain de poivre / sur une mer de lait, en mûre granulée, juteuse, sucrée… Et j’ai déjà tourné la première page, je vous laisse, lecteur et lectrice, découvrir vous-même la suite de ce qui s’affirme d’abord comme un exercice d’imagination appliquée. Au fur et à mesure que se développe la construction, les poèmes – vers non mesurés – s’étoffent tout en restant pour la plupart, d’une longueur modeste, prennent substance, inventent leur propre mode d’emploi, tel que l’auteur en prend finalement conscience et peut ainsi la décrire, avec toujours la même verve

Sorento dans Babelio a écrit:

Nouveau livre de Thibault Marthouret dont j'avais aimé "Les enfants masqués", cette fois aux éditions de l'Attente (Rémi Checchetto, Marie Cosnay, Jean-Michel Espitallier, Laure Limongi...). Celui-ci est très différent. Il décline en 365 textes le principe du "portrait de Demain". Tous les courts poèmes de ce livre qu'on pourrait qualifier d'"oulipesque" commencent par "Portrait de Demain en..." et évoquent l'avenir bien sûr, tour à tour sombre, lumineux, cocasse, mais aussi notre rapport au temps (coups de griffes donnés à l'obsession de patrimonialisation française et la sclérose en cours). L'écriture est fine, précise, pleine de télescopages qui font mouche, et le ton, souvent drôle et sans concession, sait se faire tendre et vulnérable quand il le faut. Enthousiasmant !


À propos de l’auteur

Photo © Franck Pruja, 2024

Né à Vichy en 1981, Thibault Marthouret vit et travaille aujourd’hui à Bordeaux. Sa poésie a été accueillie dans une quarantaine de revues et il a publié aux éditions Abordo, l’Atelier de l’agneau et le Citron Gare. Il collabore fréquemment avec des photographes (Lisa Gervassi, Magali Lambert) et des musiciens (Tana Barbier, Jean-Sébastien Noël). Il a dirigé des ateliers d’écriture auprès de publics variés et enseigne l’anglais de spécialité en tant que professeur agrégé au sein de l’Université de Bordeaux.

Bibliographie

365+1 – Poésie d'anticipation, collection « Alimage », l'Attente (2024) • En perte impure, illustré par Laure Chapalain, Le Citron-Gare (2013) • Qu’en moi Tokyo s’anonyme, préfacé par Patrick Autréaux, Abordo (2018) • Smog rosé, Atelier de l’Agneau (2021) • Les enfants masqués, Abordo (2023)


Untoten

par Éric Pessan

Le retour du mort-vivant


Le temps d’une nouvelle, Éric Pessan nous entraîne dans un quotidien qui bascule brutalement dans le fantastique. Tout commence par une banale agression dans un train de banlieue… Entre foule indifférente et migrants résilients, Untoten embarque dans un voyage troublant qui questionne les certitudes bien-pensantes. Indispensable pour, un jour, peut-être, savoir renaître.

 

Lecture d'un extrait par l'auteur

Extrait :

(p. 9-10)
Au fil des années, le geste est devenu un petit rituel inconscient : l’index et le majeur de la main droite se portent au poignet gauche et écoutent battre le sang. Le geste est machinal ; trouver la veine, exercer une légère pression et la sentir pulser se fait sans réfléchir, il n’y a plus besoin de chercher, les doigts se posent d’emblée pile au bon endroit, là où la peau semble plus fragile, plus fine.
Souvent, vous écoutez battre votre cœur, vous n’avez jamais porté de montre-bracelet, vous boutonnez rarement les manches de vos chemises, la veine est libre et l’évidence de votre pouls vous rassure : quelque chose encore vit en vous, la pompe fonctionne, le sang circule, la mécanique se maintient.
Vous avez si souvent l’impression d’être mort que vous vous étonnez parfois de ce que le cœur ne renonce pas.
Cahoté, vous vous laissez emporter, vous avez déniché une place assise à l

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étage de ce RER, les passagers se tiennent au-delà du brouillard dont – par défense ou indifférence – vous savez si bien vous entourer : des silhouettes, des figurants sélectionnés par un chef opérateur consciencieux de capter en arrière-plan une fresque sociologique la plus réaliste possible : des hommes des femmes des adolescents des personnes racisées issues de l’immigration des grands des petits. Plusieurs langues sont parlées alentours, même si – dans leur écrasante majorité – les gens se déplacent seuls et se taisent. Vous voyagez dans la cohue ordinaire. Vous n’avez pas d’écouteurs, vous ne jouez pas sur un téléphone, vous ne lisez pas des courriels ni ne distribuez des pouces ou des cœurs sur les réseaux sociaux, vous attendez, flou, que le trajet, indécis, s’achève. À dire la vérité, vous n’avez aucune idée de l’endroit où vous vous trouvez, vous allez d’un point A – où s’est tenue une fastidieuse réunion avec des élus municipaux ne voulant rien entendre – à un point B, une gare – où vous prendrez un métro pour vous rendre à une autre gare, où vous monterez dans un TGV qui vous conduira à une gare lointaine, où vous attendrez un bus qui vous laissera en bordure du périphérique, où vous retrouverez le véhicule garé ce matin aux alentours de 6h pour regagner votre domicile dans le bourg d’un village de banlieue. Ces allers et retours incessants entre votre maison et les villes nouvelles d’Île de France font partie des charges de votre emploi. Deux à trois fois par mois, vous vous déplacez pour aller rencontrer des élus, des agents territoriaux, des maires parfois.
Votre corps cette après-midi est particulièrement épuisé, vous peinez à ne pas fermer les yeux, à résister au tangage irrégulier du train.

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Critiques :Hugues Robert dans Librairie Charybde a écrit:

Publié en avril 2023 aux éditions de l’Attente, « Untoten » est peut-être bien l’un des textes les plus saisissants, à ce jour, d’Éric Pessan, qui a pourtant rarement manqué de nous surprendre et de nous réjouir au fil de ses chemins de traverse littéraire ces dernières années...

Sébastien Brebel a écrit:

Moi aussi je recommande absolument la lecture de Untoten, livre aussi étrange que dérangeant, porté par une écriture phénoménologique qui peut rappeler la Modification de Butor dans les premières pages de ce récit et nous entraîne par la suite dans un crépuscule de fin de monde. Envoûtant et sombre (comme j’aime) !
Sébastien Brebel

Yves Mabon dans LYVRES a écrit:

L'écriture d'Eric Pessan est comme toujours, fine, délicate, élégante, précise et belle. Mais qu'il va m'être difficile d'en parler, tant il est dense et m'a chamboulé.

Lecteurs dans Babelio a écrit:

Ce texte dans lequel l'auteur s'adresse à l'homme en le voussoyant est magnifiquement écrit. L'écriture d'Eric Pessan est comme toujours, fine, délicate, élégante, précise et belle. Mais qu'il va m'être difficile d'en parler, tant il est dense et m'a chamboulé.


À propos de l’auteur

Photo © Mélio Pessan

Né en 1970, Éric Pessan est écrivain et dramaturge, il écrit des romans, de la poésie, des récits, des textes pour la jeunesse, du théâtre, des fictions radiophoniques. Passionné d’espace, il collabore depuis 15 ans avec l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire culturel du Centre National d’Etudes Spatiales. Il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages où il explore ce qui le questionne, l’effraie, le scandalise ou – au contraire – lui donne la force d’avancer.
Il est membre du comité de rédaction de la web revue remue.net et de la revue Espace(s) éditée par l'observatoire de l'Espace (centre national d'Études Spatiales).
Prix NRP (Nouvelle Revue Pédagogique) de littérature jeunesse pour son roman Aussi loin que possible en 2015.
Grand Prix SGDL (Société des gens de lettres) du roman Jeunesse pour Dans la forêt de Hokkaido en 2018.

Bibliographie

Untoten, L'Attente, 2023 • Le long des fissures (avec Patricia Cartereau), l’Atelier contemporain, 2023 • Samedi (avec Christian de Massy), Patayo, 2022 • Qui verrait la Terre de loin, Fayard, 2022 • Rien dans mon enfance, L’Œil ébloui, 2022 • Le Poème de Fernando, Thierry Magnier, 2022 • Dino et la fin d'un monde, L’École des loisirs, 2021 • Teenage Riot (avec Olivier de Solminihac), L'École des loisirs, 2021 • La Gueule-du-Loup, L'École des loisirs, 2021 • Tenir debout dans la nuit, L’École des loisirs, 2020 • … ou bien, je me trompe ?, N'a qu'1 Œil, 2020 • Biji (livre aléatoire numérique), La Marelle, 2020 • Photos de famille, L’Œil ébloui, 2020 • L’homme qui voulait rentrer chez lui, L’École des loisirs, 2019 • La connaissance et l'extase, L'Attente 2018 • Quichotte, autoportrait chevaleresque, Fayard, 2018 • De si beaux uniformes, Espaces 34, 2018 • Un chagrin d’amour avec le monde entier (avec Virginie Sauvageon), Le Chemin de fer, 2017 • Dans la forêt de Hokkaido, l’École des loisirs, 2017 (Grand Prix SGDL Jeunesse) • Pebbleboy, l’École des loisirs, 2017 • La plus grande peur de ma vie, l’École des loisirs, 2017 • La Nuit du second tour, Albin Michel, 2017 • Lettre ouverte au banquier séquestré dans ma cave depuis plusieurs semaines, Éditions Le Réalgar, 2016 • Sang des glaciers, La Passe du vent, 2016 • Parfois, je dessine dans mon carnet, L'Attente, 2015 • En voie de disparition (essai), Al Dante, 2015 • La hante (avec Patricia Cartereau), L’atelier contemporain, 2015 • Aussi loin que possible (roman jeunesse), l’École des loisirs, 2015 • Cache-cache (théâtre), l’Ecole des loisirs, 2015 • Le démon avance toujours en ligne droite, Albin Michel, 2015 • Demande de remboursement des livres pour cause de non-conformité avec ce que l'on peut attendre de la littérature (hors commerce), L'Attente, 2014 • La fille aux loups (avec Frédéric Khodja), Le Chemin de fer, 2014 • Le syndrome Shéhérazade, L'Attente, 2014 • Et les lumières dansaient dans le ciel (roman jeunesse), L’École des Loisirs, 2014 • Muette, Albin Michel, 2013 • Ôter les masques, essai sur Shining de Stephen King, Cécile Defaut, 2012 • N (avec Mikaël Lafontan), Les Inaperçus, 2012 • Plus haut que les oiseaux (roman jeunesse), L’École des Loisirs, 2012 • Quelque chose de merveilleux et d'effrayant, roman jeunesse, avec Quentin Bertoux, Thierry Magnier, 2012 • Monde profond, L'atelier In-8, 2012 • Dépouilles, roman-théâtre, L'Attente, 2011 • La grande décharge, théâtre, L’Amandier, 2011 • Sexie conférencière, Derrière la salle de bains, 2011 • Croiser les méduses, L'atelier In-8, 2011 • Incident de personne, roman, Albin Michel, 2010 • Moi, je suis quand même passé, poésie, Cousu Main, 2010 • Tout doit disparaître, théâtre, Théâtre Ouvert, 2010 • La nuit de la comète, nouvelles, Cénomane, 2009 • Cela n’arrivera jamais, roman, coll. "Fiction & Cie",Seuil,  2007 • Une très très vilaine chose, roman, Robert Laffont, 2006 • Les géocroiseurs, roman, La Différence, 2004 • Chambre avec Gisant, roman, La Différence, 2002 • L’effacement du monde, roman, La Différence, 2001 réédition en poche (collection Minos-2004) /// Fictions radiophoniques La grande décharge (2011, France Culture) • La plus heureuse entre toutes les mères (2009, France Culture) - La grande enseigne (2008, France Culture) • Dépouilles (extraits) (2006, France Culture) • Demain matin, la lune (2005, France Culture) • Seuls mes yeux (2005, France Culture) • Le syndrome de Münchhausen (2004, France Culture) • La Signature (2003, France Culture)