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Des espèces de dissolution

suivi du Monologue de Bassoléa

par Juliette Mézenc

Conte sorcier

Ce texte en sept mouvements suit le périple d’un homme à travers des strates de réalités physiques et numériques. Le récit explore comment la rencontre d’un être et d’un territoire les métamorphose l’un comme l’autre, re-suscite des personnes disparues et des temps vécus, défait l’identité du lieu comme du personnage avant de la refaire pour la porter à une puissance nouvelle. S’ensuit le frénétique Monologue de Bassoléa, qui creuse la question de l’existence humaine dans le flux de la vie et de la mort sur terre.

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Écouter le Monologue de Bassoléa

Extrait :

Premier mouvement
Pas de vaches, pré détrempé, vent frais, il se dit que c’était mal parti.
Il se trompait.
Ce fut d’abord les contours de son corps, ils se firent flous jusqu’à ne plus avoir de sens. Les lignes assez vite se brouillèrent et ce fut bientôt un mélange entre lui et le champ sous lui, températures et matières accordées, à merveille, au point qu’il aurait été impossible de savoir où finissait son corps où commençait le champ qui n’était plus sous lui mais quelque part au-dedans de lui.
Il respire maintenant dans un corps plus grand que son corps. Il respire dans les mottes de terre, dans les herbes, il respire dans le vent, dans le ventre de l’oiseau de proie qui stabilise son vol, il respire dans les vaches où qu’elles soient, dans l’odeur de la pluie et dans la rivière de pierres un peu plus haut.

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Son corps s'estompa doucement dans le printemps
&
je ne vois que mon bras. Mon bras est armé. L’arme est noire. L’arme est lourde. L’arme est trapue et elle pèse à mon bras.

J’essaie de lâcher l’arme et je découvre que je ne peux pas ouvrir la main. Je secoue le bras, qu’elle me lâche, rien n’y fait. Je recommence, plus fort. Mon bras alors s’étire, s’amollit, se tord en chewing-gum avec toujours l’arme au bout, la main serrée autour. Plus je secoue plus le bras s’étire, s’amollit et se tord. J’arrête. Mon bras se raffermit et retrouve sa forme initiale. L’arme au bout.

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Critiques :Cécile Portier dans Remue.net a écrit:

Des espèces de dissolution ouvre sur une appréhension du monde qui se ferait selon les auspices du tactile. Il n’y a qu’à se pencher et cueillir : « Les nuages qui circulent à ras de terre sont encore légers, il les sent plus qu’il ne les voit pour l’instant, il les sent sur sa peau, il les respire par toute la surface de son corps exposé ». Cela fait des siècles qu’on nous refourgue des révélations et Juliette Mézenc donne à connaître cette expérience d’être au monde autrement, avec une autre véracité, qui ne s’embarrasse pas des contours, qui ne se laisse pas éblouir par des soleils uniques, brûlants et autoritaires. Bienheureux les aveugles, ils ont des pulpes de chair qui leur en disent beaucoup plus de ce qu’il y a à vivre que de rester devant à l’admirer.

Jean-Philippe Cazier dans Diacritik a écrit:

Ce livre et nous, nous ne sommes pas dans le même monde, et nous ne pouvons le lire qu’en entrant dans le monde qu’il est, en abandonnant le nôtre, c’est-à-dire en renonçant à ce qui nous protège de ce à quoi, au contraire, ce livre nous expose directement, immédiatement. La lecture comme « dissolution »…

Cécile Viguier dans DIACRITIK a écrit:

Avec Des espèces de dissolution, Juliette Mézenc écrit un livre déstabilisant qui brouille toutes les frontières : celles du récit, des genres, des identités, des règnes, de la conscience, du monde. Cette dérégulation généralisée n’est pourtant pas un simple désordre, elle est au service d’une vie plus large, plus intense. A l’occasion de la sortie de ce livre, la librairie L’Echappée Belle, à Sète, a organisé une rencontre avec Juliette Mézenc et animée par Cécile Viguier. Nous reproduisons ci-dessous un extrait de cette discussion.

Laurent Lavoie dans Courrier du lecteur (Québec) a écrit:

Courrier des lecteurs...

"Lire Des espèces de dissolution, c’est vivre une expérience littéraire sidérante dont on ne revient pas sans y laisser quelque chose de soi, sans y rapporter aussi quelque chose d’autre que soi, qui brouille les pistes de ce que nous considérons le soi, de ce que pensons être l’autre que soi, et qui, chemin faisant, nous convie à devenir un être à mi-chemin, en virant tout, sens dessus dessous, le dehors et le dedans, le proche et le lointain, le ciel et la terre, en une bascule langagière où se déploie une écriture rhizomatique dont les racines adventives pénètrent au cœur d’un monde où s’entremêlent la vie et la mort, et qui s’appréhende ici dans la spatialité palpitante d’un souffle, mieux d’une respiration, pour qu’au final, de cette oxygénation singulière de l’écriture de Mézenc, on puisse faire paysage avec le paysage, lien avec le délié, l’un avec le divers, en somme qu’on puisse procéder à l’effacement des frontières, en un débordement continu, vibrionnant et lumineux."

Fabrice Thumerel dans Libr-critique a écrit:

Extrait : (…) Alice ultra-moderne, je/il/elle traverse, non pas le miroir, mais diverses strates de réalité virtuelle : nul lapin blanc dans un paysage virtuel tout droit issu des jeux vidéos, mais « un panneau qui parle », Miss Fluo, des « femmes-chevreuils », des « femmes-marmotes »… Allez, rendez-vous au mont Mézenc (cf. p. 104) !

Bassoléa dans DIACRITIK a écrit:

Extraits mis en voix et en musique par deux jeunes gens talentueux...


À propos de l’auteur

Juliette Mézenc a grandi dans les montagnes de l’Ardèche, elle vit et écrit dans les Cévennes. Elle travaille régulièrement avec d’autres écrivains et artistes, en particulier Stéphane Gantelet et Cécile Portier. Ses terrains de jeu : l’écriture « entre les genres », la fiction transmédia, la performance et le vidéopoème. Juliette Mézenc mène également de nombreux ateliers d’écriture auprès de publics très variés.
Lire un entretien avec l'autrice

Bibliographie

Cahiers de Bassoléa, L'Attente, 2022 • Journal du brise-lames, Publie.net, 2020 • Des espèces de dissolution, L'Attente, 2019 Laissez-passer, L’Attente, 2016 • Tu écris dans ta tête, in Une chambre à écrire, livre collectif, L’Ire des Marges, 2016Elles en chambre, L’Attente, 2014 • Poreuse, roman, Publie.net, 2012, 2018 • Sujets Sensibles, Publie.net, 2009


Micmac mécanic

par Serge Airoldi

Couverture d’ouvrage : Micmac mécanic
Fiche technique :Prix : 14,00 € EUR
ISBN : 978-2-36242-079-5
Taille : 13,00 x 19,00 cm
Pages : 138

Désengrenages

Monologue théâtral où sont décortiqués machines du vingtième siècle et réflexes machinaux. Dans un bric-à-brac un homme divague, se remémore un monde en train de disparaître, cherche l’articulation possible du langage et d’un esprit. Cette tragédie cocasse faite de télescopages verbaux (la faute à la machine à écrire « de marque Remington » que le narrateur démantibule peu à peu) est l’allégorie d’une progressive perte de pédales, et un puissant acte de résistance contre l’assujettissement aux mots d’ordre de tous ordres.

 

Lecture d'un extrait par l'auteur

Parution :
Thématiques :
Extrait :

je ne venais pas pour ça, mais en chemin, je, j’ai… j’ai été pris à partie, des pluies d’écrous, je t’assure, des écrous carrés, des papillons, des borgnes, à embases, l’écrou à ailes, des écrous hexagonaux, la France s’effondre sur toi, la Francentière écrase tes doigts de pied, ça taraude ça bouscule ça chamboule tu sais ces hordes qui te tombent dessus, d’en haut, du très haut, alors je viens pour purger tout ça, je viens pour les machines, pour dire des choses sur les machines, l’effritement, voilà l’idée même, l’éreintement, la fissure qu’inventent les machines,
(il saisit la machine à écrire de marque Remington, la jette sous un bras & marche avec nervosité dans tous les sens)
(comme un murmure à l’adresse d’un interlocuteur invisible)
je viens pour les machines
les machines ça vient de beaucoup trop haut

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Critiques :Claro dans Le Monde des Livres du 12/04/19 a écrit:

"Les vrais livres sont toujours des événements. Au sens où ils surviennent. Survivent. Incitent à continuer, comme chez Beckett. Micmac mécanic en est un. "

Nathalie André dans Eclairs a écrit:

"Commencer un livre de Serge Airoldi, c’est comme tout quitter pour devenir orpailleur (quelques heures seulement, hein !). Et de l’or, il vous en habille. Cet or, c’est sa langue. Il a le goût des mots rares et de leurs assemblages éclectiques. Il s’en explique en disant qu’issu d’une famille italienne, les mots sont devenus une conquête qu’il a associée au désir de vouloir tout nommer et de la manière la plus précise possible. Les juxtapositions et énumérations frôlent souvent, on le sent, la jubilation et cette profusion, qui s’accompagne d’une cohorte de bestiaires et personnages oubliés de nos mémoires, donne à son écriture une partie de sa saveur et coloration."

Lecteurs dans Babelio a écrit:

Je me suis juste délectée de ces mots en bouche comme une langue étrangère et un peu magique.
Une jolie découverte !


À propos de l’auteur

Né en 1966, Serge Airoldi vit et travaille à Dax. Après des études de lettres, de sciences politiques, d’histoire et de droit, il devient journaliste dès 1991 et obtient en 1998, le premier Prix de la Fondation Alexandre-Varenne dont le jury était présidé par Franz-Olivier Giesbert. Depuis 2009, il est directeur artistique des Rencontres à Lire, le salon du livre de la ville de Dax.
Outre plusieurs publications en revues (Fario, Phénix, Confluences Méditerranée, Europe, Le Matricule des Anges, Le Festin), des participations à des ouvrages collectifs et à des livres d’artistes, il est notamment l’auteur de Rose Hanoï, Arléa, 2017 (Prix Henri de Régnier de l’Académie française) et de L.P.P., Fario, 2018.

Bibliographie

Micmac mécanic, L'Attente, 2019 • L.P.P., avec des dessins de Lydie Arickx, Fario, 2018 • La petite fille au lapin, Les Petites Allées, 2018 • À la brunante, La Tête à l’Envers, 2017 • Rose Hanoï, Arléa, 2017, Prix Henri de Régnier de l’Académie française • Ces Landes, Le Festin, 2015 • Nous cheminons de la forge aux chevaux des nuits, de la marisma, le livre-cosmos à la mine éteinte, Les Petites Allées, 2014 • Partir avec le zèbre, L’Arbre à Parole, 2014 • Ma route est d’un pays où vivre me déchire, Fario, 2014 • Adour, histoire fleuve, Le Festin, 2013 (Troisième édition, juin 2017, préface de Jean-Paul Kauffmann) • Les Roses de Samode, Cheyne, 2011 • Comme l’eau, le miroir changeant, Fario, 2010 • Le Veilleur de Matera, La Fosse aux Ours, 2006 • Les Chevaux, La Fosse aux Ours, 2004


La revanche des personnes secondaires

par Isabelle Zribi

Délicieuses méchancetés

La vie, comme la fiction, comporte son lot de personnages secondaires. Êtres voués au silence, à l’effacement, voire au dédain et aux insultes, certains trouvent le courage de s’insurger contre leur condition. De Chicago à Fontenay-sous-Bois en passant par le Mexique, des années 50 au futur proche, domestique moderne, femme trompée, adolescent mal dans sa peau, sœur invisible, vieillard méprisé, jeune femme harcelée, ils sont déterminés à sortir de l’ombre. Qu’ils soient devenus célèbres ou non dans la vraie vie, cette série de nouvelles en douche écossaise, percutantes, corrosives, militantes, leur offre à tous une revanche.

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Parution :
Artistes de couverture :
Thématiques :
Extrait :

Tu t’es endormie en un coup de seringue, avec la conviction heureuse que tu allais te débarrasser de moi. Le chirurgien s’est paré de ses beaux vêtements bleus, de ses gants lustrés et de son masque. Il est déterminé à te décharger de ce qu’il nomme ta tumeur maline. Pour lui, c’est l’évidence. Cancer = danger vital = extraction immédiate. Bientôt, il me séparera de toi.
Je me suis mal comportée. Mais aurais-tu réagi plus noblement ? Au début, nous étions aussi dérisoires l’une que l’autre. Papa – j’ose lui donner ce nom – s’est glissé dans maman et le hasard a conduit un de ses spermatozoïdes à faire la connaissance d’un ovocyte. Nous venons toutes deux de cet œuf. Je sais, c’est dégueulasse. Le cocktail de leurs gênes a produit deux débuts d’enfants asexués et sans organes – nous. Par un curieux phénomène, au lieu de prendre mon autonomie, je me suis mêlée à toi.

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Critiques :Alain Nicolas dans L'Humanité du jeudi 3 janvier 2019 a écrit:

EN HAUT DE LA PILE

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Nouvelles - Les seconds rôles se rebiffent

Qu'est-ce qu’un personnage secondaire ? On le voit bien quand il en existe de “principaux”, assez consistants pour tenir les premiers rôles. À l'arrière-plan, domestiques au garde-à-vous, étudiants dans les amphis, comateux à deux doigts de la fin de vie ou tout simplement personnes sans signes particuliers, ils ne traversent les oeuvres que comme accessoires, à peine animés. On ne se demande jamais s'ils s'en contentent, s'ils en souffrent, s’ils aspirent à autre chose.
Pour Isabelle Zribi, c'est clair, ils veulent une revanche. Elle va la leur offrir. Point de malentendu : il ne s'agit pas d'en faire des personnages principaux, comme la Félicité d'Un coeur simple de Flaubert ou le Joseph Roulin de Pierre Michon.
Loin d’être une collection de “vies minuscules”, ce recueil de nouvelles - un genre qui a bien besoin d’une revanche - est bien une galerie de batailles, celles qu'ils mènent, avec cruauté, contre la vie et les gens. Une méchante et délectable lecture de début d'année.

Jean-Philippe Cazier dans Diacritik a écrit:

"La revanche des personnes secondaires est un livre sans doute très méchant pour le Medef, la Manif pour tous ou Emmanuel Macron. C’est en tout cas un livre de guérilla politique, une sorte de petit traité d’anarchie."

Karen Cayrat dans Pro/p(r)ose Magazine a écrit:

"En ce mois de janvier, c’est un ouvrage à la fois enthousiasmant, mordant et féroce que livre Isabelle Zribi. Une ode à l’affirmation de soi, une ode à la différence qui, pétrie d’engagement, nous enjoint à tourner nos doutes en panache, des pages que Pro/p(r)ose Magazine avait à cœur de porter."

Laurent Gourlay dans BLOG a écrit:

"Ces treize courts récits, au style vif et tranchant, distillent une atmosphère inquiétante et drôle. Un recueil de nouvelles, comme autant d’actes de renaissances, à l’humour cruel et incisif."

Stéphane Guillaume dans Le Chirurgien Dentiste de France N° 1833-34 février 2019 a écrit:

"Où vont les invisibles, les ternes, les sans relief ? Ces femmes et ces hommes que l’on croise, mais qu’on ne regarde pas. Voués pour toujours à l’ombre, à l’oubli, voire au mépris, les voilà condamnés à traverser nos vies comme des ectoplasmes : « Cette présomption d’insignifiance ne se renverse pas. C’est définitif. » Mais méfiez-vous, nous susurre Isabelle Zribi, quand ces pâles figures se rebellent, cela peut faire mal. Et même très mal parfois.
La Revanche des personnes secondaires, son dernier livre, est une suite d’histoires de révoltes. Un garçon mal dans sa peau se transforme en diva underground et trash, une jeune fille fait payer très chèrement aux hommes leurs harcèlements, un grand-père délaissé se fait passer pour l’homme le plus vieux du monde… Les héros de ces fables amorales et grinçantes sont d’abord les victimes de leur apparence.
Mais ce sont aussi les éléments perturbateurs qui viennent brouiller l’ordre établi. Ils semblaient médiocres, si peu visibles ; ils deviennent soudain étranges et envahissants.
Des rôles s’inversent, des masques tombent, des humiliés relèvent la tête. Et leurs représailles inattendues, joyeusement méchantes, sont à la hauteur des humiliations subies. Isabelle Zribi est avocate et romancière. La Revanche des personnes secondaires est son quatrième ouvrage.
Ces treize courts récits, au style vif et tranchant, distillent une atmosphère inquiétante et drôle. Un recueil de nouvelles, comme autant d’actes de renaissance, à l’humour cruel et incisif.

Eric Loret dans Le monde des livres du 12.04.19 a écrit:

Les narrateurs de ces treize nouvelles sont motivés, comme le titre ne l'annonce pas tout à fait, par un désir de vengeance, qui va parfois jusqu'à la torture. Ces femmes et ces hommes décrivent d'abord l'ordinaire du mépris où les tiennent les autres, souvent sur un ton d'humour glacial : « Je suis d'abord bouleversée d'apprendre qu'elle n'est pas réticente à la sexualité en général mais à coucher avec moi en particulier. » Puis ils retournent le bâton si l'on ose dire, tout en vérifiant avec le Baudelaire du Spleen de Paris qu'il y a « si peu d'amusements qui ne soient pas coupables ». Les leurs sont ubuesques, sanglants, s'enflent par l'agacement de la langue jusqu'au délire : le héros de la dernière histoire, « Le clodo du troisième étage », est d'ailleurs Henry Darger (1892-1973), le peintre brut inventeur des inquiétantes et androgynes Vivian Girls. Le style de ces textes répond à peu près à cette remarque d'un personnage : « Il me fixe, cherchant une réponse dans mes traits. Mais le visage n'est pas une notice explicative. » E. Lo.

Guillaume Richez dans LES IMPOSTEURS a écrit:

Dans les treize textes qui composent ce recueil, Isabelle Zribi décrit d’abord le mépris et les humiliations que subissent ses personnages, féminins ou masculins, parfois avec un humour à froid qui fait mouche. Puis la situation bascule.


À propos de l’auteur

Isabelle Zribi, née en 1974, exerce le métier d’avocate et vit à Paris. Elle a publié quatre livres (dont Tous les soirs de ma vie, Verticales, 2009), a participé aux Cahiers du Cinéma et a fondé et coanimé la revue Action restreinte, théories et expériences de la fiction.

Bibliographie

La revanche des personnes secondaires, coll. "Alimage", l'Attente, 2018 • Quand je meurs, achète-toi un régime de bananes, coll. "Qui Vive", Buchet Chastel, 2 014 • Tous les soirs de ma vie, Verticales, 2009 • Bienvenue à Bathory, Verticales, 2007 • MJ Faust, Comp’Act (devenues L’Act Mem), 2003


La connaissance et l’extase

par Éric Pessan

Couverture d’ouvrage : La connaissance et l'extase
Fiche technique :Prix: 13,00 €
ISBN : 978-2-36242-078-8
Taille : 13,00 x 19,00 cm
Pages : 98

Témoignage

Sur la difficile mais passionnante mission d’écrivain animateur d’ateliers d’écriture à travers toute la France, l’auteur témoigne: «Un journaliste, un jour, m’a demandé si j’écrivais pour changer le monde. Mon premier réflexe a été de répondre non. Puis, j’ai réfléchi, j’ai pensé à la joie de voir un môme ou un adulte touché par une phrase qu’il lit ou qu’il écrit, j’ai pensé à la façon dont la littérature a changé ma vie, alors je me suis repris, et j’ai répondu: oui

 

Lecture d'un extrait par l'auteur

Extrait :

Il est dans les mœurs de certains de vouloir que coule le sang.
Il est dans d’autres mœurs de ne pas dormir la nuit parce que l’on s’inquiète d’une parole haineuse entendue, de laisser filer les heures jusqu’à ce que l’on entende chanter les oiseaux, au petit matin, et de se lever quand même pour prendre un train, rencontrer des gens qui ne savent pas trop pourquoi leur éducateur les a conviés, et dire la joie d’une lecture, la possibilité d’une écriture, la fraternité, l’égalité qui n’est pas une réalité mais bien un but, la liberté que chacun a le droit de rêver.

Dans une grande bassine, je plonge les mots morale et idéaliste, fraternité et extase, égalité et liberté, connaissance et rêve. Il faut que ça mousse, il faut les briquer. Il s’agit de les donner à entendre comme si on ouvrait un coffre contenant un trésor oublié.

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Parfois, durant un atelier, quelqu’un cherche un mot et je vois la joie le chavirer quand il le trouve.

Souvenir d’un collégien, émerveillé, après que j’ai donné quelques mots à des camarades qui peinaient sur leur texte :

C’est extraordinaire, il y a des mots pour tout dire, alors ?

Cette joie-là fait partie des réponses aux questions que je me pose.

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Lecture musicale d'un extrait de La Connaissance et l'extase, par Elodie Retière

 

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Critiques :Sylvie Zobda dans LA CAUSE LITTÉRAIRE a écrit:

Eric Pessan est un écrivain engagé. Ses textes évoquent bien souvent la politique, au sens large du terme, mot hérité du grec ancien politikos « relatif aux citoyens », mot qui déclenche une série de questions : comment vivre ensemble et accepter chacun ? Quelles sont nos valeurs communes ? Les liens qui soutendent notre société ?

Warren Bismuth dans DES LIVRES RANCES a écrit:

"Que faire face à la bêtise, à la haine, à la peur de la différence, aux amalgames, aux préjugés ? Éric PESSAN est à la fois écrivain et animateur d’ateliers d’écriture et de lecture théâtrale dans des collèges et des lycées, qu’ils soient généraux, professionnels ou techniques. Il vit au quotidien ces dérives idéologiques encore plus que lexicales, il tente de les combattre, il perd parfois espoir. Dans ce petit essai, il livre ses impressions, ses constats de nombreuses années sur le terrain, dans le but d’inculquer une certaine morale, un certain respect, une certaine idée de la République. "

Sarah Chiche dans CHAOS a écrit:

Eric Pessan écrit comme on combat. J’ai beaucoup d’estime pour son intransigeance. Il a organisé sa vie autour de l’écriture.

Thierry Guichard dans Le Matricule des Anges N° 203 a écrit:

"C'est à hauteur d'homme qu'Éric Pessan ici pose les questions auxquelles chacun, probablement, est un jour confronté. Pour peu que ce chacun-là ne vote pas pour le Rassemblement national, ne préconise pas la peine de mort à tout va sauf pour les embryons, n'appelle pas au massacre des homosexuels ou au voile obligatoire pour les filles. Les questions traduisent de L’impuissance (quoi faire ? Que dire ? Comment convaincre ?) et du dégoût (comment devient-on idiot ? Qu'y a-t-il de plus fort que la bêtise ?). Ces questions, l'écrivain et l'animateur d'ateliers d'écriture est amené à se les poser souvent: c'est dans un bar où les insultes matinales fusent quand la télé annonce que Bowie est mort («Bien fait, qu'il crève!») ; c'est dans une classe où il intervient, l'élève qui le traite de« pédé » et renverse son bureau
avant de sortir pour ne pas rester dans la même salle qu'un « pédé » et que les « pédés, il faut les égorger ». C'est, ailleurs, cette jeune fille qui affirme qu'elle épousera l'homme que ses parents lui choisiront et qu'elle en sera heureuse. C'est lors d'une barbecue party, cet autre qui avec des arguments économiques que ne renierait pas Macron, explique que la littérature est une activité inutile, autant dire nuisible. Comment réagir face à ça ?
Éric Pessan, dans ce recueil de textes qui font une unité, n'apporte aucune réponse théorique. Il témoigne simplement. Il met à plat son impuissance à agir, sa colère, ses doutes. Il va chercher Montaigne ou Michaux pour tenter de mieux cerner ce qui se joue dans ces confrontations violentes, négatrices des valeurs qui l'animent.
« C'est aux chrétiens une occasion de croire que de rencontrer une chose incroyable. » Cette phrase tirée des Essais, il se la met en bouche, il l'a fait rouler sous la langue, la laisse pénétrer en lui pour lui trouver la capacité de répondre à ce qui, quatre siècles et demi plus tard, fait question. « Cette phrase, écrit Pessan, dit avec précision ce qu'est une croyance : quelque chose qui se nourrit de chaque réfutation. »
Et d'ajouter : « Tout ce que je pourrais dire et écrire sur l'égalité et la tolérance pourrira dans l'esprit d'une personne intolérante et se transformera en compost. » Ne rien dire donc, ne rien écrire ? On sait d'avance quelle réponse l'écrivain apporte à cette conclusion. Il écrit Pessan et il n'est pas près de s'arrêter. C'est parfois ici une écriture-cri : « Silence ! Par pitié. Taisez-vous donc !» lance-t-il aux voix racistes et antisémites qui l’acculent, avant de choisir de parler de lui, de faire de lui un exemple : «je n'ai rien trouvé de mieux que la littérature. Sérieux, j'explique que je lis pour la connaissance et l'extase. Les livres m'ouvrent au monde. ( ... )Si seulement je savais comment j'ai cheminé vers la littérature, je pourrais partager la formule secrète. » Ce faisant, n'est-il pas comme ceux qu'il combat : sûr de ses valeurs, prêtre de sa foi ? Lucide, l'écrivain porte un regard acéré sur le « gauchiste » qu'il est, sur ces gens qui aiment la culture et s'indignent d'une baisse de budget pour un théâtre, sauf si c'est un théâtre dont ils n'aiment pas la programmation ...
Sur cette absence de réponse, le livre se bâtit dans une forme poreuse, allant tantôt du côté du témoignage, du récit autobiographique, bifurquant là vers
l'invective, saisissant des images restées en mémoire. Une forme ouverte pour dire l'espace à habiter entre l'enfer des autres et le paradis auquel on rêverait, pourtant, de les conduire"


À propos de l’auteur

Photo © Mélio Pessan

Né en 1970, Éric Pessan est écrivain et dramaturge, il écrit des romans, de la poésie, des récits, des textes pour la jeunesse, du théâtre, des fictions radiophoniques. Passionné d’espace, il collabore depuis 15 ans avec l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire culturel du Centre National d’Etudes Spatiales. Il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages où il explore ce qui le questionne, l’effraie, le scandalise ou – au contraire – lui donne la force d’avancer.
Il est membre du comité de rédaction de la web revue remue.net et de la revue Espace(s) éditée par l'observatoire de l'Espace (centre national d'Études Spatiales).
Prix NRP (Nouvelle Revue Pédagogique) de littérature jeunesse pour son roman Aussi loin que possible en 2015.
Grand Prix SGDL (Société des gens de lettres) du roman Jeunesse pour Dans la forêt de Hokkaido en 2018.

Bibliographie

Untoten, L'Attente, 2023 • Le long des fissures (avec Patricia Cartereau), l’Atelier contemporain, 2023 • Samedi (avec Christian de Massy), Patayo, 2022 • Qui verrait la Terre de loin, Fayard, 2022 • Rien dans mon enfance, L’Œil ébloui, 2022 • Le Poème de Fernando, Thierry Magnier, 2022 • Dino et la fin d'un monde, L’École des loisirs, 2021 • Teenage Riot (avec Olivier de Solminihac), L'École des loisirs, 2021 • La Gueule-du-Loup, L'École des loisirs, 2021 • Tenir debout dans la nuit, L’École des loisirs, 2020 • … ou bien, je me trompe ?, N'a qu'1 Œil, 2020 • Biji (livre aléatoire numérique), La Marelle, 2020 • Photos de famille, L’Œil ébloui, 2020 • L’homme qui voulait rentrer chez lui, L’École des loisirs, 2019 • La connaissance et l'extase, L'Attente 2018 • Quichotte, autoportrait chevaleresque, Fayard, 2018 • De si beaux uniformes, Espaces 34, 2018 • Un chagrin d’amour avec le monde entier (avec Virginie Sauvageon), Le Chemin de fer, 2017 • Dans la forêt de Hokkaido, l’École des loisirs, 2017 (Grand Prix SGDL Jeunesse) • Pebbleboy, l’École des loisirs, 2017 • La plus grande peur de ma vie, l’École des loisirs, 2017 • La Nuit du second tour, Albin Michel, 2017 • Lettre ouverte au banquier séquestré dans ma cave depuis plusieurs semaines, Éditions Le Réalgar, 2016 • Sang des glaciers, La Passe du vent, 2016 • Parfois, je dessine dans mon carnet, L'Attente, 2015 • En voie de disparition (essai), Al Dante, 2015 • La hante (avec Patricia Cartereau), L’atelier contemporain, 2015 • Aussi loin que possible (roman jeunesse), l’École des loisirs, 2015 • Cache-cache (théâtre), l’Ecole des loisirs, 2015 • Le démon avance toujours en ligne droite, Albin Michel, 2015 • Demande de remboursement des livres pour cause de non-conformité avec ce que l'on peut attendre de la littérature (hors commerce), L'Attente, 2014 • La fille aux loups (avec Frédéric Khodja), Le Chemin de fer, 2014 • Le syndrome Shéhérazade, L'Attente, 2014 • Et les lumières dansaient dans le ciel (roman jeunesse), L’École des Loisirs, 2014 • Muette, Albin Michel, 2013 • Ôter les masques, essai sur Shining de Stephen King, Cécile Defaut, 2012 • N (avec Mikaël Lafontan), Les Inaperçus, 2012 • Plus haut que les oiseaux (roman jeunesse), L’École des Loisirs, 2012 • Quelque chose de merveilleux et d'effrayant, roman jeunesse, avec Quentin Bertoux, Thierry Magnier, 2012 • Monde profond, L'atelier In-8, 2012 • Dépouilles, roman-théâtre, L'Attente, 2011 • La grande décharge, théâtre, L’Amandier, 2011 • Sexie conférencière, Derrière la salle de bains, 2011 • Croiser les méduses, L'atelier In-8, 2011 • Incident de personne, roman, Albin Michel, 2010 • Moi, je suis quand même passé, poésie, Cousu Main, 2010 • Tout doit disparaître, théâtre, Théâtre Ouvert, 2010 • La nuit de la comète, nouvelles, Cénomane, 2009 • Cela n’arrivera jamais, roman, coll. "Fiction & Cie",Seuil,  2007 • Une très très vilaine chose, roman, Robert Laffont, 2006 • Les géocroiseurs, roman, La Différence, 2004 • Chambre avec Gisant, roman, La Différence, 2002 • L’effacement du monde, roman, La Différence, 2001 réédition en poche (collection Minos-2004) /// Fictions radiophoniques La grande décharge (2011, France Culture) • La plus heureuse entre toutes les mères (2009, France Culture) - La grande enseigne (2008, France Culture) • Dépouilles (extraits) (2006, France Culture) • Demain matin, la lune (2005, France Culture) • Seuls mes yeux (2005, France Culture) • Le syndrome de Münchhausen (2004, France Culture) • La Signature (2003, France Culture)


Le pas-comme-si des choses

par Virginie Poitrasson

Ambiguïtés de la perception
Avec le soutien du Centre National du Livre

Ce récit en fragments intériorisés explore la façon dont le corps se déploie dans l’espace, s’absente, se dissout ou se disperse dans les éléments qui l’entourent, et fait l’expérience de lui-même à travers la langue. Une aventure intime conduisant à la rencontre troublante de «l’autre de soi». Le pas-comme-si des choses aborde ces territoires où les ambiguïtés de la perception touchent à l’indicible, voire au fantastique.

 

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Lecture d'un extrait par l'autrice

Un extrait lu par Pierre Mainard pour L'Air Nu

Parution :
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Extrait :

C’est un petit drame après l’autre. Petit drame après petit drame. Les uns après les autres, des petits drames qui dansent, se donnent, se quittent, se retrouvent, s’élargissent, s’abandonnent, se rétractent, s’étalent à nouveau, ne disparaissent jamais totalement.
Pourtant au départ rien de tout cela ne transparaît à la surface. Au commencement, il y a juste un bruit de fond, constant, inintelligible mais comme annonciateur d’évènements. Et peu à peu des oscillations de présence apparaissent, des gestes inédits s’initient, des pensées circulent, comme si une main passait le long de ma colonne vertébrale et frôlait une à une mes vertèbres. Serait-ce le point de bascule ?
(Je crains, bientôt, de me situer hors-champ.)

Lire les premières pages

 

 

Critiques :Alain Nicolas dans L'Humanité (07/09/18) a écrit:

« Combien de corps faut-il que je trimbale ? » demande Virginie Poitrasson à l’entame de ce récit. Avoir le sentiment de se trouver sans corps, ou dotée d’une multiplicité de corps, et comment le dire ? C’est ce dont Le pas-comme-si des choses se propose de rendre compte. Cela n’est pas un épisode dans une vie, pas un événement, cela ne commence pas vraiment. Il y a « juste un bruit de fond » et « de petits drames » l’un après l’autre, des « oscillations de présence », qui apparaissent. On pourrait décrire de la sorte le commencement du monde, qu’on soit théologien ou physicien.

Florence Trocmé dans POEZIBAO a écrit:

"On se trouve en effet devant un livre très intéressant, original, du rarement lu, écrit dans une langue simple, précise et douée d’une puissante capacité d’évocation."

CLARO dans Le Monde des Livres du 25/10/18 a écrit:

Virginie Poitrasson parle à un moment de faire de la langue
« une langue revenante ». Une démarche orphique, donc, à la fois humble et têtue, qui éblouit par sa subtilité et sa générosité.

Jean-Philippe Cazier dans DIACRITIK a écrit:

Le pas-comme-si des choses est en lui-même un livre multiple, incluant des échos, se prolongeant de manière virtuelle en d’autres œuvres, d’autres livres qu’il appelle, qu’il implique et auxquels il s’ouvre, tissant avec eux des liens fantomatiques porteurs de devenirs, suggérant un bloc ou une machine littéraires explorateurs d’une « anormalité » que nous ne pouvons que désirer.

Lecture de Virginie Poitrasson dans YOUTUBE a écrit:

Extrait 'Le pas-comme-si des choses'


À propos de l’auteur

Virginie Poitrasson est née en 1975. Originaire de Lyon, elle a vécu à la Nouvelle-Orléans, à New York et vit aujourd’hui à Paris. Écrivain, plasticienne, performeuse et traductrice, elle explore les frontières entre les genres et les modes d’expression langagiers et plastiques (sons, vidéos, sérigraphie).
Elle traduit de nombreux poètes américains : Michaël Palmer, Lyn Hejinian, Cole Swensen, Marylin Hacker, Charles Bernstein, Jennifer K.Dick, Michelle Noteboom, Shanxing Wang, Rodrigo Toscano, Laura Elrick, et collabore régulièrement à des séminaires de traduction.

Bibliographie

Entretien avec François Bon

. Tantôt, tantôt, tantôt, éditions du Seuil, 2023

. Une position qui est une position qui en est une autre, LansKine, 2019

Le pas-comme-si des choses, L'Attente, 2018 • Il faut toujours garder en tête une formule magique, L'Attente, 2012 • Vraisemblance du perméable, avec l’artiste Gabriele Chiari, Méridianes, 2011 • « Autour de Pierrette Bloch », dans Le Geste à l’œuvre, collection Beautés, Lienart, 2011 • Journal d’une disparition, Ink #1, 2010 • Écrivains en séries, collectif 133 séries vues par 99 écrivains, saison 2, Léo Scheer, 2010 • Nous sommes des dispositifs, bilingue français-italien, La Camera verde, 2009 • Demi-valeurs, L'Attente, 2007 • Série ombragée, Propos 2 éditions, 2006 • Épisodes de la lueur, L’Atelier du Hanneton, 2004 Traductions Lentement (Slowly), de Lyn Hejinian, collection dirigée par Juliette Valéry, Format Américain, 2006 • Première figure (First figure) de Michael Palmer, co-traduit avec Éric Suchère, José Corti, 2011