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De bouche à oreille

par Association Promofemmes, Françoise Valéry

Couverture d’ouvrage : De bouche à oreille
Fiche technique :Prix : 16,00 € EUR
ISBN : 978-2-36242-044-3
Taille : 15,50 x 21,00 cm
Pages : 172

Témoignages interculturels sur la transmission
(Livre + CD audio)

Élaboré à partir d'une collecte des paroles des adhérentes de l'association Promofemmes, ce livre exprime la diversité de leurs origines géographiques, valorise leur culture et le croisement des expériences vécues : "Il s’agit d’échanger sur ce que nous souhaitons transmettre à nos enfants, et sur les difficultés que nous rencontrons dans cette transmission." Parmi les sujets abordés, quelques thèmes dominent :
- Le récit de traditions avec des expériences similaires dans différents pays sur les grands moments de l’existence : la jeunesse, le mariage et la vie en couple, l’accouchement, le sevrage…
- Le nécessaire dialogue parents / enfants et adolescents, mais rendu parfois difficile dans un contexte de double culture.
- Les nombreuses interrogations sur les principes que nous souhaitons ou non perpétuer dans l’éducation des filles et des garçons.
- L’importance de l’école, considérée comme un facteur d’émancipation.

Parution :
Thématiques :
Extrait :

Meriem B. (Tunisie) : Moi je fais tout ici comme si je vivais là-bas en Tunisie. Je fais les mêmes traditions, je parle la même langue, la cuisine est pareille. Mais j’ai ajouté d’autres plats depuis que je vis en France. De la cuisine française mais pas seulement, parce qu’ici j’ai côtoyé d’autres communautés, j’ai appris la cuisine marocaine, la cuisine algérienne…

Ulker O. (Turquie) : Moi je suis restée pendant 50 ans avec mon mari mais je ne lui ai pas dit 50 mots. Lui il a parlé, moi j’ai écouté. Maintenant il est décédé et je peux dire que je n'ai pas vécu ma vie.

Zabida H. (Algérie) : Mon petit-fils a tété jusqu’à l’âge de 5 ans. Il allait à l’école, quand il revenait il posait son cartable et venait téter. Et si je disais que j’allais travailler il n’était pas content, il se fâchait ou il me lançait des cailloux.

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Nefize O. (Bulgarie) : Il y a un proverbe turc qui dit : Quand on élève des enfants, le résultat est à chaque fois différent, cela dépend de la terre et cela dépend de l’eau.

Rihanna-Siham H. (Algérie) : Ma mère m’a appris à faire les galettes de pain, mais quand je les fais ce n’est pas elle qui se brûle les doigts, c’est moi !

Neermala M. (Île Maurice) : On aime bien recevoir les étrangers de toutes les cultures qui viennent chez nous, les français, les américains, les portugais, les espagnols. On leur apprend comment rouler des hanches, comment bouger les pieds, le corps, ceux qui sont raides on les fait bouger, c’est comme ça chez nous.

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À propos des auteurs

Association Promofemmes

Créée à Bordeaux en 1994, l’association Promofemmes a pour vocation l’insertion sociale des femmes immigrantes et, à travers elles, celle de leur famille. Les différentes problématiques de la vie quotidienne sont abordées dans un programme d’ateliers et de permanences : français et alphabétisation, accès aux droits et traitement des problèmes administratifs, prévention santé, insertion socioprofessionnelle, mobilité dans la ville, parentalité… L’association propose également des activités liées à la convivialité : cuisine, couture, après-midi "thé et jeux de société", sorties culturelles.
La culture étant un élément déterminant de l’insertion, les livres et CD élaborés à partir de collectes auprès des adhérentes expriment la diversité de leurs origines ainsi qu’une valorisation de leur double culture. Artiste et éditrice, Françoise Valéry recueille ainsi auprès d’adhérentes de plus de 65 nationalités des témoignages de leur mémoire, de leurs savoir-faire et de leur inventivité (récits, recettes, chants…) pour en faire des objets de transmission interculturelle et intergénérationnelle sous forme de livres et de supports audiovisuels.

Bibliographie

De bouche à oreille, témoignages interculturels sur la transmission, illustré, avec un CD d'histoires et de chansons en VO (traductions dans le livre), 2013 • À quoi on joue ?! - jeux d'ailleurs et d'ici, d'hier et d'aujourd'hui, avec un CD d'histoires et de comptines en VO (traductions dans le livre), 2011 • J’habite ici ~ la famille, volume 3, mémoire et témoignages, illustré, 2010 • J’habite ici, volume 2, mémoire et témoignages, illustré, 2009 • J’habite ici, volume 1 , mémoire et témoignages, illustré, 2007 • Almanach interculturel, calendrier perpétuel illustré, 2005 • Elles racontent, recettes du monde pour la santé et la beauté, illustré, 2004 • Elles cuisinent, recettes de cuisine du monde, illustré, 2003 • Elles racontent…, volume 3, contes et histoires du monde, illustré, 2002 • Elles racontent…, volume 2, contes et histoires du monde, illustré, 2001 • Elles racontent…, volume 1, contes et histoires du monde, illustré, 2000 • Prises multiples, mémoire et témoignages, illustré, 1998 • Elles disent, mémoire et témoignages, 1997


Françoise Valéry

Née en 1970, Françoise Valéry co-dirige avec Franck Pruja les Éditions de l’Attente depuis 1992. Diplômée de l'école des Beaux-Arts de Bordeaux en 1994, elle fait des mises en page et des relectures, des traductions et relectures de traductions (de l'anglais), écrit, anime des ateliers d'écriture…

Bibliographie

Vaisselier en coupe, Lnk #11 (Alain Cressan), 2010 • Portrait d’une jeune fille, Lnk #11 (Alain Cressan), 2010 • Trépigna la princesse, revue en ligne Ce qui secret, 2010 • "Clara 2009 - portrait d’une jeune fille", revue en ligne Ce qui secret, 2010 • Huit mains dans le panier, (avec Franck Pruja, Isabelle Jelen et Monsieur Gadou), cipM/Spectres Familiers, 2005 • Poêlon hallucinogène, coll. Livre-Poster, l’Attente, 2004 • Formula, coll. Vade-Mecum, l’Attente,  2004 (H.C.) • Victimes du genre, l’Attente, 2002 • 10 000 $ à la Chand'leur, coll. Week-end, éditions de l’Attente,  2000 • Fuzzy travel, (sous le pseudonyme de Claire Quenond), coll. Week-end, l’Attente, 1998 • Les victimes n'ont apparemment aucune relation entre elles, version spéciale dédiée à Jacques Siclier, éditions de l'Attente, 1994 • Les victimes n'ont apparemment aucune relation entre elles, éditions de l'Attente, 1993 • Les baisers de 13h30 à 18h45, flip-book photographique, livre d'artiste, 1993 • Traductions, une discussion à six voix (livre-partition), l’Attente, 1992

Elle a traduit des textes de Etel Adnan (Déplacer le silence, de Shifting the Silence ; Là-bas, de There, avec Marie Borel), de Lisa Asagi (Zuihitsu Labyrinthite, publié par Alain Cressan, Lnk #15 bis), de Damon Krukowski (Lisez-moi, extraits choisis du livre The Memory Theater Burned), de Kristin Prevallet (Je, au-delà – avec Sandra Moussempès), de Sarah Riggs (28 télégrammes ; 60 textos43 Post-it – avec Marie Borel), de Rosmarie Waldrop (La revanche de la pelouse, de The Lawn of Excluded Middle – avec Marie Borel), et de Rosmarie et Keith Waldrop (Un cas sans clef, de Flat with no Key – avec Marie Borel).

Bibliographie avec Promofemmes

Depuis 1996, Françoise Valéry intervient dans l’association Promofemmes à Bordeaux, qui accompagne l’insertion sociale de femmes immigrantes. Elle y recueille auprès d’adhérentes de plus de 65 nationalités des témoignages de leur mémoire, de leurs savoir-faire et de leur inventivité (récits, recettes, chants…) pour en faire des objets de transmission interculturelle et intergénérationnelle sous forme de livres et de supports audiovisuels. • À quoi rêvez-vous, avec l'artiste plasticienne Anne-Laure Boyer, portfolio, poèmes sur le modèle formel du tanka japonais & peintures à la tempera, à paraître début 2022 • De bouche à oreille, témoignages interculturels sur la transmission, illustré, avec un CD d'histoires et de chansons en VO (traductions dans le livre), 2013 • À quoi on joue ?! - jeux d'ailleurs et d'ici, d'hier et d'aujourd'hui, avec un CD d'histoires et de comptines en VO (traductions dans le livre), 2011 • J’habite ici ~ la famille, volume 3, mémoire et témoignages, illustré, 2010 • J’habite ici, volume 2, mémoire et témoignages, illustré, 2009 • J’habite ici, volume 1, mémoire et témoignages, illustré, 2007 • Almanach interculturel, calendrier perpétuel illustré, 2005 • Elles racontent, recettes du monde pour la santé et la beauté, illustré, 2004 • Elles cuisinent, recettes de cuisine du monde, illustré, 2003 • Elles racontent…, volume 3, contes et histoires du monde, illustré, 2002 • Elles racontent…, volume 2, contes et histoires du monde, illustré, 2001 • Elles racontent…, volume 1, contes et histoires du monde, illustré, 2000 • Prises multiples, mémoire et témoignages, illustré, 1998 • Elles disent, mémoire et témoignages, 1997


Apéro

par Rémi Checchetto

Rituel immodéré
Avec le soutien du Centre National du Livre

Après P’tit déj, Confiotes, et Nous, le ciel, Rémi Checchetto s’en prend à l’apéro. C’est autour de ce rituel que les langues se délient, que les langues fourchent et laissent échapper d’étranges formules, des lapsus parfois qui en disent plus qu’on ne voudrait. À en pleurer ou à pleurer de rire.

Parution :
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Extrait :

À l’apéro des fois comme ça on abuse un peu et les lettres se mélangent gentiment et voilà qu’on se met à l’opéra, on soprane, on barytone et claironne, tous les voisins sont au courant et les chiens des alentours nous accompagnent de quelques vocalises plutôt cacophoniques, qu’on nous pardonne, c’est sans doute que la vie de ce jour était trop désaccordée, qu’elle nous a éloignés de nos violons d’Ingre et qu’elle s’y est entendue deux fois plutôt qu’une à nous envoyer dans la fosse commune, alors apéro riposte, opéra réparation, on raboute le désarticulé, on se met des paillettes, on bizette fleurette, et wagnère tonnerre, et Mozart corneillard, ô apéro opéra qui opère à gorge ouverte, ô opéra en paréo

 

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À l’apéro c’est parfois moins le petit blanc qui nous tourne la tête que les Apéricubes, c’est vrai ça, d’abord il y a les questions et ensuite il y a que les réponses sont écrites à l’envers, on tourne et retourne les p’tit papiers jusqu’au moment où c’est la tête qui se tourbillonne toute seule, et puis les questions coupées ça aussi ça nous chamboule les méninges et la tête avec, c’est à n’en plus finir, quels sont les pays qui ? qui quoi ? qui sont voisins de ? qui sont traversés par le fleuve Danube ? qui ont un PNB supérieur à celui du Royaume du Bhoutan ? qui causent l’espagnol ? qui ont ? qui sont, qui font ? franchement les apirécubes, les upéracibes, les cépuricabes, les machins carrés au fromage mieux vaut éviter si on veut vivre les pieds sur terre

 

Parfois arrivé à l’heure de l’apéro on se retourne et on constate qu’une nouvelle fois il n’y a nulle trace de notre passage tout au long de la sainte journée où on vient pourtant de passer, non, rien, rien de rien, pas même une petite branche cassée, même pas la salive d’un mot, que dalle, c’est l’heure d’arrêter le fléau et de se mettre un peu de baume au cœur, de se redonner des couleurs et une forme, c’est de la sauvegarde perso, et comme le corps c’est du sucré salé, sucré du cœur, salé du reste, on se fait un whisky cacahuètes, voilà de quoi nous sauver, voilà qui va nous permettre de retourner demain sur les chemins, en attendant, whisky cacahuètes jusqu’à plus soif, jusqu’à plus faim, jusqu’à oublier ce jour qui nous a bel et mal oublié, à la nôtre

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À propos de l’auteur

Poète, Rémi Checchetto a publié de nombreux livres chez plusieurs éditeurs. Lecteur sur scène de son travail il collabore régulièrement avec des musiciens (Titi Robin, Louis Sclavis, Bernard Lubat, Chris Martineau, André-Marc Delcourt, Hélène Breschand…). Dramaturge, il a écrit pour le théâtre des pièces qui ont été mises en scène par Fabien Bergés, Alexia Vidal, Patrick Séreaudie, Bela Czupon, Jean-Marc Bourg, Alexandra Tobelain, Henri Uzureau…

Bibliographie

Tout l'univers, L’Attente, 2022 • Qui sommes-nous, qu’il nous faille cette encre dans le sang ? Script 2021 • Partir, naviguer, arriver et autres constructions pas fatalement intempestives, Lanskine, 2020 • Laissez-moi seul, LansKine, 2018 • Nous ne sommes pas des héros, L’Attente, 2018 • Larsen, Tarabuste, 2017 • Le gué, Dernier télégramme, 2017 • ci même, Tarabuste, 2015 • Boomerang, Potentille, 2016 • Les arbres ne parlent plus oiseau, éditions du Petit Flou, 2016 • Apéro, L’Attente, 2013 • Pas parler parole, L’âne qui butine, 2013 • Que moi, Espaces 34, 2013 • Jours encore après, Tarabuste, 2013 • L'Homme et cetera, Espaces 34, 2012 • Kong mélancolia, Espaces 34, 2011 • Très grand gel, avec les dessins de Shirley Carcassonne, l'Improviste (collection "Un petit siècle épatant"), 2011 • Puisement, Tarabuste, 2010 • Bruissement, ça hésite encore, Script, 2010 • King du ring, Espaces 34, 2009 • Nous, le ciel, L’Attente, 2007 • Une disparition et tout et tout, L’Attente, 2006 • Le monde presque seul, catalogue d’exposition de Mitsuo Shiraishi, 2006 • Valises, Script, 2006 • Là où l’âme se déchire un peu mais pas toute, Inventaire-Invention, 2006 • Confiotes, LAttente, 2005 • Portes, Script, 2003 • P’tit déj, L’Attente, 2003 • Un terrain de vagues, coédition Script et théâtre des Tafurs, 1999 • Manèges, Lucie Lom, 1999


Là-bas

par Etel Adnan

Ode à la paix
Avec le soutien du Centre National du Livre

Que faire pour sortir du cercle de mort qui entoure le Moyen-Orient ? Née au Liban, ayant vécu principalement en Californie, ce problème est tout simplement la toile de fond de toute une vie. J’ai cru un moment que la solution était révolutionnaire et militaire.
Mais la guerre civile au Liban m’a convaincue que les guerres font plus ajouter de nouveaux malheurs que résoudre des conflits. J’ai commencé à désirer la paix. La désirer fortement. C’est alors que la question s’est posée : quelle paix ? Que va vouloir dire cette paix ? J’ai compris que cette paix doit vouloir dire : accepter l’autre. L’ennemi qui est devenu au cours du temps réalité et mythe, corps et image. Dans ce cas particulier cela voudra dire aller chez l’autre et le laisser venir, l’accueillir. Ultimement, en faire un ami. (Etel Adnan)

Titre original : THERE - In the Light and the Darkness of the Self and of the Other
The Post-Apollo Press, USA, 1997

Parution :
Traducteurs :
Thématiques :
Extrait :

Et nos ombres étaient assises là-bas, face à face. Étais-tu derrière le voile, le mur ?
Tes yeux absorbaient le bleu du chagrin tandis que je regardais le Nil, fleuve né de l’horizon, descendant de grandes terrasses, frénétique, effrayant, et une fleur m’a rejoint, s’est nourrie de ma substance, s’est transformée en déesse-papillon et a continué, en transe.

Peut-on se comprendre et arrêter le massacre sans la danse, la course et la marche ?

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Ce matin-là ? Trop tôt pour la plage, trop tôt pour lutter, alors on s’attarde dans un rai de lumière et on passe par les fenêtres incognito, pendant ce temps la police attend avec des matraques, gants, gaz, ordres de tirer ou de ne pas tirer au-delà de l’entendement, mais la Police peut-elle garder son calme comme une fleur du Nil cesser de s’élever hors de l’eau et se transformer en parachute, machine céleste de la Seconde Guerre Mondiale déjà partie dans l’espace ? Nous sommes vulnérables, assis face à face, ramures coincées dans le combat.

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Critiques :Philippe Bétin dans Recours au poème a écrit:

Etel Adnan donne avec Là-Bas un livre fort, livre que l’on peut sans doute aucun qualifier de recueil de poésie (en forme de proses philosophiques). Un livre qui est surtout en dehors des genres, desquels on se fiche un peu avouons-le, et ouvert sur l’autre, livre humaniste – et même de maturité humaniste.

Muriel Maalouf dans Rfi a écrit:

L'écriture et la peinture sont indissociables pour Etel Adnan. L'artiste de 91 ans née à Beyrouth, d'une mère grecque et d'un père syrien, a vécu aux États-Unis et réside maintenant à Paris. Les langues française, anglaise et arabe sont également celles de l'artiste, les cultures multiples aussi, bien que le Moyen-Orient et ses tourments soient au cœur de son œuvre. L'exposition qui lui est consacrée à l'Institut du Monde Arabe (IMA-Paris) part d'un de ses textes fondateurs, « L'Apocalypse arabe ».

Abdelwahab Meddeb dans France Culture a écrit:

Née en 1925 à Beyrouth de mère grecque d’Izmir, de père sunnite de Damas, Etel Adnan a vécu la diversité ethnique, linguistique, religieuse, au cœur du foyer familial. C’est ce qui l’a prédisposée au nomadisme et à l’errance.

Christian Rosset dans DIACRITIK a écrit:

Grand dossier Etel Adnan


À propos de l’auteur

Née en 1925 à Beyrouth d’une mère grecque et d’un père syrien, Etel Adnan est morte le 14 novembre 2021 à Paris. Elle a étudié la philosophie à la Sorbonne, puis aux États-Unis à Berkeley et Harvard, matière qu’elle a ensuite enseignée au Dominican College de San Rafael (Californie) entre 1958 et 1972. En solidarité avec la guerre d’indépendance en Algérie, résistant à écrire en français, elle s’est tournée vers les arts plastiques. Elle a participé au mouvement des poètes contre la guerre du Vietnam et est devenue selon ses mots « an American poet ».

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De retour à Beyrouth en 1972 et jusqu’en 1976 elle a dirigé les pages culture de deux quotidiens, d’abord Al Safa, puis L’Orient le Jour. Elle a également écrit des textes pour deux documentaires sur la guerre civile au Liban, diffusés à la télévision.
En 1977, son roman Sitt Marie-Rose a été publié aux éditions Des Femmes (Paris) et a reçu le prix “France-Pays Arabes”. Ce livre, devenu un classique de la littérature de guerre (à l’intersection des questions de genre) a été traduit en plus de dix langues. Il a été réédité en 2010 par les éditions Libano-Françaises Tamyras, ainsi que deux autres livres : Au cœur du cœur d'un autre pays (2010), et Paris mis à nu (2011).
Avec sa compagne l’artiste Simone Fattal, Etel Adnan a vécu à Paris jusqu'à sa mort. Polyglotte, elle a écrit en français, anglais ou arabe des livres relevant de tous les genres littéraires : poésie, roman, essai, récit épistolaire, autobiographie… Plusieurs de ses poèmes ont été mis en musique par Gavin Bryars, Henry Threadgill, Tania Leon et Zad Moultaka. Elle a par ailleurs écrit la partie française de l’opéra de Bob Wilson The CIVIL warS, ainsi que plusieurs pièces de théâtre produites à San Francisco, Paris et Düsseldorf.
Également artiste peintre, Etel Adnan expose aux États-Unis, en Europe, en Asie et dans le monde arabe.

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Bibliographie

Déplacer le silence, trad. Françoise Valéry, coll. Philox, L'Attente, 2022 • Voyage, guerre, exil, L’Échoppe, 2020 • Un printemps inattendu, (entretiens), Galerie Lelong, 2020 • Grandir et devenir poète au Liban, L’Échoppe, 2019 • Surgir, trad. Pascal Poyet, coll. Philox, L'Attente, 2019 • Nuit, trad. Françoise Despalles, coll. Philox, L'Attente, 2017 • La vie est un tissage, Galerie Lelong, 2016 • À propos de la fin de l’Empire Ottoman, Galerie Lelong, 2015 • Heiner Müller et Le Tintoret : la fin possible de l’effroi, Galerie Lelong, 2015 • Mer et Brouillard, trad. Jérémy Victor Robert, coll. Philox, L’Attente, 2015 • Le maître de l’éclipse, trad. Martin Richet, Manuella Éditions, 2015 • Le prix que nous ne voulons pas payer pour l’amour, trad. Patrice Cotensin, Galerie Lelong, 2015 • Prémonition, galerie Lelong, 2015 • Écrire dans une langue étrangère, trad. Patrice Cotensin, L’Échoppe, 2014 • Des villes et des femmes, Tamyras, 2014 • Voyage au Mont Tamalpaïs, Manuella Éditions, 2013 Là-bas, trad. Marie Borel & Françoise Valéry, coll. Philox, L’Attente, 2013 • Conversation avec Hans Ulrich Obrist, Manuella Éditions, 2012 • Le Cycle des Tilleuls, trad. Martin Richet, Al Manar, 2012 • Paris mis à nu, trad. Martin Richet, Tamyras, 2011 • Au cœur du cœur d’un autre pays, traduction Éric Giraud, Tamyras, 2010 • À deux heures de l’après-midi, édition bilingue (français-arabe), Tunis, Tawbad, 2010 • Retour de Londres, édition bilingue (français-arabe), Tunis, Tawbad, 2010 • Ce ciel qui n’est pas, poésie, édition bilingue (français-arabe), illustrations (encres) Maya Le Meur, Tunis, Tawbad, 2008 • Le 27 octobre 2003, édition quadrilingue (français-anglais-arabe-japonais), Tunis, Tawbad, 2008 • Vendredi 25 mars à 16 heures, édition bilingue (français-arabe), Tunis, Tawbad, 2007 • Jennine, avec rachid Koraïchi, collection Combats, Al Manar, 2004 • Ce ciel qui n’est pas, Poésie, Paris, L’Harmattan, 1997 • Rachid Korachi : Écriture passion, avec Rachid Korachi et Jamel-Eddine Bencheikh, Alger, galerie Mhamed Issiakhem, 1988 • L’Apocalypse arabe, Paris, éditions Papyrus, 1980, réédition L’Harmattan, 2010 • Sitt Marie Rose, Paris, Des Femmes, 1978 ; réédition Tamyras, 2010 • Jbu : Suivi de l’Express Beyrouth enfer, Paris, P.-J. Oswald, 1973


Loin

par Marie Borel

Récit voyageur
Avec le soutien du Centre National du Livre

Les quatre points cardinaux sont l’ailleurs indispensable du mouvement perpétuel et des rencontres. Ce récit interroge la littérature de voyage, et la citation comme appropriation du monde (animal, végétal, minéral mais aussi céleste et maritime). Les pronoms personnels du singulier sont les personnages d’une narration épistolaire où le langage envoie des cartes postales aux pélicans de la syntaxe. Difficile parfois de savoir qui est qui. Les éléments ont (parfois) tendance à se déchaîner et les images déplacent les frontières. Se perdre n’est-il pas ce qui arrive en voyage ?

Écouter l'entretien de Marie Borel avec Frank Smith, suivi de la lecture d'un extrait de "Loin"sur France Culture (à partir de 36'20")

Parution :
Thématiques :
Extrait :

le monde tourne tout seul
la géographie est un espace de pays translucides
à déplier en soi
le réel et l’imaginaire son double
tout autant concerné distrait indifférent et négligeable
cherche partout l’absence une aile d’oiseau dans le vent

les pistachiers bleuissent les paumes à kingstown
aux grenadines près de l’arbre à pain de blight
au terme d’une navigation insensée
il achève ici sa mission
en un seul bord au près port ste-catherine port-louis
caps écorchés au-dessus des forêts sous-marines
des rochers en forme de château ou de nuage
des châteaux semblables à des animaux fantastiques
entre les figuiers douze gardiens posent la question
des ondulations du littoral

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Critiques :Catherine Pomparat dans Remue.net a écrit:

Loin de l’abécédaire, L.O.I.N., analphabet. Loin d’Aleph, la douzième lettre, même si toujours la première revient. Arme parlante, trou dans le savon d’olive et de laurier, la bombe lettrée est de retour. Bâbord d’abord avec deux ailes qui portent les armures à gauche. Plus de mousse, plus d’écume, L couvre la surface des fonds. Latitudes et longitudes font les points d’arme. Les lignes défensives n’y comprennent rien. Les lignes imaginaires en perdent leur latin. Un prompteur inscrit sweden sans capitale.

Elsa Gribinski dans JUNKPAGE septembre 2013 a écrit:

Loin est un livre sur le temps et l’espace, la durée et la distance. On y part, avec l’auteur, « d’où il n’y a plus rien que loin où se rendre », on y traverse une carte qui « n’est jamais à jour ». Surgit une pluralité, des mondes parallèles, l’animal et le végétal, les cieux et les eaux, le rêve, le présent, le passé, des réminiscences d’ici et d’ailleurs. Pour s’en tenir à quelques-unes (celles de Marie Borel, ou celles que le texte suscite), rester en France et les écrire, comme l’auteur, sans capitales : paris, ses rues, son spleen, colchiques et alcools un peu de biais, la « désolation muette des dimanches », anna karina sur une île avant la fuite, de là, peut-être rimbaud, éternité, voyelles et bateau ivre. Mais Rimbaud, parti, a cessé d’écrire. Pour Marie Borel, le voyage et l’écriture (la lecture, la traduction) vont ensemble : « une forme d’exil », dit-elle, par quoi chercher « le contraire d’ici et maintenant », et quelques réponses. Le texte s’étire à l’horizontale (par conséquent vers l’horizon), tout en minuscules : des césures pour seule ponctuation, et la cadence d’une syntaxe qui s’aventure hors des habitudes de la langue maternelle.


À propos de l’auteur

Marie Borel voyage écrit lit traduit.

Bibliographie

Des questions singulières, éditions Renard bleu, Suisse, 2019 • Loin, L’Attente, 2013 • Le Léopard est mort avec ses taches, (nouvelle édition) L’Attente, 2011 • Écrit sur du sable, contrat maint, 2008 • Le monde selon Mr Ben, Fage, 2008 • Priorité aux canards, L’Attente, 2008 • Tombeau des Caraïbes, contrat-maint, 2003 • Trompe-Loup, Le bleu du ciel, 2003, traduit en anglais par Sarah Riggs et Omar Berrada (Wolftrot, La Presse, 2006) • Le Léopard est mort avec ses taches, L’Attente, collection Week-end, 2001 • Fin de citation, cipM, 1995, traduit en anglais par Keith Waldrop (Close Quote, Burning Deck, 2001) /// TraductionsL'indien jamais n'a eu de cheval, Etel Adnan, Galerie Lelong, Paris, 2022 • Murmurations, Sarah Riggs (collaborated with Jérémy Victor Robert), Apic, série “Poèmes du Monde” dirigée par Habib Tengour, Algérie, 2021 • Là-bas, Etel Adnan, avec Françoise Valéry, L'Attente, 2013 • La revanche de la pelouse, Rosmarie Waldrop, avec Françoise Valéry, L’Attente, 2012 • Journal d’un Ange Sadomaso, Lisa Jarnot, avec Pascal Poyet, contrat maint, 2011 • Un cas sans clef, Rosmarie & Keith Waldrop, avec Françoise Valéry, L’Attente, 2010 • 43 Post-it, Sarah Riggs, avec Françoise Valéry, L’Attente, 2009 • Chansons du chien noir, Lisa Jarnot, trd collective, Format américain, 2005 • Pelouse du tiers exclu, Rosmarie Waldrop, Format américain, 2001 • Prétense, Tom Raworth, La Tuilerie Tropicale, 1988 Traductions parues en revue de Lyn Hejinian, Nancy Khul, Gertrude Stein, Charles Reznikoff  et de  cinq livres de la Bible dans le cadre du projet collectif La bible : nouvelle traduction, Bayard, 2001


O l’explosion des poppies

par Catherine Weinzaepflen

Dizains amoureux

Une femme qui porte une jupe en tissu africain regarde les fleurs des pavots se déplier d’un seul coup, sous ses yeux. Australie. Deuxième opus. Où la beauté vénéneuse de ce pays suscite la nostalgie de l’amour. Des scènes de rêve se mêlent à celles d’une réalité incertaine, en dizains comme dans l’opus précédent Ode à un kangourou.

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Thématiques :
Extrait :

l’hiver bleu et vert / à Sydney / mon été / 2011 fut Bolaño / en 2012 c’est Sebald / sourde mélancolie / nous chassons les corbeaux / de mon jardin aromatique / les petits perroquets se posent sur les fils à haute tension / lorikeets sitting on a power line

elle dit : les pensées entravent le corps / je pense : ficelé comme un rôti

nous les appelons The Kids / adorables Hallie et Ryan / se jettent dans le Pacifique / en plein hiver / The Kids remuent terre et mer / l’océan lance de longues vagues / blanches / on entend battre le cœur du monde / wind rain sun rainbow / l’amour de Hallie et Ryan

Fumi nous a préparé une salade / avec fleurs

sur la route de Melbourne / à l’intérieur des terres / Apology to a roadkill : / le parfum des eucalyptus embaume / le kangourou mort / hit by / écrasé par / un motard casque intégral / les arbres au tronc qui pèle / ont ici des feuilles en bouquets ronds

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perroquets au sol en mode pigeon / gris à ventre rouge les gullahs

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Critiques :Anne Malaprade dans POEZIBAO a écrit:

Ode au coquelicot, dont les noms — corn poppy, Feldmohn, rosolaccio, papavero —, en Europe tout au moins, distillent cette douceur attenant au sommeil ? Non, ici c’est d’explosion qu’il s’agit, comme si Catherine Weinzaepflen transformait ces pétales en autant de micro feux d’artifice qui, comme ce nom l’indique, distillent couleur, chaleur, bruit et éclat. Il sera donc question de passion, de sédition et de révolution discrètement induites par la découverte d’un pays. Ce dernier introduit à d’autres noms propres, des vocables inouïs, des syntaxes étranges. À d’autres solitudes aussi, des chants singuliers, des cruautés bizarres, de mouvants refuges : « inaltérable houle/est ma maison ».


À propos de l’auteur

Née à Strasbourg, Catherine Weinzaepflen passe son enfance en Alsace et en Centrafrique. Elle vit et travaille à Paris depuis 1977, a voyagé à plusieurs reprises au Moyen-Orient (Turquie, Afghanistan, Iran, Pakistan). A souvent séjourné à Los Angeles et récemment à Sydney. En 1981, elle fonde et codirige, avec Christiane Veschambre, la revue littéraire Land. Elle obtient en 1983 le Prix France Culture pour Portrait et un rêve. Elle est ensuite membre du Comité de lecture de Flammarion pendant deux ans, puis membre de la Commission Poésie du Centre national du livre de 2003 à 2006. Elle a créé des ateliers d’écriture (à l’École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg et à l’École spéciale d’architecture de Paris) et continue d’animer celui de l’ESA. Elle collabore régulièrement à la revue CCP (Cahier Critique de Poésie). Catherine Weinzaepflen est l’auteur d’une vingtaine de romans et recueils de poésie, publiés par plusieurs maisons d’éditions (Flammarion, Fourbis, Éditions des Femmes...).

Bibliographie

Poésie • avec Ingeborg, Editions Des femmes- Antoinette Fouque 2015 Ô l'explosion des poppies, éditions de l'Attente, 2013 • Ode à un kangourou, éditions de l'Attente, 2012 • Le temps du tableau, Des femmes - Antoinette Fouque, 2008 • Les mains dans le jaune absent suivi de York &Le Scorff, 2000 • Les maisons, Spectres Familiers, 1989 • Cracher l’Afrique, Atelier de l’Agneau, 1980 • La distance intime, Coprah, 1977 ProseLa sœur de mon frère, Des femmes-Antoinette Fouque 2017 • La Vie sauve, Des femmes-Antoinette Fouque 2014 • Celle-là, Des femmes - Antoinette Fouque, 2012 • Am see, Des femmes - Antoinette Fouque, 2007 (réédition) • Orpiment, Des Femmes - Antoinette Fouque, 2006 • La place de mon théâtre, Farrago, 2004 • Allée des géants, L’Atelier des Brisants, 2003 • Ismaëla, L’Atelier des Brisants, 2002 • D’où êtes-vous  ?, Flammarion, 1992 • L’ampleur du monde, Flammarion, 1989 • Totem, Flammarion, 1985 • Portrait et un rêve, Flammarion, 1983 (Prix France Culture) • La farnésine, jardins, Des Femmes, 1978 • Isocelles, Des Femmes, 1977