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Trip machine

par Patrick Bouvet

Couverture d’ouvrage : Trip machine
Fiche technique :Prix : 14,00 € EUR
ISBN : 978-2-36242-069-6
Taille : 13,00 x 19,00 cm
Pages : 132

Devenir machine
Avec le soutien du Centre National du Livre

Constitué de plusieurs sections aux ambiances parallèles (“trip machine”, “deep autobahn”, “masque Andy”, “favela station” et “mythologramme”), ce livre déploie une poésie des technologies du divertissement et des mutations à venir. Le texte se concentre sur l’appareillage de nos corps et de nos cerveaux, des prolongements habituels jusqu’aux gadgets électroniques toujours plus innombrables et rapidement obsolètes. Si ces sujets sont des constantes dans les fictions d’anticipation, le déploiement de l’enquête à travers le langage poétique est plus rare. Embarquement immédiat pour ce voyage littéraire entre cybernétique, chirurgie esthétique, traque policière et pyrotechnie. Et nous voilà face à notre devenir machine...

 

Lecture d'un extrait de "Masque Andy" par l'auteur

Parution :
Thématiques :
Extrait :

1

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il était dans une structure
datant du 19e siècle
il percevait le temps
et l’espace
autour de lui
mais personne ne songeait
à examiner en détail
cet assemblage
de poutres métalliques
rivets
verre
les gens se contentaient
de défiler
devant les vitrines
violemment éclairées
les gens se contentaient
de circuler
dans la structure
un flux continu d’anonymes
qui l’entraînait malgré lui
vers une autre devanture
où étaient exhibés
de nouveaux gadgets électroniques
aux couleurs flashy
(la magie opérait encore
sur la masse
malgré l’érosion du désir)
mais l’attraction principale se trouvait
au bout du passage
les regards étaient
inexorablement attirés
par une imposante façade
qui inondait l’allée bondée
d’une lumière surnaturelle
un palais de cristal
fait d’une multitude de points
lumineux
formant des images
animées
des représentations publicitaires
de la vie contemporaine
connectée
une vie
électronique
plus grande
plus brillante
plus flashy
un ballet infernal
de formes
se déployant sans cesse
dans un monde instable
au bord de la rupture
un flux continu
de symboles
de visages
de mots
de corps
de chiffres
de logos
une célébration
de la consommation compulsive
balancée sur toutes les faces
du complexe planétaire
jusqu’à la nausée
(…)

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Critiques :Hugues librairie Charybde dans Blog librairie Charybde a écrit:

... Patrick Bouvet entame, un an après sa « Petite histoire du spectacle industriel », une nouvelle étape de son exploration poétique de la marchandisation générale à l’œuvre depuis plusieurs dizaines d’années, dans différents domaines de nos rapports au réel et à l’imaginaire...


À propos de l’auteur

Patrick Bouvet est né en 1962. Après avoir été chanteur et compositeur dans un groupe de rock, il a étendu son travail de sampling et de collage à l’écriture littéraire. In situ, son premier livre, paraît aux Éditions de l’Olivier en 1999. Depuis plusieurs années ses textes accompagnent des travaux photographiques (Mac Adams, Valérie Belin, Takashi Homma, Thomas Ruff). Certaines de ses œuvres littéraires ont été créées au théâtre (à la Ménagerie de Verre, Paris, et à La Ferme du Buisson dans le cadre du festival Images avec Arte). Sa lecture à la fois poétique et politique de notre époque aboutit à un manifeste critique à l’égard des mass media et de l’industrie du divertissement. Tous ses livres sont ancrés dans une expérimentation langagière, relevant des “nouvelles textualités”.

Bibliographie

• Pistes vol. 1, éditions JOU, 2020 • Le livre du dedans, l’Olivier, 2019 • Passages, album fichiers wav + mp3, éditions JOU, 2019 • Trip machine, l'Attente, 2018 • Petite histoire du spectacle industriel, l’Olivier, 2017 • Carte son, l’Olivier, 2014 • Pulsion lumière, l’Olivier, 2012 • Open Space, Joca seria, 2010 • Recherche + corps, Le Bleu du Ciel, 2008 • Canons, l’Olivier, 2007 • Chaos Boy, l’Olivier, 2004 • Direct, l’Olivier, 2002 • Shot, l’Olivier, 2000 • In situ, l’Olivier, 1999


Paysage zéro

par Sophie Coiffier

Recommencements

Traversant plusieurs paysages, réels ou inventés, une narratrice sur le départ tente de croire à un ailleurs, à un lendemain supposé meilleur. Paysage zéro questionne avec humour la possibilité d’habiter un monde désenchanté avec la naïveté de vouloir tout recommencer. Un foisonnement de débuts, d’instants, de retours en arrière et d’arrêts sur image essaie de contrecarrer la prédictibilité du monde, avec le sentiment d’un échec prévu. Ou comment concilier l’idée du bonheur avec le prix du beurre, le happy-end cinématographique, la météo, le Boot Camp

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Artistes de couverture :
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Extrait :

Un klaxon tonitruant, c’est d’abord, théoriquement, un signe d’impatience. Le signe même qu’on vous attend, en bas ou devant chez vous, à la lisière de ce qui doit vous apparaître comme la phase d’un changement de dimension ou de vitesse et une destination à défaut d’un destin.

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Autour du klaxon, il y a la voiture, dont la marque vous importe peu, même si vous n’aimez pas tellement les audi, ni les bmw, encore moins celles aux verres fumés, qui reflètent en passant et la noirceur du ciel, et le secret de l’habitacle, dont vous ne doutez pas un seul instant qu’il doit s’y passer des choses louches, pas avouables, ou même dans un élan de votre imagination vous y devinez un intérieur très vaste, copié sur les banquettes luxueuses des limousines, qui ne devrait logiquement pas tenir dans cette mini chromée. En un éclair, et parce que toute la ville s’est reflétée légèrement concavement dans le miroir noir, vous fantasmez un univers parallèle, avec des cachots et des spas, les cachots d’un côté et les spas de l’autre. Puis la lumière jaillit, celle des phares arrière de la dite auto, qui vous a ébloui de toute son ambivalente et rougeoyante clarté.

Mais revenons à la réalité : un taxi t’attend en bas, pour un nouveau départ. Ou du moins, un départ à nouveau, il serait plus juste de dire cela, car n’est pas toujours gagné ce qu’on suppose être un nouveau départ, au départ, qui bien trop souvent s’achève sur une impression de déjà vu, de déjà arrivé.

Tu te penches à la fenêtre, dont tu perçois une fois de plus et la retenue du parapet en métal XIXe, et la joie pour une fois d’être l’être le plus petit de la famille, ce qui t’assure une stabilité plus grande par rapport au sol, de pouvoir sans aucun doute, très souvent, avec un frisson de mauvaise conscience mêlé au carnage intellectuel d’un voyeurisme débridé, reluquer ton prochain dans son quotidien, qui plus est, de haut.

(pp. 55-56)

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Critiques :Eric Loret dans Livres utiles a écrit:

Du coup, il y a plein de piscines dans ce livre, et David Hockney. Coiffier est publiée dans une collection qui perçoit « une connivence (…) entre l’écriture et les arts picturaux ». Pour la lire, et avec elle tous les écrivains qui tentent une langue, un corps, un geste, qui essaient de trouver une forme singulière pour augmenter la réalité, il faut un temps d'adaptation, c'est d'ailleurs un peu le projet, l'adaptation, ou sûrement l'inadaptation.

Guillaume Lecaplain dans Libération.fr a écrit:

Dans Paysage Zéro, Sophie Coiffier (née à Bayeux en 1967) traverse le monde avec un désenchantement rieur. Le livre se présente comme un récit (mais qui va du coq à l’âne) d’une succession de déceptions (mais dont on se relève).

La Nuit Remue #12 dans Remue.net a écrit:

Lecture (vidéo) de Sophie Coiffier pour La Nuit Remue 12 à la bibliothèque Marguerite Audoux, Paris, 28 juin 2018

dans YEUSE RADIO:

Entretien avec Eric Pessan


À propos de l’auteur

Sophie Coiffier est née à Bayeux en 1967. Elle vit et travaille à Paris et Port-Louis. Docteur en arts plastiques, elle a enseigné pendant plusieurs années, dirigé des mémoires de fin d’études et animé des ateliers d’écriture à l’ENSCI (École Nationale supérieure de Création Industrielle à Paris) et à l’Université de Rennes 2. Autrice et chercheuse indépendante, elle participe à différents projets d’exposition et de publication. Elle vient des arts plastiques, y retourne de temps en temps, les prolonge dans le texte. Elle a notamment publié Paysage zéro aux éditions de l’Attente en 2017 et, en 2020, Le poète du futur aux éditions Lanskine.

Bibliographie

• Le poète du futur, éditions Lanskine, mai 2020 Paysage zéro, l'Attente, 2017 • Me and my dog, éditions MIX, mai 2012 • Les ciels , éditions MIX, mai 2009 (avec l’aide du CNL) • Le paradoxe de l’instant , éditions MIX,  février 2007 (avec l’aide du CNL)


Nuit

par Etel Adnan

Mémoire et temps

« Fusion brève mais puissante de poésie, de prose et de philosophie, ce livre est aussi énigmatique que la nuit elle-même, perpétuellement tendue vers l’illumination tout en la retenant. L’incertitude se déploie comme une rivière souterraine à travers ces pages où les mouvements physiques du monde sont mis en parallèle avec ceux de l’esprit brillant d’Adnan. « La philosophie nous ramène à la simplicité », écrit-elle, tout en essayant avec une grande complexité de concilier l’inconciliable : la relation de la mémoire au temps. »
— Kimberly Grey (extrait), revue en ligne On the seawall

Extrait :

Extrait (p. 24) :
Mes souvenirs forment une forêt aux contours instables. Cette forêt a des entrées en Californie du Nord, au Liban, en Bretagne… C’est une terre d’arbres hauts et d’esprits étranges. Les morts ne nous effraient plus, c’est un tort – nous nous sommes défaits de la puissance de la peur. Les ruisseaux coulent, oui, mais qui m’indiquera comment trouver un chemin à travers le territoire dont je parle, et si je ne le trouve pas, quelle sera ma raison de vivre ?

Raison et mémoire se meuvent ensemble.

***

Et nuit et mémoire s’arbitrent elles-mêmes. Nous errons en elles désorientés car elles refusent souvent de confirmer notre vision.
Avares, capricieuses, elles libèrent les choses peu à peu.

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Critiques :Christian Rosset dans DIACRITIK a écrit:

Grand dossier Etel Adnan


À propos de l’auteur

Née en 1925 à Beyrouth d’une mère grecque et d’un père syrien, Etel Adnan est morte le 14 novembre 2021 à Paris. Elle a étudié la philosophie à la Sorbonne, puis aux États-Unis à Berkeley et Harvard, matière qu’elle a ensuite enseignée au Dominican College de San Rafael (Californie) entre 1958 et 1972. En solidarité avec la guerre d’indépendance en Algérie, résistant à écrire en français, elle s’est tournée vers les arts plastiques. Elle a participé au mouvement des poètes contre la guerre du Vietnam et est devenue selon ses mots « an American poet ».

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De retour à Beyrouth en 1972 et jusqu’en 1976 elle a dirigé les pages culture de deux quotidiens, d’abord Al Safa, puis L’Orient le Jour. Elle a également écrit des textes pour deux documentaires sur la guerre civile au Liban, diffusés à la télévision.
En 1977, son roman Sitt Marie-Rose a été publié aux éditions Des Femmes (Paris) et a reçu le prix “France-Pays Arabes”. Ce livre, devenu un classique de la littérature de guerre (à l’intersection des questions de genre) a été traduit en plus de dix langues. Il a été réédité en 2010 par les éditions Libano-Françaises Tamyras, ainsi que deux autres livres : Au cœur du cœur d'un autre pays (2010), et Paris mis à nu (2011).
Avec sa compagne l’artiste Simone Fattal, Etel Adnan a vécu à Paris jusqu'à sa mort. Polyglotte, elle a écrit en français, anglais ou arabe des livres relevant de tous les genres littéraires : poésie, roman, essai, récit épistolaire, autobiographie… Plusieurs de ses poèmes ont été mis en musique par Gavin Bryars, Henry Threadgill, Tania Leon et Zad Moultaka. Elle a par ailleurs écrit la partie française de l’opéra de Bob Wilson The CIVIL warS, ainsi que plusieurs pièces de théâtre produites à San Francisco, Paris et Düsseldorf.
Également artiste peintre, Etel Adnan expose aux États-Unis, en Europe, en Asie et dans le monde arabe.

Regrouper


Bibliographie

Déplacer le silence, trad. Françoise Valéry, coll. Philox, L'Attente, 2022 • Voyage, guerre, exil, L’Échoppe, 2020 • Un printemps inattendu, (entretiens), Galerie Lelong, 2020 • Grandir et devenir poète au Liban, L’Échoppe, 2019 • Surgir, trad. Pascal Poyet, coll. Philox, L'Attente, 2019 • Nuit, trad. Françoise Despalles, coll. Philox, L'Attente, 2017 • La vie est un tissage, Galerie Lelong, 2016 • À propos de la fin de l’Empire Ottoman, Galerie Lelong, 2015 • Heiner Müller et Le Tintoret : la fin possible de l’effroi, Galerie Lelong, 2015 • Mer et Brouillard, trad. Jérémy Victor Robert, coll. Philox, L’Attente, 2015 • Le maître de l’éclipse, trad. Martin Richet, Manuella Éditions, 2015 • Le prix que nous ne voulons pas payer pour l’amour, trad. Patrice Cotensin, Galerie Lelong, 2015 • Prémonition, galerie Lelong, 2015 • Écrire dans une langue étrangère, trad. Patrice Cotensin, L’Échoppe, 2014 • Des villes et des femmes, Tamyras, 2014 • Voyage au Mont Tamalpaïs, Manuella Éditions, 2013 Là-bas, trad. Marie Borel & Françoise Valéry, coll. Philox, L’Attente, 2013 • Conversation avec Hans Ulrich Obrist, Manuella Éditions, 2012 • Le Cycle des Tilleuls, trad. Martin Richet, Al Manar, 2012 • Paris mis à nu, trad. Martin Richet, Tamyras, 2011 • Au cœur du cœur d’un autre pays, traduction Éric Giraud, Tamyras, 2010 • À deux heures de l’après-midi, édition bilingue (français-arabe), Tunis, Tawbad, 2010 • Retour de Londres, édition bilingue (français-arabe), Tunis, Tawbad, 2010 • Ce ciel qui n’est pas, poésie, édition bilingue (français-arabe), illustrations (encres) Maya Le Meur, Tunis, Tawbad, 2008 • Le 27 octobre 2003, édition quadrilingue (français-anglais-arabe-japonais), Tunis, Tawbad, 2008 • Vendredi 25 mars à 16 heures, édition bilingue (français-arabe), Tunis, Tawbad, 2007 • Jennine, avec rachid Koraïchi, collection Combats, Al Manar, 2004 • Ce ciel qui n’est pas, Poésie, Paris, L’Harmattan, 1997 • Rachid Korachi : Écriture passion, avec Rachid Korachi et Jamel-Eddine Bencheikh, Alger, galerie Mhamed Issiakhem, 1988 • L’Apocalypse arabe, Paris, éditions Papyrus, 1980, réédition L’Harmattan, 2010 • Sitt Marie Rose, Paris, Des Femmes, 1978 ; réédition Tamyras, 2010 • Jbu : Suivi de l’Express Beyrouth enfer, Paris, P.-J. Oswald, 1973


Colloque des télépathes

& album CD "Post-Gradiva"

par Sandra Moussempès

Héroïnes amplifiées
Livre + CD audio
Avec le soutien du Centre National du Livre

Un fait divers de l’ère victorienne se dévoile en filigrane, autour des sœurs Fox qui communiquaient avec les esprits. En parallèle à cette ambiance gothique l’auteure convoque celle tout aussi étrange des années 69-71 à Hollywood, temple des sectes hippies, des starlettes en devenir et d’une idéologie inquiétante et joyeuse qui berça aussi son enfance. Comme une auto-fiction poétique caméra au poing, le récit alterne les époques, revient sur ces femmes, héroïnes amplifiées par des états modifiés de conscience.
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L’album Post-Gradiva est la bande son du livre. Sandra Moussempès utilise les différentes textures de sa voix chantée qu’elle intègre à l’énonciation du poème en vocalisations narratives. Les atmosphères cinématographiques questionnent la notion de temporalité et les sensations de déjà-vu en provoquant une forme d’hypnose.

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Lecture d'un extrait par l'autrice

« See » extrait de l'album Post Gradiva inclus dans le livre - Black Sifichi / Sandra Moussempès

Parution :
Thématiques :
Extrait :

{ 1 }
Certaines réponses se sont évaporées sur ce guéridon
Nous étions dans un corridor passant d’une certitude à l’autre sans pour autant faire tournoyer nos sensations
Il s’agissait peut-être de nulle part sauf si nulle part est une chambre à air, militant pour le prolongement des rêves éveillés
Tu affines une pensée, nous sommes entourés de terre glaise et d’une impression de déjà-vu
Chaque trou représente une dissonance à recoudre le long de vies parallèles
Les enveloppes remplies de sirènes sont toutes tombées
Si nous perdons du temps à en gagner nous sommes nous-mêmes notre alter ego retenu dans un trou enduit de paillettes

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{ 2 }
Émerveillés par une rivière flottante, des voyageurs nous représentent mieux qu’une élongation familière
À la surface des phénomènes s’encastrent nos reflets, même s’il s’agit du printemps, nous pouvons voir fondre leur véhémence
Avec régularité, des masses de mémoire ont supplanté ce que nous pensions toucher
J’aurais voulu digérer ton ambivalence mais le jour suivant, mon attention s’est relâchée
Tu as souri, transformant des mots en effleurements transcutanés, moi-même je n’étais plus vraiment sûre de pouvoir évoquer ta densité le long d’un voile léger
Désormais nos questions cisaillaient une étoffe à ne pas mettre en toutes les mains photographiées

{ 3 }
« En me promenant dans le noir » est une semonce composée de frissons et de ratures mais qui dit actes manqués se retrouve sur une passerelle à replier un drap
J’entassais chaque réflexion mais rien ne venait à travers le brouillard, j’affûtais ma mémoire en restituant les bribes d’oubli sachant que désormais tu pourrais te passer d’écran total sur la surface de ta pensée
En forêt par exemple, les thèses reposent sur des axiomes bien plus crédibles qu’un confort de masse, la phrase qui arrive peut être écrite devant le mot « auréole »
J’attendais de choisir entre attendre et faire en sorte que l’attente soit un espace de moins car c’est une chose de voir pour croire une autre de se retrouver dans un miroir objectif

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Critiques :Richard Blin dans Le Matricule des Anges N°186 sept 2017 a écrit:

"Lire, écouter Sandra Moussempès, c'est accepter d'être affecté, d'entrer dans un univers de mondes emboîtés les uns dans les autres, d'être pris dans des jeux de miroir qui font de chaque séquence un objet d'anamorphoses."

Ritta Baddoura dans L'ORIENT littéraire a écrit:

Quand un excès de luminosité créait l’aveuglement et rendait flous les gros plans effectués par la poète, dans Colloque des télépathes, c’est l’effort de traverser le temps et les ténèbres qui crée l’éblouissement.

François Crosnier dans POEZIBAO a écrit:

Dans un pays où la « littérature hors du livre » est encore peu répandue (malgré de récentes initiatives comme le festival Extra ! du Centre Pompidou et la création du prix Bernard Heidsieck, dans la pré-sélection duquel figurait le nom de Sandra Moussempès), il n’est pas dans les habitudes des éditeurs de poésie d’insérer un CD dans les livres qu’ils publient. C’est pourquoi il faut féliciter les Éditions de l’Attente de faire entendre de nouveau, après Acrobaties dessinées (2012), le travail sonore de l’auteure, qu’elle a présenté au cours de plusieurs performances ces dernières années - à la Maison de la Poésie ou au Festival Actoral, notamment. Chant, voix, musique et sound design se mêlent pour se constituer en un monde autonome, parallèlement au texte imprimé qu’ils reprennent en partie. L’effet d’étrangeté produit par la voix de Sandra Moussempès induit une approche nouvelle de l’œuvre. Il ne s’agit pas d’illustration secondaire de celle-ci, mais bien plutôt d’un développement différent du même, rattaché à l’écriture à un niveau très profond.

HUGUES dans Blog CHARYBDE a écrit:

Entrechoquant tromperies victoriennes corsetées et illusions dansantes d’un swinging flower power, une redoutable poésie de dévoilement des secrets, portée par une voix aux visages toujours multipliés.

Fabrice Thummerel dans LIBR-CRITIQUE a écrit:

Dans Post-Gradiva, œuvre en soi par laquelle on doit commencer, ce sont la voix et le sens qui sont suspendus : par/dans les susurrements, chuchotements, ricanements, glissandos, vocalisations, effets sonores, boucles rythmiques... Enchantement garanti : quelle puissance hypnotique !

Marie Jejcic dans La Revue Lacanienne N°19 a écrit:

opni : objet poétique non identifié. Ou Famille je vous hais

"... Performance à inscrire dans la filiation de Dada ou de Breton un siècle après, happenings ou « poésie-action » façon Bernard Heidsieck à l’origine de la poésie sonore, innovation en tous les cas, en espérant que la poésie ne s’y éteigne pas."

Eric Lynch dans L'Esprit créateur a écrit:

"Like pop culture’s chimerical representations, Spiritism and related practices emphasize uncanny aspects of language, which Moussempès explores both seriously and with satirical distanciation. If poetic trance, telepathy, and contact with spirits all seize words arising from outside the subject, Colloque captures these messages along with the simulacra of Hollywood, juxtaposing cinematic illusions with altered states of consciousness. Referencing occult and New Age practices, Moussempès evokes the Fox sisters, whose 1848 seances launched Spiritism, a fictional hippy cult surrounding a guru film director, as well as the Primal Scream therapy of the 1970s.12 Her poetry probes Spiritism and other alternative spiritualities, then, with these practices orienting the intermedial play between text and vocal textures and soundscapes. (...)
Eric Lynch in "L'Esprit Créateur" (Etats-Unis, Fall 2018)

Jacques Bonnafé dans FRANCE CULTURE a écrit:

Une lecture de Jacques Bonnafé sur France culture :

"Scènes de film, nichées en nos mémoires d'ombres et de nuit, script d'un scénario invisible. La poésie opère un détachement des paroles, une légère distorsion du fil.
Des indicatifs passent alternant recettes ou préceptes, dispersant les effets d'une décoction réussie, par extraits d'une collecte occulte. Nous sommes dans une communauté et nous en sommes les observateurs. Mots qui ne s'adressent pas au seul lecteur, il se devine accompagné d'un groupe ou d'un chœur d'écoute. La litanie restitue ces lourds instants collectifs auprès des tables tournantes (...)"

Martin Hervé dans "Parler l'invisible" in Spirale 268 (Québec) a écrit:

"On ne joue pas sans bonne raison avec nos fantômes. Derrière la petite comédie des draps blancs et des parquets qui grincent se cache toujours un drame. « Il y a une voix dans matête, je la ramasse la nuit avec une petite cuiller en or massif, puis je deviens cette voix devenue hors de contrôle qui se regarde ans un miroir anglais ». L'enjeu est donc de faire corps avec cette voix, d'en être véritablement affecté, possédé. De l'accueillir, de la sauvegarder aussi, tout en convenant de l'inassimilable altérité qui est la sienne. Une sorte d'éthique spirite qui peut parfois avoir des accents d'art poétique : « Un poème doit être hors sujet tout en restant sujet. » Hors sujet, telle est d'ailleurs la position par laquelle doit en passer le lecteur qui pénètre dans les limbes acoustiques de Moussempès, là où un esprit se déroule telle de la dentelle et dévoile, sous ses revers, les coutures bigarrées du réel. (...) Parce que les expériences de l'invisible ne peuvent que damer le pion aux cadres classiques d'intelligibilité, tant elles excèdent le corps et le langage, quand elles n'en exposent pas les trous et les ratages. Là où réside un écart entre le mot et la chose, entre les mots eux-mêmes, qui laisse inentamé l'idéal d'un autre dire possible. Parler l'invisible ou s'efforcer à parler de ce qui ne se parle pas."

Magali Nachtergael dans PLACE-PLATEFORME a écrit:

"Le regard porté sur les œuvres textuelles hors du livre appelle donc un déplacement du regard au-delà du paratexte mais aussi à tous les implicites qui le composent : forme éditoriale, auteur-trice, lieux de publication pour entrer progressivement dans une analyse du support et aux usages de ce texte, ce que David Ruffel nomme une « littérature contextuelle »17. Lorsque Sandra Moussempès publie Colloque des télépathes aux éditions de l’Attente, elle y ajoute un disque audio au titre différent du livre, Post-Gradiva. Ce CD, qui contrairement au livre, dépend de technologies à l’obsolescence programmée, accompagne la lecture sans la reconduire directement : on entend en alternance des sonorisations vocales, des extraits de textes lus par une voix masculine (Antoine Boute) ou des morceaux chantés. Ce disque reconduit la matière textuelle en la déformant et en lui donnant la forme adaptée à une écoute flottante, musicalisée et atmosphérique. Moussempès par ailleurs performe des lectures dans d’autres contextes, sur scène. Ce dernier avatar du texte l’ouvre à une potentialité plastique qui n’est pas entièrement et directement perceptible dans l’imprimé seul. Le texte sort ainsi de sa visée moderniste, comme l’indique Pascal Mougin dans le passage du « moderne » au « contemporain »18, et s’émancipe de la forme fixe de la page pour entrer dans la virtualité d’une performance ou plutôt d’une actualisation. On en vient donc à analyser non seulement le contenu discursif et linguistique d’une œuvre mais aussi ses modalités de performance qui obligent aussi à reconsidérer certains réflexes critiques."


À propos de l’auteur

Née à Paris en 1965, Sandra Moussempès est poète. Ancienne pensionnaire de la Villa Médicis, elle a été publiée principalement dans la collection « Poésie » aux éditions Flammarion et aux éditions de l’Attente. Son travail interroge les stéréotypes liés au féminin et les non-dits familiaux par le biais d’un environnement inquiétant, cinématographique et auto-fictif. Également artiste sonore et vocale, elle convoque la notion de temporalité et les états modifiés de conscience dans ses lectures performées, intégrant sa voix (lyrique, éthérée, bruitée) à l’énonciation du poème, dispositif qu’elle a présenté dans divers lieux tels que la Fondation Louis Vuitton, le Centre Pompidou, le MAMCO de Genève, le Musée du Carré d’Art de Nîmes, la Kunsthalle Mulhouse, le festival Actoral. Elle a réalisé 3 albums audio dont 2 inclus dans ses livres aux éditions de l’Attente. Elle vit actuellement en Normandie où elle élève son fils né en 2005.
/// Nina Parish, "Entretien avec Sandra Moussempès." L'Esprit Créateur 58:3 (2018), 131-134. (© 2018 L'Esprit Créateur. Reproduit avec la permission de Johns Hopkins University Press.) Cliquer ici pour voir l'article
Entretien avec Fabrice Thumerel pour LIBR-CRITIQUE 
Autofiction, traumas et féminisme - De Cassandre en Lilith : mes figures du quotidien : sur COLLATERAL

 

Bibliographie

Principales publications :

. Fréquence Mulholland, éditions MF, 2023

Cassandre à bout portant, coll. "Poésie", Flammarion, 2021 • Cinéma de l'affect (Boucles de voix-off pour film fantôme), L'Attente, 2020 • Vox Museum, album CD publié aux éditions JOU, 2019 • Colloque des télépathes (& album CD Post-Gradiva), L'Attente, 2017 • Sunny girls, coll. "Poésie", Flammarion, 2015 • Acrobaties dessinées (& CD Beauty sitcom), L'Attente, 2012 • Photogénie des ombres peintes, coll. "Poésie", Flammarion, 2009 (prix Hercule de Paris 2010) • Biographie des idylles, L'Attente, 2008 • Le seul jardin japonais à portée de vue, L'Attente, 2005 • Captures, coll. "Poésie", Flammarion, 2004 • Hors Champs, C.R.L Franche-comté, 2001 • Vestiges de fillette, coll. "Poésie", Flammarion, 1997 • Exercices d’incendie, coll. "Biennale Internationale des Poètes en Val-de-Marne", Fourbis, 1994 /// Anthologies : • Un nouveau monde, Poésies en France 1960-2010, Yves di Manno & Isabelle Garron, coll. Mille&unePages, éditions Flammarion, 2017 • Writing the real, a bilingual anthology of Contemporary french poetry by Nina Parish and Emma Warfstaff, Enitharmon Press, 2017 • Voix vives, Sète, éditions Bruno Doucey, 2011 • L’Énigme-poésie : entretiens avec 21 poètes françaises, John Stout, Rodopi, 2010 • Couleurs Femmes, éditions Castor Astral / Nouvel Athanor, 2010 • "Captures", 14 poètes, anthologie critique et poétique, Prétexte, 2005 • "Spiritus temporellement décalé" in 49 poètes, un collectif, Flammarion, 2005 • 49 poètes, un collectif, Flammarion 2004 • 14 poètes, anthologie critique et poétique, Prétexte 2004 • "Poèmes inédits", Une “action poétique” de 1950 à nos jours, Flammarion, 1998 • Poèmes extraits d’Exercices d’incendie traduits en espagnol in Poesia Francesa Contemporana 1940-1995, éditions Libros di Tierra Ferme (Argentine), 1998 • "Poèmes sélectionnés" in Une Anthologie Immédiate, Fourbis, 1996 • "Corsetées" in 29 Femmes, une Anthologie, Stock, 1995 • Une anthologie immédiate, Fourbis, 1995 /// Chapbook bilingue traduit en américain : • From : Sunny girls, Chapbook traduit par Elena Rivera at Above Ground Press, Canada, 2017 /// Traductions (de l'anglais) :Je, au delà, un essai en temps de deuil, Kristin Prevallet, (avec Françoise Valéry), L'Attente, collection W, 2008 • Red, de Kristin Prevallet, Action Poétique, 2003 • Selected poems, d'Oscar Wilde, Action Poétique, 1995


Chœurs politiques

par Frank Smith

Couverture d’ouvrage : Chœurs politiques
Fiche technique :Prix : 9,00 € EUR
ISBN : 978-2-36242-066-5
Taille : 13,00 x 19,00 cm
Pages : 80

poésie politique en action

Pour qu’enfin cesse la vaine construction et déconstruction de châteaux en Espagne qui reposent sur le sable de nos partis pris, Frank Smith nous livre un petit vade-mecum à l’usage d’une linguistique mise sur l’établi, tout près des tournevis, des marteaux et des ciseaux à bois à destination démocratique. Rédigé à l’impératif car il nous est fondamental de sortir de nos torpeurs, de nos renoncements et de nos incertitudes. (Éric Coder)

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Extrait :

— Comment, comment dans l’ordre des discours enfin prendre la parole ?

— Ne demande pas d’entrée de jeu, et ne t’explique pas, et rends-toi compte que tu n’as rien à dire, et ordonne, invente un problème avant de creuser une solution, et fabrique, oui, tes propres questions, et surtout ne pratique pas d’objections, sors de tout ça, c’est facile, et ne pense pas en termes d’histoire, le passé, le futur, c’est pas grave, et ne fais pas comme si, et ne classifie rien, et n’imite pas le chat ou le chien, et ne fais pas de châteaux en Espagne, et ne te confie à personne, on est là.

— Comment, comment être enveloppé par la parole plutôt que de la prendre ? Et comment, comment la porter, la parole, au-delà de tout possible commencement ?

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— N’imite pas, et ne te conforme pas à un modèle, et fous-toi des principes et des constructions de phrases, des rythmes et des figures, et ne pense pas aux conséquences qui s’ensuivent, et remplace un mot par un autre s’il ne te convient pas, il n’y a que des propositions fragiles et insensées pour essayer de se comprendre, alors crée des mots et des phrases, crée des mots fabuleux à condition de les défabuler, et n’attends jamais de retour spécial, et ne convoite jamais une attention de qui que ce soit, de quelque sorte que ce soit, et ne fais pas de châteaux en Espagne, et ne te confie à personne, on est là.

— Car, car ainsi une voix sans nom nous précède déjà ?

— Ne cherche pas à tout comprendre, et n’interprète rien, et ne te tiens pas dans une organisation réfléchie ni une inspiration spontanée, une orchestration ou une petite musique, mais déplace-toi dans ta parole, et bouge, remue dans le langage lui-même, et n’appartiens à aucun cercle d’aucun mouvement, et fais de ta langue une pratique étrange et étrangère, un emploi pas homogène, et affecte-toi depuis ta langue à toi, et ne fais pas de châteaux en Espagne, et ne te confie à personne, on est là.

— Veux-tu, veux-tu quelque autre chose encore que la parole ? La vie ?

— Combine la matière des choses et des éléments, et n’aie pas peur des contresens à moins qu’ils ne soient induits par des interprétations diffuses, et éloigne, refuse le pouvoir que tu pourrais avoir, mais rapproche, invente de nouvelles forces, de nouvelles armes, et sois gauche, fragile, faible, et charme, et source de vie, et sois personne, et sois personne dans personne, et sois la chance unique qui glisse en un instant, et ne découpe pas, ne probabilise pas, ne mutile pas l’imprévu, mais affirme, plutôt, affirme avec obstination, une persévération de toi, une persévération de toi dans toi, sans égal, affirme-la, et ne fais pas de châteaux en Espagne, et ne te confie à personne, on est là.

— Peux-tu, peux-tu quelque autre chose encore que ma vie ?

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Critiques :Jean-Philippe Cazier dans Diacritik a écrit:

"Chœurs politiques n’est figé dans aucun genre, il les traverse, les trouble – livre trans-genre(s) comme il est sans doute une des tâches de la littérature aujourd’hui d’en penser délibérément et activement les conditions et conséquences, et d’en écrire."

Hugues Jallon dans Charybde 27 : Le Blog a écrit:

"Étranges et magnifiques conseils à un jeune poète politique, sur le mode impératif et chanté, critique et scandé."

Jean-Paul Gavard-Perret dans Lienternaute a écrit:

"Frank Smith donne ici à ses semblables et frères (sœurs idem) remarques et conseils - même si l’impératif de chaque segment pourrait faire penser à des ordres. Le tout sous l’égide d’une injonction capitale : ne pas se conformer à un usage - soit-il prétendu bon - et fonctionner par « intersections ou croisements de trajectoires » en lieu et place d’une ligne générale propre à foncer dans les murs. Il vaut donc mieux la déroute que la route non pour dériver dans l’abîme mais s’extraire des exercices d’imbécillité que toute règle implique."

Laurent de Sutter a écrit:

Que pourrait être un poème collectif - un faire qui soit authentiquement politique ? Dans "Chœurs politiques", son nouveau livre, Frank Smith pose cette question en la *faisant* lui-même, en la fabriquant comme seuls fabriquent les poètes. Il assemble les voix d'une tragédie qui est celle du présent, mais qui ignorait encore comment parler d'elle-même comme d'un ensemble. L'exercice est vertigineux. Lisez.

Adrien Meignan dans Addict culture a écrit:

Ainsi cet ouvrage, trace d’un vécu scénique, permet de se rendre compte du déploiement du politique dans une phrase. La lecture facilite le regard critique. Elle donne à comprendre une complexité essentielle que chaque injonction projette au-delà du sens.

Fabien Ribery dans L'INTERVALLE a écrit:

“Anthologie de voix” juxtaposées, Chœurs politiques, du poète Frank Smith (éditions de L’Attente) est une sorte de théâtre neuf, un ensemble de mondes en sujets, la constitution d’un espace entre des vivants qui parlent en exposant, dans la nudité d’une relation sans hiérarchie, leurs phrases brisées, blessées, relevées.

Véronique Bergen dans ART PRESS N°450 décembre 2017 a écrit:

"Délestée de toute concession, de toute facilité, l’entreprise de Frank Smith revisite la fonction révolutionnaire du mot, de l’image au sens où leur usage inédit, leur montée à un autre régime de perception font d’eux le médium pour libérer ce qui n’a pu être dit, phrasé, filmé, joué."

Mélanie Cessiecq-Duprat dans LECTRICE a écrit:

10 – « Chœurs politiques » de Frank Smith.
Dernier jour, dernier livre. Pas facile de choisir parmi tous ceux que j’ai appréciés récemment mais celui-ci, un peu comme les « Lettres à un jeune poète » il y a presque 30 ans, m’a fait l’effet d’une bombe. Il y a des livres comme ça, qui vous tombent dessus comme si on vous réveillait en pleine nuit pour vous bombarder de phrases dont chacune produit un mini séisme et creuse en vous une faille – pas de celles qui vous plongent dans l’obscurité et les doutes, plutôt le genre à tracer des tunnels dans tous les sens (les sens physiques mais aussi ceux qui poussent l’esprit à voyager) –, des livres qui vous immergent dans des espaces aux perspectives infinies, dont on ressort avec la sensation d’une immense liberté ; celle de pouvoir regarder le monde d’en haut, comme à la sortie d’un rêve où l’on a passé les dernières heures à voler.
Jean-Philippe Cazier, dans un article pour Diacritik, dit qu’ « il pourrait s’agir d’un livre de poésie, d’un texte politique autant qu’éthique, d’un essai sur la poésie en même temps qu’un essai sur un mode de vie et de pensée encore nouveau. Le livre de Frank Smith pourrait être tout cela – et c’est effectivement ce qu’il est tout en étant autre chose. »
Pas d’identification précise quant au genre de ce texte donc, ni au sujet des personnages qui restent anonymes puisqu’ils n’ont ni âge, ni origine, ni statut définis, mais qui se trouvent rassemblés autour d’un même procédé, celui d’un dialogue entre une voix off qui pose des questions autour du discours, de la parole, et un Chœur qui affirme sans détour la notion de collectif, d’ensemble (d’être ensemble, de former un tout), pour exprimer d’une seule voix – « le murmure d’une langue collective » – des réponses formulées comme autant d’ouvertures possibles, autant de façon de voir le monde pour se libérer de ce qui nous pèse et que l'on s'impose : nos conditionnements, nos conflits intérieurs, nos obsessions, nos peurs, nos besoins d’affirmation et de reconnaissance, tout ce qui nous empêche d’être nous-mêmes et d’être à la fois personne. Car c’est peut-être là la clef ; dans cette idée qu’il nous faudrait lâcher un peu de ce nous-mêmes autour duquel on s’est construit et auquel on s’accroche souvent désespérément mais qui n’est, au fond, peut-être qu’une illusion, qu'un obstacle à ce qui nous permettrait d’accéder à un état où le tout – le tout politique, philosophique et spirituel – serait en parfait équilibre et sans mettre en danger le soi, le moi, le je…


À propos de l’auteur

Frank Smith, né en 1968, vit et travaille à Paris. Il est écrivain, poète et réalisateur, vidéaste. Il est représenté par la Galerie Analix Forever, Genève.
Il a longtemps été producteur pour France Culture où il a notamment codirigé l’Atelier de création radiophonique, de 2001 à 2011, et animé l’émission La Poésie n'est pas une solution (été 2012).
Il est par ailleurs éditeur, directeur de la collection ZagZig de livres/CD, qu’il a créée aux éditions Dis Voir en 2008, et dirige avec Antoine Dufeu la revue critique et clinique de poésie, RIP.
Il a collaboré également au journal L'Impossible de Michel Butel, à la revue Mouvement, et a animé le dispositif « Poé/tri » d’entretiens avec des poètes pour la plateforme nonfiction.fr
Depuis Guantanamo, (éd. Le Seuil, 2010) puis Gaza, d’ici-là (Al Dante), Etat de faits et Katrina (L'attente), il inaugure, à partir de documents et d’archives, une série d’« investigations poétiques » en phase avec les conflits majeurs du monde contemporain.
En 2014, aux États-Unis, la traduction de Guantanamo par la poète conceptuelle Vanessa Place, est sacrée meilleur livre de l’année par The Huffington Post : « un livre mutant, errant aux confins de Kafka, Lyotard et WC Williams » selon Avital Ronell.
A paraître : Choeurs politiques, Poème dramatique pour voix (L’attente, automne 2017).
Prochaines réalisations : Le Film de l’impossible, présenté au centre Pompidou dans le cadre du Festival Hors Pistes Production, septembre 2017, et Le Film des Indiens (Hors Pistes 2018, centre Pompidou).
En 2018, Frank Smith présentera une nouvelle exposition à la Galerie Analix Forever : Les Films du monde/68 cinétracts, pour célébrer les 50 ans de mai 1968, et participera à une exposition collective Art & Prison, à Hobart, Tasmanie, en juin (commissariat Barbara Polla).

Bibliographie

Chœurs politiques, l'Attente, 2017 • Fonctions Bartleby, bref traité d’investigations ­poétiques, Le Feu sacré, collection Les feux follets n°2, 2015 • Résolution des faits, Fidel Athelme X, 2015 • KATRINA - Isle de Jean Charles, Louisiane, l'Attente, 2015 • Surplis, Argol, 2015 • Le Film des questions, Plaine Page, 2014 • Guantanamo (tranduit par Vanessa Place, introduction by Mark Sanders, praise by Avital Ronell), Les Figues Press, Los Angeles, 2014 • États de faits, l'Attente, 2013 • Gaza, d’ici-là, Al Dante, 2013 • Guantanamo, Seuil, Collection « Fiction & Cie », 2010 • Dans Los Angeles, Le Bleu du ciel, 2009 • Le cas de le dire, Créaphis, 2007 • Je pense à toi, Les Cygnes, 2004 • Zigzag poésie. Formes et mouvements : l’effervescence, Autrement, 2001 • Poé/tri. 40 voix de poésie contemporaine, Autrement, 2001 • Je @ toi, Olbia, 2001 • Pas, photographies d’Anne-Marie Filaire, Créaphis, 1998