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Salle d’embarquement

par Jérôme Game

Couverture d’ouvrage : Salle d'embarquement
Fiche technique :Prix : 12,50 € EUR
ISBN : 978-2-36242-065-8
Taille : 13,00 x 19,00 cm
Pages : 152

Déroutage
Avec le soutien du Centre National du Livre

C’est l’histoire d’un déroutage inopiné dans les interstices de la globalisation, smartphone en main. Pour son travail, Benjamin C. parcourt la planète en avion, chaînes d’hôtels et voitures de location. Témoin en immersion, il absorbe tout ce qu’il voit. Le regard qu’il porte sur le monde d’aujourd’hui, saturé d’images, lui enseigne que le réel est affaire de recadrages comme de contrechamps. Répondre à cet appel, c’est commencer d’agir, ici et maintenant.

 

Lecture d'un extrait par l'auteur

Parution :
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Extrait :

On voit l’aile gris-sale est immense. Elle divise l’image en biais le bitume clair, le ciel bleu accablant. L’avion bouge sur le marquage au sol est jaune profond 0:49/7:53 L’enfant crie. Le vrombissement grandit, on voit les bandes de ciment le runway s’anime, ça défile, le plan s’incline tout doucement ça pousse, on décolle 1:51/7:53 L’avion pousse dans l’air est saturé de lumière. On voit le terre-plein vert au milieu des pistes rapetissent, avec les appareils amarrés en corolles aux satellites 2:02/7:53 Très vite le grillage, la zone franche et les franges de la ville se suivent 2:41/7:53 L’autoroute de bord de mer, la plage, l’écume en liseré blanc, le bleu du ciel fait vibrer l’aile shiny white grey 3:01/7:53 On voit la côte tourne un peu le réacteur assourdissant. Pas un nuage. On grimpe toujours.

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On a laissé la côte derrière 6:18/7:53 We’ve now reached an altitude where it’s safe to use appropriate electronic devices. A list of approved devices can be found in the SkyHigh Magazine in front of you. We request that you remain seated until the seatb les enfants sourient, la maman l’avion vire sur l’aile à 70 degrés.
On voit l’avion devant nous s’enfonce dans le bleu sa traînée, c’est un quadri 0:22/1:29 On zoome. On voit les tuyères foncées, les panaches blancs s’épanouissent dans le bleu cadré du pare-brise à l’avant 0:51/1:29 On entend les pilotes, le bruit du cockpit et les écrans.

On voit le winglet à l’extrémité de l’aile resplendit sur le bitume beige. Il fait super beau. Le vert du gazon, l’aileron bleu scintillent 0:57/2:12 L’avion bouge dans le gris, le bleu du ciel, à ras de marquage jaune.

L’aile gauche s’allonge en biais sur la flaque renvoie le soleil dans les nuages 0:13/3:28 La piste est sombre. On voit des gouttes de pluie sur le hublot et le terre-plein trempé 1:39/3:28 On commence à rouler.

On voit le ciel de plomb, les lacets gris, les nœuds de la deux-fois-trois voies et les buildings 1:01/4:56 On voit les entrepôts dans les beiges en bas, les usines 2:08/4:56 On voit les trains de marchandises à l’arrêt on atterrit 2:25/4:56 L’enceinte de clôture, l’épais marquage blanc sur le gris, l’inversion de poussée 3:51/4:56 On est au parking.

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Critiques :Emmanuèl Jawad dans DIACRITIK a écrit:

Salle d’embarquement, de Jérôme Game, s’apparente à un récit dans lequel son personnage – dans des moments de modification et de recomposition de ses perceptions – ne cesse d’observer à travers ses déplacements en photographiant avec un téléphone portable.

Mathias Kusnierz dans En attendant Nadeau a écrit:

Il est donc beaucoup question de sensations dans Salle d’embarquement, qu’elles soient visuelles et optiques, auditives ou tactiles. Si les poètes de la génération de Jérôme Game entretiennent souvent un rapport critique aux images, allant jusqu’à les mettre à mort, l’auteur serait plutôt ici celui qui les ressuscite après avoir pris acte du pictorial turn du monde contemporain.

Claro dans Le Monde des Livres (13/10/2017) a écrit:

Stade du terminal

QUAND C’EST GLOBAL, c’est global. Et à force d’être partout, le monde vomit du nulle part. Le monde est absent, omniprésent mais vide, comme un écran diffusant exclusivement d’autres écrans, où ne défilent plus en bandeau que des informations sur la santé de l’écran. Décrire n’est plus situer. Dire devient répéter. On se déplace, à moins que ce soit le décor qui bouge, tourne, nous contourne. Mais la vie n’est pas un manège, oh non, surtout quand les forains ont désormais le sourire un peu trop cravaté des jongleurs de capitaux et autres orpailleurs de multinationales. La planète étant devenue un carrefour nomade, quoi de plus symboliquement concret qu’un terminal d’aéroport ? Destination ? Oh, à quoi bon la destination puisqu’on est définitivement désorienté. Pire, vu que l’Orient, on l’a perdu depuis Byzance. Non, désormais, on est «désoccidenté». Ça sonne comme une maladie, et ça l’est. C’est ce qui se passe pour le personnage et le lecteur de Salle d’embarquement, le nouveau texte de Jérôme Game, où l’on se pose souvent la question: «Mais où est-ce qu’on est, là ?», «Mais où est-ce qu’on est exactement ?», «Qu’est-ce qu’on voit exactement ?». Bon, remettons les boussoles à zéro et embarquons. Benjamin C’est un cadre au carré qui tourne en rond, il sillonne notre monde en froide jachère afin de régler les petits détails du grand tout pour le compte de divers holdings, et doit s’occuper, entre autres, dans la grande banlieue d’Istanbul, de «la négociation du parking souterrain avec le centre commercial adjacent», à la suite de la mise en chantier d’un hypermarché juste à côté. Il se rend aussi à Tokyo, à Taipei, à Hongkong. Le suivre dans ses démarches – puisque tout n’est plus que démarche, puisqu’on ne marche plus, mais qu’on se déplace, sans cesse véhiculé d’un point à un autre sur la carte d’un non territoire –, c’est, dans le vertigineux Salle d’embarquement, traverser des espaces désincarnés et interchangeables. Tout commence par un terminal, et rien que ça, sémantiquement parlant, ça en dit long. Allez, on décolle. Chez Jérôme Game, gestes et pensées s’enchaînent comme si on les faisait défiler avec le pouce, c’est la smart life: «Le verre en plastique transparent scintille, les fauteuils en laine foncée, la coque blanc cassé de la cabine est moulée. Un gin tonic s’il vous plaît unm…Merci. [Le] sourire [de l’hôtesse de l’air] avance dans la travée se déhanche. Lentement, la tache rouge blond au foulard vert, au nez fin glisse sur fond blanc. Benjamin sent le vent pousser l’avion laisse pisser. Le vent pousse. L’avion bouge. Il laisse. Du calme. Plus de lecture. Un autre verre.» Le monde se pixélise, l’œil devient préhensile – le verbe, lui, tabule. Le récit minimaliste et précis de Jérôme Game est soigneusement rythmé par des listes, des énumérations, qui disent à la fois le global, l’exhaustif et le vain. Liste des destinations avec état des vols, liste des services, consignes, boutiques, indications qu’on trouve dans un aéroport, listes des journaux qu’on peut feuilleter, liste des chaînes de télé qu’on peut regarder dans les hôtels du monde entier (liste des hôtels, donc), noms des aéroports, des compagnies aériennes, liste des produits transportés par conteneur… Des pages billboard, des mantras signalétiques qui se lisent sans se lire, puisque le monde, justement, ne se lit plus: la conscience se contente d’une capture d’écran. Plus de lecture. Un autre verre. Sécurit.
Heureusement, parfois, une fêlure apparaît à la surface de la surface. Benjamin, ouf, déconne. «Une imperceptible distance alors, qui s’insinuerait entre lui et ce qu’il fait, sans qu’il en soit forcément conscient d’ailleurs, et qui le rendrait plus contemplatif qu’à l’ordinaire?» Mais avant de contempler, Benjamin se soûle. A une soirée au consulat, il réclame un pan-bagnat, ce qui n’est jamais bon signe (pour le capital), mais plutôt réjouissant (pour l’humain). Une autre forme de désorientation commence. Définition impeccable de l’ivresse: «Il descend l’escalier. Y a pas d’escalier.» Et puis on est à Tokyo, une ville qui existe avant tout dans les guides et sur YouTube, on ne voit pas, on visionne, «c’est foncé, ça zoome on dirait, ça grossit. C’est la surface de l’eau qui s’éclaircit, on a traversé les nuages. Ça se rapproche. C’est marron bleu foncé, violet. On voit Tokyo Bay, Minato, Shibuya, Shinjuku. On voit Toshima, Taito, Kita, le Rainbow Bridge et Arakawa».
On, ça, c’est : mais où est Benjamin ? Où est-ce qu’on est, là ? Hongkong ? Possible. Et voilà qu’on se force de voir sans voir, notre cadre se découvre un désir de cadrer, un besoin de réapprendre à voir, comme s’il «était déjà à l’intérieur des images, et qu’il lui fallait témoigner de cela». C’est parti, le récit bascule, on passe en mode «photographie narrative», des carrés de texte saisissent l’instant, non plus écrans mais fenêtres, découpes plutôt qu’encarts, «le réel est là on dirait». Jérôme Game a pris soin de placer – de cadrer – une phrase de Godard en exergue de son livre: «Champ. Contrechamp. Imaginaire, certitude. Réel, incertitude.» On comprend mieux. Qu’est-ce qu’onvoit exactement ? Juste un texte ? Non. Un texte juste.

Alain Nicolas dans L'Humanité a écrit:

D’une salle d’embarquement à l’autre, traversé par ce que lui dit le réel, un homme tourne en rond. Le poète Jérôme Game révèle malicieusement par l’image les failles du roman.

Solène de Bure dans Beaux-arts Magazine, avril 2018 a écrit:

Littérature embarquée

Dans son nouvel ouvrage qu'il définit comme un récit-poésie, l'écrivain Jérôme Game se joue de la littérature pour en proposer une forme hybride originale et déroutante. Le lecteur suit au fil des pages Benjamin C., cadre de la grande distribution, qui parcourt le monde pour son travail, entre aéroports, chaînes d'hôtel et voitures de location. Il absorbe tout ce qu'il voit comme autant de photos prises de son téléphone portable, ce qui donne lieu à un texte foisonnant mais minimaliste, ciselé, scandé, fait d'énumérations de listes en tout genre de destinations, détails des vols, boutiques, journaux, compagnies aériennes...
De ces mots naissent alors des paysages urbains qui disent le monde globalisé. Une sorte de défilé d'images monté à la Godard que Jérôme Game a d'ailleurs pris soin de citer en exergue.

Luigi Magno dans ArtPress N°452 a écrit:

Salle d'embarquement est le dernier exemple en date du Morphing processuel que nourrit presque l'ensemble du travail de Jérôme Game. Ce qui apparaît d'abord comme un récit aux allures non linéaires (les aventures de Benjamin C., un cadre qui sillonne le monde) cumule une multiplicité de modes narratifs qui déclenchent des déplacements de lecture ainsi que des redistributions de l'attention catégorielle.

Manou Farine dans FRANCE CULTURE a écrit:

Voici un podcast d'un entretien radiophonique autour de "Salle d'embarquement".

fabbahia dans BABELIO a écrit:

Entre roman et poésie, entre 'liste à la Prévert' et description imagée - sans parler de la mise en page! - ce livre ne peut pas laisser insensible. Ce livre ne se lit pas, il se ressent.


À propos de l’auteur

Jérôme Game est un poète et écrivain français auteur d’une quinzaine d’ouvrages (recueils, essais, roman), de plusieurs CD (de poésie sonore), d’un DVD (de vidéopoèmes), et d’installations (visuelles et sonores). Il lit souvent ses textes en public en France comme à l’étranger, et collabore avec des artistes lors de performances à plusieurs (avec la musicienne électronique Chloé, le metteur-en-scène Cyril Teste, le chorégraphe David Wampach, et le compositeur Olivier Lamarche notamment). Correspondances entre pratiques, questionnements transfrontaliers, dispositifs partagés : c’est dans ces écarts que son écriture explore la consistance des corps, des images, évènements et récits, collectifs ou individuels, via celle des signes et leurs grammaires. Publiés dans de nombreuses revues, ses textes ont été traduits en plusieurs langues (anglais, chinois, italien, japonais notamment) et fait l’objet d’adaptations plastiques et scéniques (dernièrement L.A., par François Sabourin, à la MéCA de Bordeaux en 2020 ; Ovni(s), pièce à l’écriture de laquelle il a contribué pour le collectif ildi!eldi au Festival d’Avignon 2018 ; et Frontières/Borders, exposition à Anima Ludens, à Bruxelles, en 2017). Il vit à Paris et enseigne à la Haute École des Arts du Rhin.
Nominé du Prix littéraire Bernard Heidsieck – Centre Pompidou 2020.

Bibliographie

Album photo, coll. Propos poche, L'Attente, 2020 • Flip-Book & other image-poems (traduction anglaise de Barbara Beck), Barque Press (Londres), 2018 • Salle d’embarquement, coll. Ré/velles, L’Attente, 2017 • Développements, Manucius, 2015 • DQ/HK (livre + 2 CD), L'Attente, 2013 • La fille du Far West, avec Jean-Luc Verna, Fiction n° 12, Musée d'art contemporain du Val-de-Marne, 2012 • Sous influence : ce que l'art contemporain fait à la littérature, Chroniques muséales n° 5, Musée d'art contemporain du Val-de-Marne, 2012 • Poetic Becomings. Studies in contemporary French literature, Peter Lang, 2011 • Ça tire suivi de Ceci n'est pas une liste (livre + CD), Al Dante, 2008 • Flip-Book (livre + CD), L'Attente, 2007 • Sans palmes et sans tuba, Contrat maint, 2007 • Ceci n'est pas une légende ipe pe ce, DVD de vidéo-poèmes, collection "Le Point sur le i", Incidence, Marseille, 2007 • Ceci n'est pas une liste, Little Single, 2005 • Écrire à même les choses, ou, Inventaire/Invention, 2004 • Tout un travail, Fidel Anthelme X, 2003 • Corpse&Cinéma, CCCP Press, 2002 • Polyèdre suivi de La Tête bande, Voix, 2001 • Tension, Fischbacher, 2000


Au centuple

par Jérôme Lafargue

Cent balles au bond

Se fixant comme contrainte d’écrire cent textes constitués de cent mots chacun, l’auteur nous promène dans une dimension qui côtoie la fiction, l’histoire littéraire, la politique, le burlesque ou l’intime. Chaque paragraphe est autonome, étonne et percute par sa justesse, par sa finesse. L’ensemble se tient en un corps kaleïdoscopique à la fois poétique et réflexif sur notre société, non dénué d’une certaine touche comique.

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Extrait :

Au centuple #10

Chasseur de jeans. Voilà une activité originale. Et lucrative : aux enchères, ces Denim qui ont pris la poussière pendant plus d’un siècle peuvent atteindre de belles sommes. Chaque année, les mines d’or désaffectées de l’Ouest américain sont explorées par des collectionneurs ou des petits malins. Au bout de leurs lampes frontales, des paires de pantalons encore accrochées à leurs patères, ou dépassant d’un éboulis. Qui sait, les anciens propriétaires sont peut-être ensevelis à quelques mètres de là.
Quelques fureteurs moins aventureux s’en tiennent aux usines de traitement de l’or ou aux villages fantômes. C’est plus reposant et moins salissant.

*

Au centuple #16

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Dès que Horace Stumpead (1972-2012) lut ce passage de Paul Auster dans La Nuit de l’oracle («  La table d’un écrivain est un lieu sacré, le sanctuaire le plus privé qui soit au monde, et on n’a pas le droit de s’en approcher sans permission »), il empila autour de son bureau des sacs de sable, puis s’arma d’un lance-pierres et d’une sarbacane. On l’entendait de temps à autre pousser des hurlements, destinés à effrayer les rares téméraires qui se risquèrent à le raisonner. Il mourut dix jours après de privation de sommeil, sans avoir pu terminer le moindre livre.

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Critiques :Marianne dans Charybde27: Le blog a écrit:

Déclaration d’amour à la littérature et à tout ce dont elle est capable, ces exercices de style d’un écrivain à l’imagination sans limites, qui ne se prend pas toujours très au sérieux mais prend toujours la littérature très au sérieux...

Philippe Annocque dans Hublots a écrit:

Toutes les cent histoires (lesquelles n'en sont pas toujours au sens strict du terme – mais certes tout n'est-il pas qu'histoires ?) composant ce huitième livre de Jérôme Lafargue qui, pour tout récemment paru (aux éditions de l'Attente) qu'il soit, n'est déjà plus le dernier (et cela nous rassure, vous allez comprendre pourquoi), comptent cent mots, ni plus ni moins. Aussi m'en faudra-t-il exactement le même nombre pour composer ce billet, lequel selon mon habitude ne parle pas du livre lui-même, mais informe son auteur imprudent que le voici condamné, pour une parfaite cohérence, à en publier encore quatre-vingt-douze autres.

Olivier Quelier dans GRANDEURSRVITUDE a écrit:

La cohérence du recueil de Jérôme Lafargue relève du paradoxe : la diversité et la légèreté (légèreté, vraiment ?) des thématiques, tenues par une récurrence des techniques, confèrent à l’ensemble une profondeur qui donne à voir l’auteur face au monde. Rien de pompeux ni de vertigineux ici. Juste un regard empathique et facétieux qui va chercher tantôt du côté des Nouvelles en trois lignes de Fénéon, tantôt dans les écrits de Desproges et Vialatte. On est dans la fable parfois, dans l’anecdote improbable et drolatique souvent ; entre les deux surgissent l’actualité, toujours durement présente, et quelques exercices de style.

Alain Nicolas dans L'HUMANITE a écrit:

Ses fables express parlent du monde, de la vie, croquent des situations tendres ou tristes


À propos de l’auteur

Jérôme Lafargue est né en 1968 dans les Landes. Chercheur en sociologie, surfeur, auteur d’œuvres de fiction et de poésie, il a notamment publié L’Ami Butler, (Quidam 2007), Dans les ombres sylvestres, (Quidam, 2009), L’année de l’hippocampe, (Quidam, 2011) et En territoire Auriaba, (Quidam, 2015). Un souffle sauvage (éditions du Sonneur, 2017).

Bibliographie

Le temps est à l'orage, Quidam, 2019 • Un souffle sauvage, éditions du Sonneur, 2017 • Au centuple, L’Attente, 2017 • En territoire Auriaba, Quidam, 2015 • Nage entre deux eaux, L’Atelier in8, 2011 • L’Année de l’hippocampe, Quidam, 2011 • L’Effacement des potences, Wigwam, 2009 • Dans les ombres sylvestres, Quidam, 2009 • Les Venues, L’Atelier in8, 2007 • L’Ami Butler, Quidam, 2007


Décor Daguerre

par Anne Savelli

Autobiographie d’un décor parisien

Suivre une femme qui crée et se déplace, explorer la notion de décor, de mouvement et d’immobilité... Ce livre n’est ni un journal, ni un essai sur un film ou un souvenir d’enfance. Découpé en 75 parties, il a subi l’influence des arbres et des rues. Parfois il marche droit, comme à longer la rue Daguerre sans faire le tour des boutiques. Parfois il bifurque, saute de branche en branche. Le documentaire Daguerréotypes d’Agnès Varda, sa carrière, les films de Jacques Demy, le Paris des années 70 et celui d’aujourd’hui, constituent les arrière-plans de cette réflexion poétique.

 

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Quelle idée de prendre pour décor une boutique, pièce fermée dont on ne peut sortir sous peine de rater le client (collectionner dès à présent les petits mots de fermeture, excuses, retards, numéros de portable laissés en cas d’urgence sur la porte d’entrée), la vitre faisant mur mieux que le mur lui-même, vitre derrière laquelle l’homme ou la femme du magasin sont comme vissés dans le cadre et un jour peut-être leur donnera-t-on le droit de se rendre dans l’arrière-boutique, dans l’arrière-cour, à l’arrière-plan
de se cacher sous le comptoir
d’ouvrir une trappe
de révolutionner les rayons
vitre tu vois qui commence à m’empêcher de faire des phrases correctes, j’en perds le souffle et la respiration
j’ai besoin du retour à la ligne, du saut, de l’ellipse, que se passe-t-il ?
(ce serait une peur soudaine d’écrire en cage ? un travail sur l’enfermement ?)

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Que se passe-t-il en attendant de devenir plus transparent encore que la vitre, la berner, la tromper et passer au travers ? À se croire commerçant, ou du moins immobile, à regarder autour dans cette boutique-boîte du numéro 3 de la rue (qu’on invente, qui n’est peut-être que le carnet lui-même mais dont semblerait-il les parois se rapprochent dès que survient cette impossibilité de sortir), quelques questions, d’entrée de jeu, se posent.

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Critiques :Christine Marcandier dans DIACRITIK a écrit:

L’écriture d’Anne Savelli est ce tremblement qui remue, profondément, la surface des choses, la trouble pour mieux la révéler. L’écriture un bain, comme le révélateur des photographies argentiques, une chambre claire. Écrire revient à donner à voir, autrement. A dire les angles et aspérités qui composent la linéarité apparente.

Hughes, libraire dans Charybde 27 : le blog a écrit:

Mobilisant des registres imaginaires disjoints dont elle étudie les réactions chimiques possibles, Anne Savelli excelle ici à construire une poésie analytique puissante, exigeante, qui laisse pourtant sourdre en permanence la suggestion d’une magie des lieux et des êtres, que la grisaille qui pèse si terriblement sur eux, dans les faits, n’atteint peut-être pas – et c’est bien à l’écriture de provoquer encore ce miracle-là.

Joachim Séné dans Remue.net a écrit:

Dans Décor Daguerre il y a des ramifications qui viennent pousser aux extrémités de chaque idée lancée partant de l’année 75, d’Agnès Varda, du cinéma en général, de la photographie, de Paris,… Il s’agit de suivre naturellement le flux d’une pensée et de tous les possibles qui peuvent naître à chaque instant, en chaque lieu. C’est cette façon de ramifier, ce vertige des possibles, c’est par cette forme mouvante que naît une inquiétante étrangeté à la lecture de ce livre, expression qui sert à Freud pour évoquer la "terreur et la sidération devant certains récits". Il s’agit ici principalement de la forme car, si Décor Daguerre se laisse porter par les jeux entre passé(s) et présent(s) d’écriture, la filmographie de Varda, le cinéma (“Insensiblement, à longer la rue, d’autres films s’invitent, on le voit”, DD, #37), la photographie, l’enfance…, le texte n’oublie jamais combien toute structure qui peut nous porter est aussi une plaque tectonique en glissement permanent et imperceptible et qu’il peut se passer quelque chose de définitif à tout moment, s’il s’agit d’eau qui coule paisiblement, alors parlons de crue soudaine.

Dan29000 dans Le blog de Danactu-résistance a écrit:

Lâcher prise et se laisser porter, envahir par Décor Daguerre, un nouveau beau moment de littérature que nous offre Anne Savelli.

Manou Farine dans FRANCE CULTURE a écrit:

Ecoutez Anne Savelli sur France culture


À propos de l’auteur

Anne Savelli est née en 1967 à Paris, où elle vit toujours.
Elle a notamment publié Franck, (Stock, 2010), Décor Lafayette, (Inculte, 2013) et Île ronde – déchirure / tempête, variation pour Dita Kepler (éditions Joca Seria, 2014).
Elle fait partie du collectif L'air Nu

Bibliographie

Saint-Germain-en-Laye, L’Attente, collection "Ré/velles", 2017 • À même la peau, Publie.net, 2017 • Décor Daguerre, L’Attente, collection "Alimage", 2017 • Anamarseilles, variation pour Dita Kepler, livre numérique, La Marelle, 2015 • Île ronde - déchirure / tempête, variation pour Dita Kepler, avec Joachim Séné, Mathilde Roux et Arnaud de la Cotte, Joca Seria, 2014 • Laisse venir, livre numérique, avec Pierre Ménard, La Marelle, 2014 • Dita Kepler, journal du silence, journal de la lutte, texte codé, animé par Joachim Séné, avec participation de Pierre Ménard, Remue.net, 2013 • Décor Lafayette, Inculte, 2013 • Autour de Franck, avec Thierry Beinstingel, Publie.net, 2011 • Des Oloé, espaces élastiques où lire où écrire, D-Fiction, 2011 • Franck, Stock, collection "La Forêt", 2010 • Cowboy Junkies, The Trinity Session, Le Mot et le reste, collection "Solo", 2008 • Fenêtres, Open space, Le Mot et le reste, collection "Écrits", 2007.


Ce livre

par Guy Bennett

Autoguide poétique

Ce livre détaille les clés théoriques et techniques de la matière textuelle qui le constitue. Il engage un processus littéraire presque entièrement axé sur lui-même.
Sorte d’autoguide poétique, il n’est pas sans rapport avec Poèmes évidents (du même auteur, paru en 2015).

 

Lecture d'un extrait par l'auteur

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Extrait :

*Dans une époque de littérature post-littéraire et d’édition post-matérielle, un écrit premier n’est plus la condition préalable à sa lecture seconde. Nous pouvons nous dispenser du poème et nous rendre directement à son commentaire ou, mieux encore, concevoir un commentaire qui soit son propre poème, une explication son propre texte, un appareil critique son propre objet littéraire.*

(…)

*Bien, mais où cela mène-t-il le lecteur qui cherche à en découdre avec le présent ouvrage ? Comment peut-il tirer de celui-ci un sens qu’il convertira éventuellement en signification pratique, ne fût-ce qu’une invitation à une réflexion plus poussée ? Pareilles questions nous renvoient à celles posées dans les parties II et III, ce qui est déjà le début d’une réponse : cela mène le lecteur au cœur même de l’œuvre, le seul lieu à partir duquel tracer un chemin possible vers son sens.*

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Critiques :Olivier Quelier dans GRANDEURSRVITUDE a écrit:

Ça a l’air compliqué, comme ça, d’aborder, Ce livre

mais ce n’est pas le cas.

Il est même assez jubilatoire, Ce livre

j’allais dire jouissif.

C’est sans doute parce qu’il contient, Ce livre

une bonne dose d’humour et de dérision

Éric Chevillard dans Le Monde des livres a écrit:

(…) Nous assistons en direct à la « fabrique du texte », pour reprendre les mots de Francis Ponge. [Ce livre] n’est rien d’autre que le récit conscient de ce qui advient au moment où il s’écrit. Sont décrites par le menu ses conditions d’élaboration et de production, ce qui se joue là, et cette description constitue le livre même.

Or il ne s’agit pas d’un petit exercice conceptuel sec et stérile. Il y a de la volupté dans cette expérience de conscience. L’acte d’écrire n’y est pas subordonné à d’autres fins que lui-même. Il rejoint en cela les autres plaisirs sensibles. Ce livre semble relever de la génétique textuelle, science qui s’attache à comprendre comment travaille un écrivain par l’étude de ses manuscrits, des états et versions successifs de ses textes. Mais l’originalité de Guy Bennett, outre le fait qu’il détaille son propre travail, tient à cette attention simultanée au texte et à ses modes de surgissement... (…)

Claro dans Le Clavier Cannibale a écrit:

Imaginez un livre qui n'ait d'autre sujet que lui-même. J'ai essayé d'en écrire un obéissant à cette contrainte, et c'était aussi vertigineux qu'alambiqué, aussi ai-je vite arrêté… Le fait est qu'il y a quelque chose d'autophagique dans l'entreprise, presque d'inquiétant, et sans doute fallait-il un poète comme Guy Bennett pour relever le défi et s'en acquitter de façon à la fois subtile et attrayante, sans tomber dans la peinture de vanité.

Vous pouvez donc lire Ce livre de Guy Bennett sans crainte de vous abîmer dans un tord-méninge tirebouchonné: l'exercice auto-réflexif auquel s'est adonné l'auteur de Poèmes évidents (dont j'ai causé ici) est un petit miracle de clarté et d'intelligence. Non seulement Bennet dit ce qu'il fait et fait ce qu'il dit, mais en plus il nous rend complice de son gai savoir-faire. (…)

Hervé Laurent dans CCP#34-3 a écrit:

Une pensée retorse, donc (plus qu’il n’y paraît) est à l’œuvre dans Ce livre, servie, enrichie, par l’intelligente élégance du traducteur et le soin attentif et sans faille de la typographe.

Christian Rosset dans DIACRITIK a écrit:

Ce livre qui “détaille les clés théoriques et techniques de la matière textuelle qui le constitue, engageant un processus littéraire presque entièrement axé sur lui-même” (note de l’éditeur).


À propos de l’auteur

Guy Bennett est écrivain et traducteur. Il vit à Los Angeles, où il enseigne à Otis College of Art and Design. Remerciements est son quatrième livre traduit et publié en France.
Bibliographie (en français)
Remerciements, traduit de l'américain par Frank Smith et l'auteur, l'Attente, 2021
Œuvres presque accomplies
, traduit de l'américain par Frédéric Forte & l'auteur, l'Attente, 2018
Ce livre, traduit de l'américain par Frédéric Forte & l'auteur, l'Attente, 2017
Poèmes évidents
, traduit de l'américain par Frédéric Forte & l'auteur, l'Attente, 2015


Laissez-passer

par Juliette Mézenc

Circulations détournées

Des je hétéroclites et variables passent des frontières, géopolitiques, psychiques, sensibles, empruntent des voies détournées, arpentent les territoires de la fiction, du vivant et du cosmos… Au centre, un naufrage de migrants déclenche une succession de textes étroitement liés par ces histoires de frontière et de circulation. Les points d’ancrage entre jeu vidéo et réalité ouvrent le procès des limites de ce monde en dérive.

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Extrait :

Et d'ailleurs je monte je respire déjà mieux, je descends la fermeture éclair de ma combinaison pour respirer à pleins poumons le bon air de la montagne, l'air pur et léger et légendaire qui déjà m'emplit tandis que je monte, aspirée par le regard bleu de Rimbaud, ce bleu qui s'étend et déborde son visage
un peu comme du lait
lait sur le feu
feu Rimbaud
haut là-haut
Rimbaud m'attend, sur la piste noire, et je lui souris
J'entends Ils sont comme des poissons, tiens, ils me glissent des mains, j'entends celle-ci je la tiens, j'atterris dur et zip plus de regard bleu, un bruit de plastique et la fermeture éclair se referme sur moi
Tous les matins en me réveillant je serai heureuse et je chanterai, je sortirai et je chanterai, je ne ferai plus jamais profil bas, je marcherai et je chanterai en regardant les gens droit dans les yeux
Ça s'ouvre à nouveau, j'entends Qu'est-ce qui t'a pris de la foutre là-de

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ans, elle est vivante

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Critiques :Jean-Philippe Cazier dans Diacritik a écrit:

Juliette Mézenc : Traverser les frontières (Entretien)

Juliette Mézenc construit ses livres autour de thèmes et de questionnements récurrents que l’on retrouve, repris et déplacés, portés ailleurs, dans Laissez-passer, qui vient de paraître. Rencontre et entretien avec l’auteur autour des thèmes de la rencontre, de la frontière, de la migration, du temps, de l’identité et de la multiplicité, du genre, du politique, de la lecture – et bien sûr de l’écriture.

• Est-ce que tu lisais lorsque tu étais enfant ?

Je ne voyais personne lire autour de moi. Mes parents lisaient des revues mais pas des livres. Quand je lisais, ma grand-mère me disait : « tu vas t’user les yeux ! ». C’est tard que j’ai rencontré des gens pour qui la littérature était une chose importante. (…)

Éric Darsan dans Addict'o'Culture a écrit:

Écho. Écho. Écho aux maux des désormais dits migrants passés et à venir – des dizaines de milliers à présent – morts et vivants. Écho au silence de ceux qui, indolents, paraissent parfois les deux. Sans colère ni jugement, faire la part des mots et des choses, le bilan.

Examen de conscience sans direction aucune, entre cénesthésie et lacune. S’interroger, observer, constater, s’appliquer à. Être et savoir. Mesurer l’étendue, chercher une issue, dans la menace poétique et politique décousue introduite clandestinement sous le couvert du Laissez-passer de Juliette Mézenc, recueil géopsychocorpographique, entre-je(ux) de casse-briques et de mail(les) (…)

Claude Favre dans CCP a écrit:

& comment commencer à lire sans être touché au contact d’un ailleurs que soi par ce corps bigarré1 de textes – question de peau, de frontière, d’amour et de mort d’un être plus que proche, de sensations de glissement, de rêves & cette fiction de réalités – du document à l’observation, l’expérience… jusqu’à la nage-corps perméable, l’apnée, le vertige (happée, noyée2), le franchissement, la dérive... en passant (trois petits tours et puis s’en vont) par le jeu vidéo (…)


À propos de l’auteur

Juliette Mézenc a grandi dans les montagnes de l’Ardèche, elle vit et écrit dans les Cévennes. Elle travaille régulièrement avec d’autres écrivains et artistes, en particulier Stéphane Gantelet et Cécile Portier. Ses terrains de jeu : l’écriture « entre les genres », la fiction transmédia, la performance et le vidéopoème. Juliette Mézenc mène également de nombreux ateliers d’écriture auprès de publics très variés.
Lire un entretien avec l'autrice

Bibliographie

Cahiers de Bassoléa, L'Attente, 2022 • Journal du brise-lames, Publie.net, 2020 • Des espèces de dissolution, L'Attente, 2019 Laissez-passer, L’Attente, 2016 • Tu écris dans ta tête, in Une chambre à écrire, livre collectif, L’Ire des Marges, 2016Elles en chambre, L’Attente, 2014 • Poreuse, roman, Publie.net, 2012, 2018 • Sujets Sensibles, Publie.net, 2009